Deux mois après le passage du cyclone Chido, Mayotte peine à se relever. En Centre-Val de Loire, des collectivités ont contribué au fonds de solidarité, mais la gestion des aides interroge. Tandis que les élus locaux mahorais dénoncent leur mise à l’écart, une loi d’urgence vient d’être adoptée au Parlement.
Des quartiers entiers ont été dévastés par le passage du cyclone. ©DR
Par Philippe Voisin.
Il y a deux mois exactement, le 13 décembre 2024, le cyclone Chido balayait l’archipel de Mayotte. Officiellement, 39 morts sont à déplorer. Un bilan contesté par les élus locaux. L’habitat précaire a été rasé enterrant les doutes. Les bâtiments publics, écoles, administrations et autres constructions en dur sont gravement endommagées. Aujourd’hui encore, la situation est très difficile localement avec un ravitaillement en eau et en nourriture irrégulier. « De nombreuses familles n’ont pas reçu une seule bouteille d’eau depuis le 14 décembre… », déclarait même le maire de M’tsangamouji à la chaine de télévision Mayotte la 1ère le 10 février.
Appel aux dons
Dans la région Centre Val de Loire, les collectivités se sont inégalement mobilisées. Encouragées par les préfectures, beaucoup ont pris des délibérations pour abonder aux fonds de solidarité dédiés. Le 16 décembre, le Conseil régional verse 100 000 €. Suivent les départements du Cher, d’Eure-et-Loir, de l’Indre et du Loir-et-Cher qui donnent 10 000 € chacun. Même somme pour les communes d’Olivet et Bourges. Blois, Tours et Saint-Jean-de-la-Ruelle votent une aide de 5 000 €. Orléans et Châteauroux n’ont rien donné.
Si les donateurs n’ont pas manqué de communiquer sur leur générosité, la distribution reste opaque. Plusieurs organismes publics et privés ont ouvert des comptes pour la solidarité. Cependant, les finances publiques restent silencieuses et l’Assemblée des départements de France attend le recensement des besoins (!).
L’approvisionnement de produits de première nécessité connait toujours de grosses difficultés sur certains territoires. ©DR
La Fondation de France a activé ses relais associatifs sur place et concentre son accompagnement sur les besoins de première nécessité, le soutien à l’éducation et l’accès aux soins. Le fonds de solidarité des Régions de France a désigné une coordinatrice. La Réunionnaise Huguette Bello est chargée d’assurer le suivi opérationnel.
Les élus locaux écartés
Les présidents des quatre intercommunalités de Mayotte, en visite dans l’hexagone le 8 février 2025 ont unanimement critiqué la gestion de la crise par les services de l’État. Ils affirment qu’ils sont exclus de la gestion de la distribution des aides, entrainant des discriminations dans la population.
La rentrée scolaire illustre bien cette désorganisation. À Koungou, dans le nord de l’île, le maire témoigne d’une situation chaotique auprès d’Outremers360 : « J’ai plus de mille enfants inscrits qui ne sont pas scolarisés faute de place. Nous sommes en rotation avec 35 élèves par classe ». Sur 21 établissements scolaires dans cette commune, seuls 8 sont fonctionnels. Les examens sont annulés et remplacés par le contrôle continu.
Sans compter que la problématique du foncier vient encore aggraver la crise. Pour les élus, il est inacceptable d’expulser des Mahorais qui ne seraient pas bénéficiaires d’un logement social.
Accord des parlementaires
Dans ce contexte, le compromis trouvé par les parlementaires de la commission mixte paritaire est un soulagement. Il a permis l’adoption d’une loi d’urgence pour Mayotte. Elle prévoit de renforcer le rôle des élus locaux dans les opérations de reconstruction avec l’attribution au Département de la présidence de l’établissement public foncier à créer. Cette loi précisera notamment les règles d’urbanisme, renforcera la lutte contre l’habitat précaire et facilitera les dons. C’est l’État qui prendra en charge la reconstruction des écoles.
Les associations à la peine
À Orléans, l’association Karibu Mayotte s’est rapidement mobilisée. Elle regroupe plus d’une centaine de membres. Grâce à un local mis à disposition par la mairie d’Orléans, elle a reçu les dons des particuliers, produits alimentaires, d’hygiène et petits matériels d’équipement. L’acheminent des premières marchandises collectées a été assuré par l’association O.M.S.C. installée en Seine-Saint-Denis. Confrontée au problème du transport, elle a cessé son activité depuis le 1er février empêchant les Mahorais d’Orléans de poursuivre leurs actions de solidarité. À notre connaissance, il n’y a pas d’autre association mahoraise en région Centre-Val de Loire.
Plus d’infos autrement sur Magcentre :
Solidarité avec Mayotte : à Olivet, mieux vaut tard que jamais