La langue des signes pour témoigner de la déportation

Dans le cadre des mardis du CERCIL, deux comédiens de la Compagnie Rêve Brut présentaient ce mardi 25 février des textes de Marguerite Duras (La Douleur) et Robert Antelme (L’Espèce humaine) en lecture croisée français et langue des signes. Un témoignage fort proposé par le CERCIL en partenariat avec le CDN Orléans.

Annaïg Lefeuvre, directrice du Cercil (à G) présente le projet avec Célia Darnoux, interprète LSF. Photo AC Chapuis



Par Anne-Cécile Chapuis.


Annaïg Lefeuvre, directrice du CERCIL présente le projet : témoigner des atrocités de la déportation à travers le vécu de Robert Antelme, poète et écrivain, et l’attente subie par son épouse Marguerite Duras, écrivaine et cinéaste. L’originalité du propos tient en sa double expression simultanée en langue française et langue des signes.

Place à la scène

 Le silence est total dans la salle Atelier du CDNO. Les quelque 80 personnes présentes retiennent leur souffle. Mathieu Jouanneau lit un premier texte de Robert Anthelme à voix haute, chaleureuse, empreinte de respiration et silences qui résonnent très fort. Marie-Eva Martin lui donne la réplique en LSF avec une forte expressivité des gestes et mimiques. Tout ceci est malgré tout très sobre et, passé l’adaptation à cette double sollicitation de l’attention, créé une atmosphère dramatique intense. C’est beau, c’est prenant, c’est terrible.

Mathieu Jouanneau et Marie-Eva Martin à l’atelier du CDNO. Photo AC Chapuis


Le témoignage de Robert Anthelme qui a passé plusieurs années à Buchenwald et Dachau est cru, réaliste, horrifiant. En contrepoint, c’est l’attente, l’angoisse, l’oscillation entre espoir et déni qu’exprime Marguerite Duras, avec la force de ses mots, son style et sa façon de suggérer plus que de décrire.

Des artistes engagés

« Surtout, n’utilisez pas le terme « non entendants » ou autres euphémismes. Les sourds assument leur identité », recommande Marie-Eva Martin qui sait de quoi elle parle. Ses deux parents sont sourds (pas elle) et elle a très jeune pratiqué la langue des signes, avant de devenir comédienne puis être aujourd’hui revenue à un exercice qui lui permet de manier sa « langue émotionnelle » autant que la langue française.

Pour Matthieu, « l’émotion prime au-delà du mot » et le spectacle vise à « toucher le cœur pour qu’il batte ».

Une émotion grave, bien au-delà de la sensiblerie, a, de fait, emporté l’auditoire. Le CERCIL a proposé ce spectacle à un public de lycéens pour poursuivre le long chemin sur « l’intransmissible et l’inimaginable » de cette sombre période. Si seulement cela permettait de tirer les leçons de l’histoire…


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