Poétesse, slameuse et éditrice, Léa Cerveau, passeuse de lumière et veilleuse, a créé sa Maison des poésies du Centre en 2024, à Châteaudun. Histoire de passion et de partage.
Marie Cabreval, autrice Léa Cerveau, éditrice. Photo JDB.
Par Jean-Dominique Burtin.
Sa maison d’édition, Les souffleurs de vers, structure associative qui œuvre pour l’art poétique à travers l’édition de livres et les activités de la Maison des Poésies du Centre, à Châteaudun, est née, nous dit Léa Cerveau, dans un sourire apaisant, « sur un coup de folie ».
Par la beauté de l’écrit et des êtres
Celle qui s’est réveillée « un matin poétesse et slameuse » en banlieue parisienne et qui s’engage aujourd’hui aussi dans la ruralité, ne pouvait que vouloir « donner vie à des livres qui n’existaient pas ». Ceux d’autres auteurs. Ainsi se posent les premières notes d’une belle aventure. Comment choisit-on le texte à vouloir défendre et éditer ? Léa Cerveau : « Je crois que je choisis la beauté de l’écriture et la beauté des gens. À chaque fois, nous sommes dans l’échange et dans l’humain ».
Tout récemment, Les Souffleurs de vers ont publié un recueil collectif intitulé « Les poètes font société » où l’on retrouve, entre autres signatures invitées à « réécrire le monde », ces paroles de Laurent Bertrand. Ainsi, ce dernier nous souffle-t-il qu’un poète est un « alchimiste qui accroche le verbe aux vents des révoltes ».
Pour Léa Cerveau, par ailleurs, l’oralité est essentielle, un transpercement, une douceur, un message, un temps suspendu. Sans cesse, cette autrice et éditrice est animée par un regard sur ce qui lui semble une intime révélation. Avec conviction, elle nous confie aimer « ce lien entre le grain de sable de la parole, du mot de chacun, et de l’universel ».
Lorsque « Quelque chose danse »
Dans la précieuse collection d’ouvrages de belle facture des Souffleurs de vers, se trouve un remarquable ouvrage, « Quelque chose danse », d’Annabelle Larchevèque, un recueil au long cours préfacé par Julie Rey. Annabelle Larchevèque (extrait) : « Mes mains sont pleines / Pleines de rien / Paume ouverte avec l’onde / Et j’ai l’élan du monde / Sur la bouche / À boire et à danser. »
Voici, de fait, un long poème d’un seul souffle, à lire et à relire, à partager, voire danser à voix haute. Même sur une île déserte perdue dans l’océan de nos mondes communs.
« Rencontres de Loire », ouvrage de Marie Cabreval
Aux Souffleurs de vers vient aussi d’être publié le recueil « Rencontres de Loire », de la poétesse orléanaise
Marie Cabreval qui écrit, en exergue de ses textes lapidaires : «
La Loire s’impose / Je décide d’une contrainte pour apaiser le flot / Quatre dés jetés dans les cailloux / Je m’immobilise, vingt minutes, pas davantage / De gauche à droite, quatre constellations / Chacune détermine le nombre de mots d’un vers. / Deux fois, quatre quatrains dans l’aléatoire de l’instant. »
Parfaite est la mise en page attentionnée de cet ensemble receleur de bonheurs de l’écriture : « Sur les fronces bercées de l’eau / flottaison d’îles / à fleur de l’onde / sommeil de sable en suspension (18 octobre, 18 h 15) ». Ici, dans cette brève comme intense petite forme, court métrage d’apparitions, nul effet d’écriture cependant, mais un climat d’âme qui ne cesse de faire jour au fil des lignes. Avec empathie et justesse.
Rencontrées à Orléans, Léa Cerveau, éditrice, et Marie Cabreval, l’une de ses autrices ne peuvent que s’accorder, et défendre ensemble « un esprit vagabond, la magie du tout petit temps, une méditation dans le tumulte du monde ». Pourquoi cela ? Réponse : « Car on écrit et on sème ».
Les Souffleurs de vers sur un ton vivant
Les livres des Souffleurs de vers sont disponibles à la Librairie Les Temps Modernes, à Orléans.
Le trio poétique avec Marie Cabreval, Fred Basset, saxophone, et Sylvie Drussy, danse, se produira le 5 avril à la Maison des Poésies du Centre, à Châteaudun.
La maison d’édition organise un atelier d’écriture le 9 mars à la Librairie La place, à Nogent-le-Rotrou (avec lecture d’auteurs et scène ouverte).
En février, un nouvel ouvrage de Léa Cerveau, « Le Chant des ruines », est publié aux Souffleurs de vers. Extrait : « Dans l’inconfort, c’est toujours là que les jolies choses naissent, parce qu’on les bouscule, parce qu’on leur fait une place dans nos failles béantes, parce qu’assis au milieu des épines, on voit bien mieux pousser les roses ».
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