Aujourd’hui, en France, on compte plus de 60 000 personnes ayant vécu des mutilations génitales féminines (MGF). Dans le monde, c’est plus de 120 millions. Des étudiants de l’ESAD d’Orléans, en partenariat avec le groupe de parole MGF du Planning Familial 45, ont créé une exposition itinérante afin de dénoncer ces pratiques toujours d’actualité.
Néné, présidente de l’association les Hibiscus d’Ici, d’Afrique et d’Ailleurs, prend la parole lors du vernissage de l’exposition sur les MGF. Crédit : Jeanne Beaudoin.
Par Jeanne Beaudoin.
« On ne naît pas mutilées », c’est le titre de l’exposition qui avait lieu au CRIJ d’Orléans cette semaine. Après deux rencontres avec les femmes du groupe de parole MGF du Planning familial, treize étudiant-es de l’ESAD ont eu plusieurs mois pour réaliser une œuvre portant sur les MGF. Une seule consigne : que celle-ci soit transportable pour permettre au Planning familial de les réutiliser lors d’expositions itinérantes. L’objectif étant de sensibiliser un maximum de personnes aux conséquences des MGF.
Qu’est-ce que les mutilations génitales féminines ?
Les mutilations génitales féminines sont réalisées majoritairement sur des enfants de moins de 15 ans. Ces pratiques relèvent de croyances culturelles, religieuses et sociales, majoritairement pratiquées en Afrique, mais aussi en Asie, au Moyen-Orient ou en Amérique du Sud. Visant à contrôler la libido des femmes, elles consistent soit à l’ablation du clitoris, soit à l’ablation du clitoris et des petites lèvres de la vulve. Le dernier cas de figure est l’ablation du clitoris, des petites lèvres et l’infibulation, c’est-à-dire le fait de recoudre les grandes lèvres et de ne laisser qu’une petite ouverture pour l’urine et les menstruations. Les petites filles ont souvent les yeux bandés pour qu’elles ne puissent pas identifier qui est à l’origine de ce crime, des couteaux sont utilisés (voir photo ci-dessous).
Cette pratique n’a, d’après les membres de l’association les Hibiscus d’Ici, d’Afrique et d’Ailleurs, aucun avantage pour les femmes, mais entraîne de nombreuses conséquences. La plus fatale est la mort : certains enfants succombent par hémorragie. Ces mutilations peuvent également être à l’origine d’infections, provoquer des douleurs affreuses pendant l’accouchement et ont de graves répercussions sur le plaisir sexuel. « La violence la plus sévère, c’est l’excision », affirme d’ailleurs une des femmes du groupe de parole.
Ces deux œuvres ont été réalisées par des étudiants de l’ESAD d’Orléans afin de dénoncer les MGF. Crédit : Jeanne Beaudoin.
« On est très fières et contentes d’avoir cette exposition »
Nadine, animatrice et conseillère conjugale et familiale au Planning familial d’Orléans, explique que l’organisation de ce groupe de parole autour des MGF représente « beaucoup d’émotions déposées au Planning, mais aussi beaucoup de courage pour exprimer à d’autres » ces violences. Dans le but de sensibiliser un maximum de personnes et lutter contre ces mutilations, « il nous fallait un support pour prolonger la parole et poursuivre le combat » au-delà des murs de l’association. C’est là que l’idée de travailler en partenariat avec l’ESAD est née. « Certaines œuvres abordent le sujet franchement, d’autres de façon plus délicate. On est très fières et contentes d’avoir cette exposition pour nous permettre de sensibiliser à l’extérieur du Planning », conclut Nadine.
Les étudiant-es sont, quant à eux, également très content-es du travail réalisé. Mathilde, porte-parole des étudiant-es, explique : « On voulait mener une action importante pour les femmes d’ici et rendre concret notre travail. Les femmes du groupe de parole nous ont fait confiance, nous ont dévoilé leur intimité, ça nous a permis de comprendre. On s’est rendu compte qu’elles avaient besoin de support pour en parler. On a voulu leur apporter notre soutien à travers cette exposition ».
Cette œuvre a été réalisée par des étudiants de l’ESAD d’Orléans afin de dénoncer les MGF. Crédit : Jeanne Beaudoin.
« Le combat continue, je veux lutter tous les jours »
Les femmes du groupe de parole sont aussi très contentes du travail réalisé. « Les étudiants nous ont apporté plein de choses. Ils nous ont écoutés avec attention et ont retranscrit notre témoignage », se réjouit l’une d’entre elles. Une autre poursuit : « Pour moi c’était une évidence, la seule manière de réduire ces violences, c’est la libération de la parole car l’excision est un tabou ».
Rappelons que les MGF sont faites par et pour les hommes. Les femmes, dans certains pays comme la Guinée, sont vues comme des « dévergondées » ne pouvant se marier, puis exclues de la société si celles-ci ne sont pas excisées. La Guinée compte aujourd’hui 96% de femmes excisées. « Pour moi, l’excision était une étape normale par laquelle on doit passer. C’est ici que j’ai compris que ce n’était pas normal. Le combat continue, je veux lutter tous les jours, ça doit changer ici et là-bas ». Une des pistes explorées pour poursuivre la lutte est de sensibiliser dans les écoles afin de déconstruire dès le plus jeune âge les croyances autour des mutilations génitales. Il faut protéger les femmes pour qu’elles soient au courant des conséquences et sensibiliser les hommes pour qu’ils luttent contre ces pratiques.
Plus d’infos autrement sur Magcentre :
25 novembre : Médias et mutilations génitales pour la journée de lutte contre les violences faites aux femmes.