Les États-Unis quittent l’OMS, un mal pour un bien ?

En juillet 2020, lors de son premier mandat, Donald Trump avait déjà annoncé le retrait des États-Unis de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Sans attendre, dès sa réinstallation, le leader républicain confirme cette décision et signe la sortie des États-Unis de l’agence onusienne. Quelles en seront les conséquences pour la santé mondiale ?

Drapeau de l’OMS, l’agence spécialisée de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour la santé publique.


Par Jean-Paul Briand.


L’OMS, créée en 1948, est une agence spécialisée des Nations Unies dont la mission est de promouvoir la santé publique à l’échelle planétaire. Véritable pilier de la santé mondiale, elle coordonne les efforts internationaux pour renforcer les systèmes de santé, lutter contre les maladies et améliorer le bien-être des populations. Son rôle est crucial pour protéger les plus vulnérables, réduire les inégalités sanitaires et faire face aux défis actuels et futurs en matière de santé.

Le financement de l’OMS

Le budget de l’OMS pour 2022-2023 s’élève à 10,4 milliards de dollars, financé par les contributions des États membres et par des partenaires internationaux privés. Les cotisations obligatoires, calculées en fonction de la richesse et de la population des pays membres, ne représentent que 20 % du budget total. Les États-Unis, premier contributeur, versaient environ 1,3 milliard de dollars par an. En comparaison, la Chine a contribué à hauteur de 157 millions de dollars, tandis que la France a alloué 59 millions de dollars pour 2020-2021, loin derrière l’Allemagne et ses 856 millions de dollars. Outre les cotisations obligatoires des États membres, l’OMS dépend largement des dons supplémentaires de ses adhérents et de fondations philanthropiques comme celle de Bill & Melinda Gates. Ces donations constituent l’essentiel de son financement.

Les critiques vis-à-vis de l’OMS

Donald Trump, fervent défenseur de l’« America First », rejette le multilatéralisme et remet en cause les engagements de ses prédécesseurs. Il justifie le retrait américain de l’OMS en pointant du doigt la gestion jugée inefficace de la pandémie de Covid-19. Selon lui, l’OMS aurait tardé à déclarer l’urgence sanitaire internationale, ralentissant ainsi la mise en place de mesures pour contenir la propagation du virus. L’administration Trump accuse également l’organisation d’avoir été trop dépendante des informations fournies par la Chine, sans les remettre en question. Pour Trump, les contributions américaines sont disproportionnées par rapport à celles des autres pays. L’OMS, perçue comme bureaucratique et lente, ne mérite pas un tel investissement.

Les critiques envers l’OMS ne se limitent pas à Donald Trump. L’organisation est régulièrement accusée de dépendre trop fortement de ses donateurs privés qui influenceraient ses décisions. Elle serait trop proche des laboratoires pharmaceutiques. Elle a également été critiquée pour sa gestion tardive de l’épidémie d’Ebola en 2014, ainsi que pour des affaires de corruption et des luttes internes au sein de son directoire. Ces dysfonctionnements ont entaché sa crédibilité et alimenté les doutes sur son efficacité.

Les conséquences du retrait américain

Dans le sillage des États-Unis, l’Argentine a annoncé son retrait de l’OMS, et d’autres alliés américains pourraient suivre. Cependant, quitter l’OMS expose ces pays à des risques majeurs : ils perdront l’accès aux informations cruciales sur les épidémies émergentes, les nouvelles souches virales et les essais cliniques multinationaux, les rendant plus vulnérables face aux crises sanitaires futures.

Le décret signé par Donald Trump le 20 janvier 2025 ordonne aux agences fédérales de suspendre tout financement ou soutien à l’OMS. Bien que le retrait américain ne soit effectif qu’en janvier 2026, l’OMS a déjà commencé à réduire ses dépenses : réunions en visioconférence, gel des recrutements et arrêt des aménagements de nouveaux bureaux à Genève.

Les conséquences du retrait américain ne sont pas seulement financières ou sanitaires – les populations les plus démunies en seront les premières victimes – elles sont aussi politiques. Le départ des États-Unis crée un vide que d’autres pays, comme la Chine, pourraient chercher à combler en renforçant leur influence au sein de l’organisation.

Se recentrer sur sa mission humaniste originelle

Pour que l’OMS continue de fonctionner, les États membres les plus riches devront augmenter leurs contributions. Cette crise pourrait toutefois être l’occasion d’une refonte bénéfique et attendue : se libérer de l’influence des intérêts privés et de l’industrie pharmaceutique et se recentrer sur sa mission humaniste originelle : garantir la santé pour tous, riches ou pauvres, dans un esprit de démocratisation et de solidarité mondiale…


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Commentaires

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  1. Quand il y a un mauvais coup à faire, on peut compter sur Donald Trump. En voilà un nouvel exemple.

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