« L’âge mûr », de Camille Claudel, suscite un fervent engouement

À dire vrai, nous ne pouvons que saluer l’art et la manière avec lesquels Matthieu Semont, commissaire-priseur de la maison de vente aux enchères orléanaise Philocale, a partagé avec les amateurs d’art inscrits pour plusieurs visites de vingt minutes chacune, sa découverte de l’œuvre de Camille Claudel (1864-1943). Cet homme de l’art avait, en effet, découvert le numéro 1 de la fonte de « L’âge mûr » par Eugène Blot (1857-1938), lors d’une prisée de succession pour une famille de Loire, dans un appartement parisien déserté depuis quinze ans.

Vendredi, rue de la Bretonnerie, puis samedi à l’Hôtel Groslot, de nombreuses personnes se sont succédé pour découvrir, en bronze et en lumière, ce chef-d’œuvre vibrant, émouvant de puissance et d’intensité. Ainsi, ce samedi, dans le bel espace historique et feutré de l’Hôtel Groslot, ancien Hôtel de Ville, voici que s’offre au regard un joyau de nuit irisé de lumière. Devant lui, à quelques centimètres, à la toucher, chacun peut contempler l’ombre se glisser dans les plis des corps dont le ciselé est d’une douceur étincelante et fulgurante. Voici, pour celui qui se tient si près d’elle, cette apparition, une masse telle une flamme défiant les siècles dans un élan d’âme et d’amour magnifique.

À chaque visite, Matthieu Semont accueille avec naturel les visiteurs. Il explique, invite tout un chacun à s’approcher de cette œuvre mythique. Voici, en quelques mots simples et passionnés, enthousiastes et empreints de pudeur, une leçon d’histoire de l’art qui est offerte, venue du fond du cœur, élégante, si généreuse, savante et buissonnière.

Ce samedi, pour y revenir, tout se déroule ainsi dans un très bel écrin où sont aussi exposés avec infiniment de précaution, entre autres, un bronze sensuel, une baigneuse apaisée d’Aimé Jules Dalou (1838-1902), une Pénélope recueillie, sculpture d’Emile Antoine Bourdelle (1861-1929). Voici encore, énoncées ici subjectivement, ces merveilleuses huiles sur toile, à savoir « Le Jardin du Luxembourg au printemps » par André Hambourg (1909-1999), ou cette « Femme à la tranche de pastèque », œuvre chatoyante de coloris fanés de soleil, d’Emilio Grau Sala (1911-1975).

Pour la belle histoire, dès l’entrée de ces expositions, Philocale propose un catalogue où l’on peut retrouver écrite, de manière personnelle et détaillée, savante et poétique, la découverte de l’œuvre mais aussi son histoire au cœur du monde de l’art. Dans ce bel opuscule, richement illustré, se trouvent également cités les propos issus du journal du siècle en date du 16 avril 1907 : « Les œuvres qu’il (Blot) édite, ce sont celles qu’on s’arrachera demain, qu’on voudra avoir goûtées et aimées avant les autres ».

Ce dimanche 16 février, à l’Institut d’Orléans, estimée entre 1,5 et 2 millions d’euros, cette œuvre de la si bouleversante Camille, ne manquera pas, sans nul doute, de faire battre à nouveau le cœur.