Comment devient-on danseuse ? Brune de Guardia dévoile les coulisses d’un art exigeant

Brune de Guardia, élève en master au Conservatoire Supérieur de Paris, est venue lundi 3 février animer un atelier afterwork. Elle sera sur scène mercredi soir au théâtre d’Orléans pour le spectacle donné par l’Ensemble Chorégraphique du Conservatoire de Paris. Magcentre en a profité pour lui poser des questions sur la formation des danseurs-euses.

Brune de Guardia. Photo Kelsey Hunter.




Propos recueillis par Bernard Cassat.

 

Quel est le cursus proposé par le Conservatoire Supérieur de Paris ?

Une licence en 4 ans suivie d’un master en 2 ans. La particularité dans cette école, on peut y entrer entre 14 et 18 ans. Mais c’est un établissement d’enseignement supérieur. Après le bac, une année préparatoire et trois ans de licence. Plus éventuellement deux ans de master.


Comment se passent les diplômes ?

On a des examens théoriques tous les ans dans les différents cours : histoire de la danse, anatomie analyse fonctionnelle du mouvement. Et des notions de musique, théorique et concrète, de rythme. Des examens pratiques en plus, de technique de la danse, devant un jury de professeurs et la direction du Conservatoire. Ce sont des années exigeantes. 4-5 heures de pratique par jour minimum. Les 2 premières années, on a cours de danse uniquement le matin (4h). En-dehors du travail personnel. Mais après, en 3e et 4e année, c’est toute la journée. En parallèle, on n’est pas obligé mais beaucoup le font, on suit une licence d’études en danse à Paris 8. Complètement théorique. Donc on a des cours de fac le matin. Ensuite les répétitions l’après-midi et le soir des représentations. C’est quand même intense.

Et à la fin, il y a le prix du conservatoire, le certificat d’interprétation, un concours de sortie avec un jury externe. On présente trois solos différents, donc c’est plus important, c’est public, presque comme une représentation.


Avant le Conservatoire Supérieur, les élèves ont suivi des écoles ?

Oui, des écoles diverses. Pour moi, j’ai commencé à 4 ans. C’est le cas de pas mal de gens. Mais c’est dans un cadre amateur et de loisir. J’ai commencé à rentrer dans une perspective professionnelle, à passer des concours, à 15 ans. Pour d’autres c’est encore plus jeune. Il y en a qui entrent au conservatoire supérieur à 14 ans !


Vous travaillez des chorégraphies du répertoire ?

Pendant la licence, l’apprentissage est technique, avec deux cursus, classique et contemporain. Moi, j’ai suivi le contemporain. On fait du répertoire, des cours de compo personnelle, des cours d’improvisation. Donc une grande variété sur le plan physique. En master, on considère que notre bagage technique est validé, on rentre dans le domaine de l’interprétation. C’est ce qu’on va présenter mercredi soir. Dans les trois pièces, il y en a une du répertoire, le Boléro. Les deux autres sont contemporaines, et on a travaillé avec les chorégraphes.

Ensemble chorégraphique du Conservatoire de Paris. Photo Ferrante Ferranti


Alors justement, comment la danse est notée ? Il y a des partitions ?

Parfois. Ou pas. Il existe deux systèmes de notation au monde, qui sont d’ailleurs enseignés au Conservatoire. C’est sans doute la seule école qui le fait, dans un cursus complètement à part. Il y a une tradition de notation en France et en Angleterre. Mais sinon, il y a les interprètes qui ont créé la pièce. Pour le Boléro, par exemple, c’était le cas. On a travaillé avec des danseurs qui l’ont créé. La vidéo est aussi un outil. Mais le fait d’avoir un interprète qui a été dans la pièce, ça change tout. Quelqu’un qui a traversé le travail et qui a connu le ou la chorégraphe.


Après le diplôme, comment se passe l’entrée dans le métier ?

Il peut arriver qu’on soit repéré. Mais surtout, on fait des rencontres. C’est un peu l’intérêt des écoles, il y a beaucoup de passage. Mais beaucoup rentrent dans l’intermittence, qui est une sorte de gestion du chômage.


Ce sont toujours des systèmes de troupes ou de compagnies ?

Oui et non. Plus trop maintenant. Il y a des compagnies installées, par exemple l’opéra de Lyon ou celui de Paris. Des compagnies fixes avec des emplois fixes en CDI. Mais ce n’est pas du tout la majorité de l’emploi des danseurs en France. C’est plus le système de l’intermittence, travailler avec différents chorégraphes sur des projets différents. Ça veut dire faire des auditions par projets. Plus on connait de personnes, plus on a des affinités de travail. Et on ne repasse pas forcément une audition pour quelqu’un avec qui on a déjà travaillé, qui nous connait. En fait, il y a de moins en moins de subventions, donc de moins en moins de possibilités de création. Le Conservatoire aide beaucoup au niveau du réseau et du bagage technique. Mais l’emploi reste une inquiétude. Mais il y a d’autres pratiques que celle de danser sur scène. La médiation culturelle, par exemple, ce que je vais faire ce soir. Des ateliers autour de pièces. On peut aussi se tourner vers l’enseignement, mais notre diplôme n’est pas d’enseignement, il faut le compléter. Il peut y avoir la création, aussi. Mais bon, c’est plus compliqué.


Le spectacle de mercredi ? Toute la section sur scène ? Gros travail de mémoire ?

La question de la mémoire revient très souvent. Alors qu’en fait, ce n’est pas un enjeu premier. Au début d’un apprentissage, il faut faire appel à la mémoire et on n’est pas tous égaux par rapport à ça. Mais une fois que le travail est avancé, ce n’est vraiment pas la mémoire le problème. C’est collectif, donc il y a beaucoup de paramètres sur lesquels s’appuyer.


Mais justement, pour le collectif, il faut une synchronisation parfaite…

Oui. C’est beaucoup de travail sur de nombreux aspects différents. Quand les chorégraphes sont là, ce qui a été le cas pour deux des pièces présentées mercredi, ils nous font travailler les aspects qu’ils ont envie de montrer dans leur travail. On pourrait travailler de manière très différente. D’où la difficulté du répertoire, d’ailleurs.

Ensemble Chorégraphique du Conservatoire de Paris. Photo Ferrante Ferranti.


Ensemble Chorégraphique du Conservatoire de Paris

Mercredi 5 février

  • Boléro, extrait de la pièce : « Trois Boléros » de 1996 conçue par Odile Duboc et Françoise Michel
  • Entropie (2020) chorégraphie de Léo Lérus
  • Join (2024) chorégraphie de Ioannis Mandafounis

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