Alternative au controversé X (ex-Twitter), le réseau social européen Mastodon monte en puissance. Les prises de position et décisions controversées d’Elon Musk ont déjà convaincu de nombreux utilisateurs de migrer vers cette plateforme. C’est notamment le cas de la ville de Blois.
Face aux dérives d’Elon Musk et à la désinformation de X, Mastodon offre une alternative démocratique. Crédit Mastodon.
Par Jean-Luc Vezon.
« Nous voulons montrer l’exemple et ne plus cautionner les dérives de Musk, comme son salut nazi lors de l’investiture de Trump. C’est une question d’éthique et de responsabilité », explique Benoît Colin, directeur de la communication de la ville de Blois.
Depuis janvier 2024, la ville de Blois, suivie par plusieurs institutions culturelles locales (Maison de la BD, Les Rendez-vous de l’Histoire, etc.), a décidé de mettre en sommeil son compte X, qui comptait 6 300 abonnés, et de rejoindre Mastodon. Créé en 2016 par Eugen Rochko, un développeur allemand, Mastodon est un réseau social décentralisé fonctionnant sur différents serveurs. Il est open source, financé par la communauté, et exempt de publicités ainsi que de suggestions de comptes à suivre.
Le manque de modération des contenus depuis le rachat de Twitter par Elon Musk en 2022 soulève de nombreuses inquiétudes, notamment en raison de la réactivation de comptes diffusant des discours haineux ou complotistes. « On ne peut tolérer les propositions racistes, antisémites ou homophobes, sans parler des ingérences politiques lors d’élections ou du Brexit. Rejoindre Mastodon, un réseau social sans algorithme, sans filtre et sans publicité, est une vraie opportunité de changer la donne et de revenir à l’esprit originel du web », insiste Benoît Colin.
Le directeur de la communication met également en avant l’absence de modèle économique basé sur la publicité, à la différence de Facebook, Instagram ou Threads, le nouveau réseau social de Meta. La baisse d’audience ne l’inquiète pas outre mesure : il parie sur la croissance d’un réseau « beaucoup plus bienveillant, sans harcèlement ni désinformation ».
Avec plus de 400 abonnés et des publications plus engagées, la ville de Blois mise sur l’avenir de Mastodon, d’autant que plusieurs collectivités (comme les départements de Loire-Atlantique et des Landes), médias (Ouest-France, Mediapart, SNJ, Alternatives Économiques) et organisations (CFDT, France Nature Environnement, AP-HP) ont déjà rejoint ce réseau social. Le mouvement HelloQuitX.com milite d’ailleurs pour une transition vers des plateformes non lucratives et respectueuses des données personnelles. Il propose ainsi une application qui aide les utilisateurs de X à migrer vers Mastodon ou d’autres réseaux sociaux sans perdre leurs contacts.
Une forte présence sur les réseaux sociaux
Depuis 2008, la ville de Blois mène une stratégie active sur les réseaux sociaux, avec des publications régulières et documentées sur Instagram (15 000 abonnés), YouTube, LinkedIn et Pinterest. Chaque année, 4 000 publications et 1 200 déclinaisons sont réalisées par le service communication.
« Avec le magazine mensuel Blois Mag, l’affichage, notre site web (qui enregistre en moyenne 70 000 visites mensuelles) et sa newsletter, les réseaux sociaux constituent un pilier de notre communication », précise Benoît Colin. Cependant, face au caractère commercial de ces plateformes, la ville cherche à mieux maîtriser sa diffusion d’informations. Selon son webmestre, Mehdi Jacques, « sur 100 abonnés, seuls trois en moyenne voient nos publications, car les algorithmes des plateformes positionnent d’abord les contenus sponsorisés ».
La Ville de Blois a rejoint Mastodon, réseau social initié en Europe, décentralisé, codé de façon libre et ouverte, et modéré équitablement. Crédit Jean-Luc Vezon.
Dans les semaines à venir, la ville renforcera sa communication directe auprès des 50 000 Blésois en mettant en place un service d’alertes SMS. Les abonnés bénéficieront ainsi d’informations sur les événements culturels, les projets municipaux ou encore les alertes météo. « C’est un service inclusif qui permettra également aux personnes en situation d’illectronisme d’accéder aux informations », conclut Mehdi Jacques.
À noter que la ville de Blois recrute un·e chargé·e de communication numérique pour gérer ses réseaux sociaux. Les candidatures peuvent être déposées jusqu’au 2 mars sur son site web.
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