La couleur marron de l’eau alerte, mais d’autres pollutions sont invisibles – photo Pixabay KariHoglund
Combien de citadins rêvent de tout plaquer et de partir vivre à la campagne pour avoir la paix ? On dit adieu à la promiscuité, aux odeurs de pots d’échappement, aux sirènes incessantes, enfin le silence ! Et on se retrouve confronté à des problèmes insidieux, auxquels rien ne nous avait préparés… Dans le Loiret, les habitants des communes de Châtenoy, Combreux et Sury-aux-Bois sont ainsi confrontés à la pollution de leur réseau d’eau potable. Plus exactement à trois types de pollution, qui leur rendent la vie impossible.
La plus visible est celle liée à la présence excessive de manganèse, présent dans des quantités telles sur ces trois communes que l’eau du robinet est marron. Mais ils sont aussi confrontés à la présence insidieuse de CVM dans les canalisations – gaz soluble dans l’eau et considéré cancérigène – ainsi qu’à des contaminations par bactéries. La situation dure depuis des années et le cas de ces trois communes a attiré l’attention de l’émission Envoyé Spécial, diffusée le 15 janvier 2025.
Les premiers procès devaient se tenir en décembre, mais comme toujours en matière de justice, il faut composer avec les reports. Pour le moment, le SIAEP (syndicat des eaux des communes de Châtenoy, Combreux et Sury) est attaqué en justice par des usagers à titre individuel : il n’y a pas encore de recours collectif.
Michel Maufras, habitant de Châtenoy, est à l’origine du collectif Pour une eau claire et buvable. Il témoigne : « J’ai installé un filtre : quand je le change, en une minute, il devient marron, même si l’eau semble claire. Le SIAEP ne communique pas du tout sur la dangerosité du manganèse : au contraire, il affirme qu’il ne présente pas de dangerosité, alors que l’ANSES dit l’inverse ». En ce qui concerne les contaminations bactériennes, il estime qu’elles sont liées au point de captage : « Il est mal fait ; il a besoin d’être repris. Ces contaminations sont aussi le fait de dépôts dans les canalisations, dépôts propices aux développements de bactéries ».
Michel Maufras poursuit : « Compte tenu de la situation, l’ARS procède tous les quinze jours à des analyses sur les réseaux. Dans chacune des communes, ils ont deux points de prélèvements, toujours au même endroit. Mais ils n’analysent pas le gaz CVM : c’est très regrettable, mais c’est comme ça. Ils analysent aussi les autres paramètres. Les fiches sont régulièrement éditées : je les reprends et j’en fais un tableau de synthèse afin d’afficher toutes les pollutions, pour chacune des trois communes : j’en suis à près de 50% de taux de non-conformité ».
Deux procès doivent se tenir les 17 et 21 février. Actuellement, dix recours sont engagés, cinq sont en préparation et d’autres devraient suivre, car tous les habitants de ces trois communes sont concernés. Face à une situation intenable sur un point aussi essentiel que l’eau, les habitants des communes concernées sont à bout.