Aurélien Labruyère est Tourangeau, il a appris le métier à l’INSAS de Bruxelles et sacrément bien appris, même, puisque le spectacle qu’il a créé avec Jean-Baptiste Delcourt est une superbe découverte de la saison 2024-2025 de la scène nationale de Châteauroux. Équinoxe a en effet coproduit Amazonia, avec la Compagnie Grand Angle, créée par les deux auteurs à Saint-Pierre-des-Corps et la FACT.
Aurélien Labruyère à sa descente de scène. Photo Pierre Belsoeur
Les conditions de travail, c’est le thème du texte écrit par Aurélien Labruyère et qu’il fait vivre pendant une heure trente sur le plateau d’Équinoxe dans une jauge volontairement réduite (150 places, mais il a fallu doubler la séance).
La lutte des classes n’existe plus ? Interroge-t-il. Tu parles, lorsque l’on pousse le bouchon vraiment trop loin, elle se réactive, pour peu qu’un Christian se lève et convainque ses compagnons de misère de dire stop à l’exploitation en dehors de tout cadre syndical.
Fort d’une première expérience dans sa boite de boulangerie industrielle, Christian décide de réitérer en s’attaquant cette fois à un géant de la logistique… Dans une mise en scène minimaliste, mais sacrément efficace de Jean-Baptiste Delcourt, en particulier avec l’utilisation d’un court passage de vidéo, Aurélien Labruyère est à la fois Christian, ses collègues « boulangers », le petit chef payé pour faire trimer les ouvriers et avaler la pilule des licenciements « Parce qu’on est tous dans le même bateau », l’encadrement sans états d’âme d’Amazonia, les avocats et le juge du tribunal des Prud’hommes. Et la salle est suspendue à ce flot, souffre avec lui des cadences infernales, veut croire qu’un peu d’humanité va finir par triompher dans la jungle économique.
Au moment où le capitalisme américain domine le monde, Aurélien Labruyère replace avec un talent fou l’artiste au cœur de la société, témoin espiègle de comportements qui méritent d’être interrogés.
Pratique : Amazonia posera ses valises à l’Espace culturel Jean Cocteau de Monts (37) les 28 février et 1er mars, avant une série de 7 représentations au théâtre de la Manufacture de Nancy. Amazonia reviendra en région Centre le 17 mars au théâtre Le Tivoli de Montargis puis à la Halle aux Grains de Blois le 1er avril.
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