Pourquoi autant de veuves ?

Toutes les statistiques officielles sont formelles : les femmes vivent plusieurs années de plus que les hommes. Devant la mort, la parité n’existe pas. L’écart d’espérance de vie entre les deux sexes, en faveur de la gent féminine, est un phénomène observé dans de nombreux pays, y compris en France. Mais pourquoi les hommes vivent-ils moins longtemps ?



Par Jean-Paul Briand.


La France est l’un des pays du monde avec l’espérance de vie la plus élevée. L’espérance de vie est un âge au décès « fictif ». C’est l’indicateur de référence qui renseigne sur la mortalité pour une année donnée. C’est l’âge moyen auquel décéderait une génération fictive. Ce n’est ni l’âge moyen auquel décéderont les personnes nées durant l’année considérée, ni l’âge moyen des personnes qui sont décédées cette année-là.

Même si l’écart a diminué et se stabilise, en moyenne, les femmes vivent six ans de plus que les hommes en France. En 2024, l’espérance de vie à la naissance pour les femmes françaises a atteint 85,6 ans, contre 80 ans pour les hommes. En 2020, l’espérance de vie en France, tous sexes confondus, était de 82 ans.

La testostérone désavantage les mâles

La testostérone augmente les risques d’atteintes vasculaires et cardiaques, tandis que les œstrogènes protègent le système cardiovasculaire des femmes jusqu’à la ménopause. Les hommes fument plus, sont plus souvent obèses et seraient plus stressés au travail. À l’échelle mondiale, les hommes présentent ainsi un risque plus élevé d’infarctus du myocarde (IDM) que les femmes, mais en France 75 000 femmes sont décédées d’une maladie cardio-vasculaire qui est la première cause de mortalité féminine. Les diagnostics d’atteintes cardiaques sont plus tardifs chez les femmes car il est encore trop souvent ignoré que les symptômes d’un IDM différaient selon le sexe.

Les cancers sont plus meurtriers chez les hommes

Pour de nombreux types de cancer, comme ceux du poumon, du foie ou du côlon, les hommes ont un risque plus élevé que les femmes de les développer. Si pour les femmes, le cancer du sein est le plus fréquent, chez les hommes, c’est celui de la prostate qui est majoritaire, suivi du cancer du poumon. Le tabagisme en est la cause principale. Malheureusement, les femmes gagnent tristement du terrain dans ce secteur délétère. De plus, les hommes participent moins souvent que les femmes aux dépistages et consultent globalement moins. Ils sont diagnostiqués plus tardivement, ce qui réduit d’autant leur survie.

Des comportements à risques

Les hommes adoptent fréquemment des habitudes alimentaires peu saines, fument et s’alcoolisent beaucoup plus, recourent plus souvent au dopage et ont des comportements sexuels plus risqués. Ils sont plus nombreux que les femmes à mourir dans un accident de la route en ayant abusé de la vitesse et consommé de l’alcool ou des drogues illégales. Si les hommes ont une espérance de vie moyenne inférieure à celle des femmes, ces dernières n’en sont pas la cause. C’est même l’inverse : former un couple et avoir des enfants serait déterminant pour augmenter l’espérance de vie. Les hommes auraient alors tendance à choisir des comportements plus sages en consommant moins d’alcool, en conduisant plus prudemment et en écoutant les conseils bénéfiques de leur partenaire.

Des facteurs modifiables créent cette différence

Dans les pays développés, les avancées médicales ont permis de diminuer considérablement l’extrême mortalité des femmes liée aux complications de la grossesse et de l’accouchement, alors que les hommes continuent, aujourd’hui encore, à exercer des métiers physiquement éprouvants ou dangereux. Ce n’est pas la principale cause de l’écart de l’espérance de vie entre les sexes. Malgré les stéréotypes de genre, le « sexe fort » reste encore le plus faible devant la mort. Dans beaucoup de domaines, les hommes conservent un comportement plus risqué que celui des femmes. Ce sont des attitudes modifiables. À eux de se remettre en cause et d’améliorer leur mode de vie afin de combler cet écart d’espérance de vie…

Images : source Unsplash

Plus d’infos autrement : La désastreuse histoire du « numerus clausus »

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