« À l’ADEME, il n’y a pas d’enchères de dépenses ou de gaspillage ! »

Cible d’attaques pour son budget, notamment par certains élus de droite, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie se retrouve régulièrement au cœur du débat sur l’usage des fonds publics. Mohammed Amjahdi, directeur régional de l’ADEME Centre-Val de Loire, revient sur le rôle de l’agence et la pertinence de ces investissements sur le chemin de la transition écologique.

Mohammed Amjahdi directeur régional de l’ADEME Centre-Val de Loire. ©DR



Vous êtes parfois critiqués par des élus de droite accompagnés par certains climatosceptiques. Comment définissez-vous le rôle de l’ADEME ?

L’ADEME est un opérateur de l’État, chargé de mettre en œuvre la politique de transition écologique. Nous accompagnons les collectivités et les entreprises dans leurs projets de transformation, en apportant expertise et financement. En 2024, en Centre-Val de Loire, nous avons investi 73,9 millions d’euros, générant 395 millions d’euros d’investissements sur 465 projets. En matière d’effet levier, chaque euro injecté par l’État via l’ADEME génère quatre euros d’investissement dans l’économie locale. Je pense que ça parle. Notre objectif est clair : aider à la décarbonation et à la neutralité carbone d’ici 2050.


Certains élus estiment que l’ADEME impose des normes qui entravent leur liberté d’action. Quelle est votre réponse ?

L’ADEME n’a pas de rôle régalien donc on ne fait pas appliquer la réglementation. Les normes sont votées par le Parlement, pas par nous. Nous sommes un outil de soutien, pas une autorité de contrôle. Nous finançons des projets qui s’inscrivent dans une trajectoire écologique définie par l’État. Les critères de sélection peuvent parfois sembler exigeants, mais ils visent un objectif précis : accompagner une transition efficace et durable.


Votre relation avec les élus est donc avant tout un accompagnement ?

Absolument. Nous sommes en dialogue permanent avec eux. Un projet structurant prend plusieurs années à se concrétiser, nous sommes présents à chaque étape, du conseil à l’ingénierie, jusqu’au financement final. Nous aidons les collectivités à identifier les solutions adaptées à leurs territoires et à trouver des financements complémentaires, en partenariat avec la Banque des Territoires, la BPI ou la Région.

L’ADEME accompagne aussi les entreprises. Quel est votre rôle auprès d’elles ?

La transition écologique concerne tout le monde. Les collectivités ont une responsabilité, mais les citoyens et les entreprises aussi. En 2024, 70 % des financements de l’ADEME en Centre-Val de Loire ont bénéficié directement aux entreprises, notamment dans le cadre de projets énergétiques comme les réseaux de chaleur. Donc on a besoin de travailler de manière croisée en mettant à disposition des outils à la fois techniques, d’ingénierie et financiers, tant pour les collectivités dans la mise en œuvre de leurs projets, mais également pour les entreprises. Notre action vise à créer des synergies entre acteurs publics et privés pour accélérer la transition.

L’ADEME est parfois au cœur de polémiques, comme sur des conseils donnés au grand public. Comment gérez-vous cet aspect ?

Nous avons un rôle de sensibilisation et d’information. Nos recommandations, comme celles sur la consommation énergétique des particuliers ou la réparabilité des équipements domestiques, sont des conseils, pas des obligations. Ces messages peuvent parfois être mal compris ou détournés, mais nous restons focalisés sur notre mission : accompagner les changements de comportement pour atteindre les objectifs climatiques fixés par la France.

Une meilleure pédagogie auprès du grand public sur votre rôle n’est-elle pas un enjeu clé pour limiter la défiance ?

Nous communiquons certes jamais assez, mais notre priorité reste l’action. Nous avons des programmes concrets, comme avec le programme iTEEnéraire, la formation de 10 000 agents territoriaux en Centre-Val de Loire pour renforcer les compétences locales en transition écologique. C’est un dispositif unique à l’échelle nationale et ça, c’est du concret. L’ADEME est un organisme de terrain. Nous préférons travailler sur des solutions plutôt que répondre à des polémiques.


Certaines critiques dénoncent un doublon avec d’autres agences. Qu’en pensez-vous ?

Notre rôle est clair et défini par l’État. Nous avons un cadre contractuel précis avec notre ministère de tutelle et rendons compte chaque année de notre action et de l’utilisation des fonds publics. En région, nous collaborons avec les autres opérateurs pour éviter les chevauchements et maximiser l’efficacité des dispositifs.


Face aux remises en cause sur votre utilité et le retour du climato-scepticisme dans le débat politique en France, comment envisagez-vous l’avenir ?

Honnêtement vu de ma fenêtre en région Centre Val de Loire, c’est très difficile d’apporter une réponse. Ma préoccupation aujourd’hui, c’est celle de ma feuille de route. Notre mission est d’agir. Nous avons des objectifs à atteindre et des moyens pour y parvenir. À l’ADEME, il n’y a pas d’enchères de dépenses, il y n’a pas de gaspillage ! Mais un investissement au service des territoires. Nous avançons en gardant le cap sur l’urgence climatique et la nécessité d’une transition juste et efficace.

Propos recueillis par Mael Petit et Gérard Poitou

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Commentaires

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  1. Super, utile et clair à l’heure où le gouvernement cherche à la supprimer…..

  2. Ils veulent sa tête et ça n’a rien à voir avec la gestion de cette structure. Son nom ne correspond pas à leurs codes extrémistes c’est tout !

  3. Cette envie de “nettoyer” ça fait penser à ce que font les Trump et compagnie.
    Ces gens là, qui ont le mot France toujours au bout de leurs arguments de fait copient leur idole capitaliste d’Amérique.
    La recette est simple ,ici comme aux USA, déglinguer tout ce qui est au service de la population ( service publique) pour que tout soit géré par des entreprises qui ont comme priorité non le bien publique mais le profit .
    Toutefois ne nous leurrons pas: essayer de transiter, de “durabiliser” sans changer radicalement la façon de vivre ne pourra pas avoir d’efficacité face à l’emballement des perturbations climatiques.

  4. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) est un établissement public à caractère industriel et commercial français dont la vocation est de susciter, animer, coordonner, faciliter ou réaliser des opérations de protection de l’environnement et surtout de maîtrise de l’énergie.

    Elle est créée en 1991 pour remplacer l’AFME, elle-même créée en réaction à la crise de l’énergie induite par le premier choc pétrolier de 1973.
    Elle affiche également le nom d’« Agence de la transition écologique » depuis juin 2020.

    L’Ademe dispose en 2019 d’un budget de 605 millions, pour un effectif salarié de 963 équivalents temps-plein, soit 628245,06 euros par équivalents temps pleins !

    En réponse à des critiques de personnalités de droite et d’extrême-droite sur le budget de l’Ademe qui atteint 3,5 milliards d’euros pour 2025, la ministre de la Transition écologique souligne que 92 % de ce budget sont des financements directement versés aux collectivités locales ou aux entreprises ; la masse salariale est seulement de 100 millions d’euros pour 1 400 collaborateurs soit 71 400 € par collaborateur et les frais de fonctionnement de 20 millions d’euros.

    Une mission de l’Inspection générale des finances a conclu en 2024 à une gestion rigoureuse de l’agence.

    Le “patron” de l’ADEME est Sylvain Waserman, né le 8 décembre 1967 à Paris, est une personnalité politique française, membre du Mouvement démocrate (MODEM) de François Bayrou !

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