Les AOC Orléans et Orléans Cléry sont représentées, depuis une vingtaine d’années, par un seul producteur au salon des vins de Loire. Autrement dit on a une chance sur mille d’y croiser Hubert Piel. Et pourtant il gagne à être connu.
Nadège et Eric Boutou (à G.), du restaurant La Laurendière à Olivet. Les vins du « Clos Saint-Fiacre » d’Hubert Piel (en gris) figurent en bonne place parmi les 1 400 références de leur cave. Photo PB
Par Pierre Belsoeur.
Le vin d’Orléans ? Pour la plupart des amateurs de vins, Orléans rime plutôt avec vinaigre. Ce n’est pas péjoratif, celui que produit le Loiret est renommé. Pourtant, depuis 2006, l’appellation Orléans existe. Et si l’on ne la croise pas au palais des Ligers (l’endroit où les visiteurs du salon des vins du Val de Loire peuvent goûter les vins primés par le jury) c’est parce que le nombre des échantillons envoyés est insuffisant pour participer au concours.
À vrai dire, un seul vigneron représente les appellations Orléans et Orléans Cléry. Il s’appelle Hubert Piel. Ce dernier associe Bénédicte, son épouse, à l’affaire. Ils se sont rencontrés sur les bancs de Tours Fondettes où la fille de vigneron et le fils de commerçants étudiaient l’œnologie et la viticulture. Lui fait le vin et le vend, mais elle fait le vin et s’occupe de l’administratif ! Et puis c’est de Bénédicte que les deux vignerons tiennent le vignoble de quinze hectares plantés entre Orléans et Cléry, sur le plateau entre Sologne et Loire. « Mieux, l’appellation est le résultat du travail entrepris par mon beau-père (Daniel Montigny) et dont nous avons obtenu la traduction en 2006. Simplement si l’aire d’appellation couvre 2.000 ha, il n’y en a que cinquante de plantés et six viticulteurs ».
Angers, une étape incontournable
Autant dire qu’il faut faire confiance au hasard pour rencontrer le patron du « Clos Saint-Fiacre ». En 25 ans de présences parallèles, l’opportunité ne s’était pas présentée. Cette année encore nous ne manquions ni à Hubert ni à Clément, son salarié qui complète désormais le team Piel… en attendant que Cassandre Piel ajoute, qui sait, une nouvelle génération à la tradition familiale.
« C’est à Angers que nous avons trouvé nos importateurs et distributeurs. Lors de notre première journée de salon (le concours des Ligers a lieu le dimanche matin et le salon professionnel dure le lundi et le mardi, NDLR), lundi, nous avons eu quarante contacts. Cette étape est incontournable pour rencontrer restaurateurs et cavistes ».
Marc Ragaine, élu meilleur caviste indépendant du monde en 2003 apprécie particulièrement la précision des vins de Bénédicte et Hubert Piel. Photo PB
Il faut dire que si l’appellation est confidentielle, elle permet aux cavistes de compléter leur gamme. À côté du sauvignon ou du chenin que l’on retrouve dans la plupart des blancs des vignobles de Loire (allez, ajoutons le Romorantin du cour-cheverny et le Melon du muscadet pour être complet) Orléans propose du chardonnay et mêle à son rouge du pinot meunier qui complète le pinot noir et le cabernet franc donnant à ses vins un parfum de fruits rouges particulier. Des vins de garde, élégants.
Vigneron écoresponsable
En 25 ans de salon Hubert n’a pas changé son fusil d’épaule, même s’il constate l’inexorable montée de la « Levée de la Loire », le salon des vins bio qui prend de plus en plus de place dans le grand hall du parc des expositions. « Ce n’est pas parce qu’on est des agriculteurs qu’on est des couillons. Nous pratiquons l’agriculture raisonnée. Les doses de traitement sont passées de 2,5 kg à l’hectare à 300 gr. Et on ne va pas « chimister la vigne », d’abord par un simple souci économique, car les traitements coûtent cher. Nous pratiquons toutes les interventions manuellement, dans un vignoble enherbé, autant dire que nous connaissons bien notre vigne et que nous savons exactement quand intervenir. On travaille de façon naturelle ».
L’évolution du salon d’Angers ne lui pose pas de problème. « J’ai connu l’époque où nous apportions tout un déménagement pour l’installation du stand. Désormais, tout le monde a la même table et c’est très bien comme ça ». Il reconnaît que le millésime 2024 aura été un millésime humide. « Ça nous change de 2020 et 2022 où on n’avait pratiquement pas traité, mais c’est ça le métier. On élabore des vins que l’on pourra déguster jusqu’à dix ou quinze ans et les aléas climatiques s’atténuent avec le temps ». 2024 ? Un millésime de vignerons et de dégustateurs patients. Et modérés évidemment.
Pratique : « Le Clos Saint-Fiacre » – Bénédicte et Hubert Piel, à Mareau-aux-Prés (45). Prix public départ de cave : Blancs de 11 à 35 € ; Orléans rouge de 11 et 22 € ; Orléans Cléry de 10,50 € ; Rosé 9 € Cabriole (cuvée cabernet sans soufre) 15 €
Plus d’infos autrement :
Après les attaques, la filière bio cherche à rebondir