DazibaO, regard dans le rétro sur la politique orléanaise de 2004 à 2013

DazibaO : Billets de blog d’Orléans et d’ailleurs, le titre de cet ouvrage un peu énigmatique est signé Pascal Martineau. Le militant socialiste a rassemblé les textes écrits au fil de ses réflexions entre 2004 et 2013 afin de laisser une trace. Il a accordé une interview exclusive à Magcentre.

Propos recueillis par Sophie Deschamps.

Comme l’explique la quatrième de couverture du livre de l’écrivain public Pascal Martineau, le dazibao signifiant “journal à grands caractères” est « en Chine une affiche rédigée par un simple citoyen, traitant d’un sujet politique et moral et placardée pour être lue par le public (source Wikipédia) ».

Le militant socialiste chrétien nous invite ainsi à jeter un œil en arrière sur la politique orléanaise, nationale et internationale entre 2004 et 2013. Une période marquée notamment par l’élection en 2001 de Serge Grouard à la mairie d’Orléans. Puis en 2007 par celle de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République. 

S.D : Pascal Martineau, comment vous est venue l’idée de créer un blog en 2004 ?

En 2004, j’étais conseiller municipal socialiste d’opposition à la mairie d’Orléans. Mais je trouvais que le temps de parole de l’opposition était très limité et peu entendu. Et comme les blogs politiques se développaient à cette époque, j’ai décidé d’en créer un. C’était donc pour moi l’occasion de faire partager publiquement mes engagements, mes opinions et mes critiques vis-à-vis de la politique orléanaise et un peu plus loin. C’était aussi une manière de m’inscrire dans le débat démocratique face à d’autres blogs qui eux penchaient à droite.

Un blog que j’ai arrêté en 2013 parce que je n’étais plus conseiller municipal depuis 2008. C’est aussi l’année où j’ai levé le pied par rapport à mon engagement socialiste même si je reste un militant de base.

Comment cette relecture de ces années 2004 à 2013 peut nous éclairer sur la situation politique actuelle ? Mais aussi en tant que chrétien sur l’attitude de l’Église ?

Même si je ne suis pas le seul, je suis fier d’avoir à cette époque pris des positions en faveur de l’environnement. Et au vu de la situation actuelle, nous avons eu raison d’alerter même si nous n’avons guère été écoutés. 

Concernant l’attitude de l’Église on ne peut pas dire que cela se soit arrangé avec l’affaire Bétharram ou les exactions de l’Abbé Pierre. Le pire c’est qu’il y aura d’autres révélations c’est sûr. Donc aujourd’hui je reste chrétien dans une relation très intime et personnelle avec Dieu mais l’Église non, c’est devenu insupportable pour moi.

C’est la raison pour laquelle vous avez tenu à faire figurer la cathédrale sur votre couverture, aux côtés du tramway ainsi que trois figures essentielles à vos yeux : Simone Veil, Jean Zay et Jean Jaurès ?

Oui Jean Jaurès incarne à mes yeux le socialisme auquel j’adhère depuis trente ans. À la fois révolutionnaire dans ses idéaux et réformiste dans sa méthode. Tout simplement parce que l’on ne fait pas le bonheur des gens contre eux mais avec eux. 

Simone Veil parce que je suis admiratif de ses engagements notamment auprès des femmes mais aussi et c’est moins connu, son combat pour améliorer la condition des détenus. 

Et Jean Zay bien sûr parce que c’est une grande figure orléanaise. Et qu’il a fait avancer la société en quelques mois durant le Front populaire, comme peu ont été capables de le faire ! Quand on voit l’immobilisme de nos politiques d’aujourd’hui, quel courage ils avaient ces gars-là !

Il y a aussi votre combat en faveur de la cause LGBT ?

J’en parle un peu parce que je suis concerné. Je me suis pacsé en 2011 et marié en 2020. Pour moi ces luttes-là sont dans la lignée des combats féministes de la gauche. Parce que derrière cela, il y a l’enjeu de l’égalité de tous les êtres humains. Je n’ai pas une tendresse particulière pour François Hollande mais au moins il a fait le mariage pour tous durant son mandat grâce à Christiane Taubira qui était alors ministre de la Justice.

Vous avez des propos très durs vis-à-vis de la droite conservatrice qui selon vous veut remettre en cause jusqu’aux acquis de la Révolution Française. Vous pouvez développer ?

P.M : Oui, on le constate malheureusement aujourd’hui avec la remise en cause du droit du sol prônée par Bruno Retailleau. C’est pourquoi j’ai dénoncé en leur temps les positions très dures de Nicolas Sarkozy et de Florent Montillot (maire adjoint à Orléans, chargé de la Sécurité puis de la Tranquillité Publique toujours en poste, NDLR) que je surnomme dans mon livre “Sarkotillot”. Ces personnes défendent la même idéologie basée sur la méfiance. Or, moi je crois en la bienveillance. C’est la condition essentielle du bien vivre ensemble.

Bien sûr, certains font des reproches à Jean-Pierre Sueur (dont Pascal Martineau a été le collaborateur parlementaire) mais la grande différence entre des personnes comme lui et des gens comme Serge Grouard ou Nicolas Sarkozy c’est que certains ont de la culture, et il y en a aussi à droite et d’autres qui n’en ont pas. Et ça fait toute la différence. 

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