Nos bons plans pour un week-end à Marseille #1

Sillonner les anciens docks et la Joliette complètement transformés, déambuler du Mucem jusqu’au Vieux Port ou grimper jusqu’au toit terrasse de l’immeuble de Le Corbusier : la seconde ville de France offre des plaisirs architecturaux atypiques. Le temps d’un week-end ou plus si affinités.

Par Bénédicte de Valicourt.

Entree Vieux port et MUCEM@SA OTCM

Marseille est entrée de plain-pied dans le XXIe siècle. Bougez avec elle en déambulant dans le quartier futuriste « Euroméditerranée », l’une des plus vastes opérations de rénovation urbaine et de développement économique, social et culturel d’Europe, qui s’est déployé sur 480 hectares et s’achèvera en 2031. Entre le Vieux Port, la gare TGV, la Joliette vers les docks et jusqu’aux friches industrielles et au quartier laissé jusque-là à l’abandon près du port de commerce. C’est là que depuis 1995, alors que la ville était en plein marasme et perdait des habitants (150 000 habitants entre 1975 et 1990), la cité phocéenne s’est refaite sur elle-même. C’est assez impressionnant et plutôt photogénique.

La Cité de l’art contemporain

FRAC batiment©vvOTCM

La balade débute à la Joliette, à côté de la Cité de l’art contemporain, implantée aux portes d’Euroméditerranée. Aujourd’hui le bâtiment brille de tous ses feux sous la lumière de Marseille. C’est bien l’effet recherché par l’architecte japonais Kengo Kuma, qui a habillé la façade de 1 700 panneaux de verre émaillés pixelisés, mis au point notamment grâce à des essais effectués au Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques (Cirva) de Marseille, une référence en la matière. Autre particularité du bâtiment, il épouse les contours de la parcelle étroite sur laquelle il a été construit et la salle d’exposition de plus de 8 mètres de haut, se love contre un immeuble d’habitation avec son linge aux fenêtres. De la grande terrasse, la vue est imprenable sur le boulevard de Dunkerque, ses immeubles futuristes et les anciens docks (1856-1864), témoins encore debout de l’ancien commerce maritime florissant à l’époque des nouvelles colonies. Les quatre bâtiments articulés autour de patios par peur des incendies ont été parfaitement restaurés autour d’une rue centrale qui abrite des boutiques et plus de 200 entreprises. Les ouvriers qui peuplaient le quartier au XIXe sont partis, même s’il semble rester quelques poches de « résistance », entre les bureaux, les logements, plus de 2 500, dont 20 à 25% de logements sociaux, le tramway végétalisé, la gare maritime et les tours dont la plus haute, construite en 2011 par la CMA CGA de Rodolphe Saadé, premier employeur privé de Marseille et nouveau patron du journal la Provence, culmine à 145 mètres, juste à côté de l’autoroute. Elle est desservie par le tram et aurait, dit-on, dû être plus haute de 5 étages. Mais le maire de l’époque, Jean-Claude Gaudin, en aurait pris ombrage, arguant du fait qu’elle ne devait pas être plus haute que la « Bonne Mère », point culminant de la ville, qui est à la cité phocéenne ce que la tour Eiffel est à Paris.

Sumos Tour CMA CGM@JoYana OTCM _

« La Marseillaise », de Jean Nouvel

À côté « la Marseillaise », de Jean Nouvel inaugurée en 2018, a 30 étages parés de brises soleil bleus, blancs et oranges, en hommage aux trois couleurs dominantes de Marseille. Son toit terrasse symbolise la cime des calanques et abrite des ruches. Au-delà, un parc est en train de sortir de terre. Autant de gestes architecturaux, qui avec la nomination de la ville comme Capitale européenne de la culture en 2013, ont fait bouger Marseille.

La Marseillaise@BdV

Mais revenons vers les docks et le théâtre de la Joliette dont 80% du bâtiment est enterré. C’est désormais un haut lieu de la culture underground marseillaise avec ses prix accessibles et sa bibliothèque de 8 000 ouvrages dédiée aux écritures contemporaines. À côté, l’ombre de l’immeuble Golden tulip, rappelle les paquebots. Tandis que le bâtiment de l’entreprise Richardson fondée en 1855 a su résister à la modernité galopante en se recyclant dans la climatisation et la plomberie. À quelques pas de là, le « Silo » (1927), l’ancien silo à grains de l’entreprise Arenc qui a fonctionné jusque dans les années 80, a bien failli disparaître.

Le silo photo d’archives@OTCM


Avant de devenir « l’Olympia » de la ville, grâce au combat d’un architecte contre la mairie qui voulait le raser. Le bâtiment est exceptionnel avec ses 135 mètres de long sur 25 de large – quasiment comme la Cité radieuse de Le Corbusier – posé sur des pilotis qui permettaient aux camions de passer en dessous pour mettre les graines dans les silos. Il a finalement été labellisé patrimoine du XXe siècle et reste un symbole fort de l’histoire portuaire du lieu. Il est aussi doté d’une impressionnante scène modulable à 17 mètres de hauteur, d’une excellente acoustique et de 2 200 places.

Le silo: la salle des mamelles. ClBdV

N’oubliez pas d’y réserver un spectacle ne serait-ce que pour admirer au passage le hall d’accueil qui n’est autre que l’ancienne salle d’ensachage du grain, très justement nommée « salle des mamelles ». Impressionnant.

Le MUCEM

Le Mucem à Marseille


De là, on peut rejoindre le musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MUCEM), au pied du fort Saint Jean par le boulevard du littoral, en laissant le port derrière nous. La balade peut se faire en tram ou à pied en longeant les terrasses du port, une vaste promenade de 40 000 m2 avec des commerces et des espaces de loisir. Ici aussi de vieux hangars ont été démolis, on a rénové des immeubles et des zones d’aménagement concerté (ZAC) sont sorties de terre.

On passe devant le fameux R2, haut lieu des chaudes nuits marseillaises et l’église La Major, au style néo-byzantin, où s’est marié Tapie en grande pompe. Construite dans la seconde moitié du XIXe siècle, elle était autrefois longée par un canal qui a lui aussi disparu et laissé place à des restaurants installés sous les voûtes qui servaient d’entrepôts. On peut y faire une petite pause en savourant des tapas aux Halles de la Major.

Le Vieux Port

Entrée Vieux port@SA OTCM


Autre lieu, autre ambiance. Du MUCEM, où les expositions temporaires sont toujours passionnantes et la vue sur les magnifiques îles du Frioul, nous redescendons vers le cœur de la ville et le Vieux Port, décidément incontournable à Marseille. Juste rançon de la province, il ne reste que la qualité de la vie, dont on rebat les oreilles du Parisien de passage. Le soleil, l’air, la mer que l’on voit de partout, même des cités des quartiers nord.

L’ombrière du Vieux Port Norman Foster sce Wiki

Avec un peu de chance vous pourrez trouver une table sur le minuscule balcon du bar restaurant La Caravelle, bien connu des amateurs de jazz, un must pour boire un verre à l’heure de l’apéro. Au bout du Vieux Port arrêtez-vous aussi en journée sous l’ombrage de Norman Foster qui brille de tous ses feux au soleil. De 9 heures à 12 heures, c’est là que se tient tous les jours un marché de poisson. Pas très loin, le cours Julien, reste un incontournable pour les « times out » marseillais.

À ne pas rater :

La bouillabaisse.
C’est le plat emblématique de la ville, une soupe bouillante accompagnée de cinq poissons de roche, de croûtons frottés à l’ail et de rouille, allez chez Fonfon, une institution marseillaise familiale qui surplombe le Vallon des Auffes. Le service y est très attentionné et les portions généreuses. Comptez au minimum 65 euros. On peut aussi réserver très à l’avance chez Michel, la table des politiques face à la plage des Catalans, une étoile au Michelin ou chez Peron, autre institution de la Corniche.

Notre librairie préférée.
Les Arcenaulx, du nom de l’ancien arsenal qui se situait sur la place d’Estienne d’Orves, sur laquelle il y avait un canal et où l’on stockait et réparait des galères. C’est un lieu unique à Marseille qui est à la fois une librairie, une boutique de cadeaux et un bon restaurant. Elle a été fondée par l’éditrice Jeanne Laffitte, l’une des grandes figures marseillaises, spécialiste notamment de l’histoire de la ville et de la Provence. 

Autre lieu d’exposition préféré
« La vieille Charité en plein cœur du Panier, un lieu superbe dans lequel se tiennent des expositions et qui abrite aussi des campus et différents musées. C’est très agréable de venir y passer un moment sur la terrasse du café dans la cour, en admirant ses galeries sur trois niveaux et ses vieux murs dans lesquels on enfermait les « gueux » au XVIIe siècle. Elle a ensuite servi d’hospice avant d’être classée aux monuments historiques et restaurée à partir des années 60. »

À suivre…

Commentaires

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  1. Article sur Marseille très intéressant ! j’attends la suite avec impatience…

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