Réunis à Rome fin janvier, les journalistes catholiques francophones ne se sont pas fait prier pour s’interroger sur l’identité et la mission de leur profession. Quitte à solliciter une force supérieure pour concilier les intelligences artificielle et humaine.
L’actualité vue par RCF, le 29 janvier. (Capture d’écran)
Par Jean-Luc Bouland.
« L’IA devrait être utilisée comme un instrument complémentaire de l’intelligence humaine et non pas substituer sa richesse ». Ce mercredi 29 janvier, relayant les interrogations du Vatican de la veille, exprimées dans un document de 35 pages, la question était posée d’emblée sur la radio catholique RCF. Et nul doute que le nouvel évêque arrivé à Blois le 1er décembre, comme l’appréciait dans sa rubrique Religion la Renaissance du Loir-et-Cher cinq jours après, ne lui trouvera pas derechef une réponse. Comment appréhender l’arrivée tonitruante de l’intelligence dite artificielle qui interpelle une intelligence humaine déjà sujette à ses propres questionnements ? Prêts à rejoindre une pensée doctrinale estimant que « la prétention de remplacer Dieu par une œuvre de ses propres mains est de l’idolâtrie », certains y verraient même une création diabolique méritant un autodafé, bien que le très chrétien nouveau Président des USA brûle d’impatience de conquérir le monde en s’appuyant sur elle et ses affidés, de gré ou de force.
Une intelligence peu catholique ?
Le réseau RCF (dont Orléans), et la Renaissance du Loir-et-Cher, comme les bulletins paroissiaux Notre Vie à Blois (41), La Voix des clochers à Fontaine-la-Guyon (28) et le Renouveau à Briare (45), sont tous membres de la Fédération des médias catholiques francophones. À Rome, du 24 au 26 janvier, des représentants de celle-ci participaient au Jubilé des médias, programmé pendant les 28e Rencontres internationales Saint François de Sales. Tout un symbole, noté dans le compte-rendu fait par le média suisse cath.ch. « Le journalisme qui fige le mal sans voir les étincelles du bien trahit la vérité », selon le préfet laïc Paolo Ruffini, citant Italo Calvino. Celui-ci invitait « les journalistes catholiques du monde francophone à prendre le risque d’aller à contre-courant sans se laisser intimider par les nouveaux conformismes ». Vaste mission, qu’il serait tentant d’assimiler à du prosélytisme, alors qu’en cette réunion, Mgr Bruno Valentin, président du Conseil pour la communication de l’épiscopat français, estimait que « aujourd’hui moins que jamais, l’Église ne peut s’imposer, mais plus que jamais, elle doit s’exposer ». Pas question de se laisser retourner comme une crêpe, même en cette veille de Chandeleur.
L’actualité de décembre de la Renaissance du Loir et Cher, rubrique Religion. (capture d’écran)
Pour Anne Pons, directrice de La Croix, un média catholique ne doit pas être un relais de la doctrine, « mais l’incarner dans l’événement, mettre en évidence des hommes et des femmes qui sont témoins de l’élan évangélique, être à l’écoute des aspirations contemporaines, et chercher la vérité à travers la complexité du monde ». Et d’autres intervenants, tel le rédacteur en chef de l’hebdomadaire français Famille chrétienne, soulignaient que « ces interrogations s’accentuent à l’ère de l’intelligence artificielle, bouleversant les pratiques éthiques des éditeurs de presse ».
Le débat ne fait que commencer sur ce sujet, tandis que la lutte fait rage entre les technologies chinoises et américaines pour apporter (imposer ?) à moindre coût dans la vie quotidienne cette forme nouvelle d’intelligence programmée, pas vraiment incontrôlable. Et bien malin est celui qui peut dire aujourd’hui, même dans la sphère des médias de toutes obédiences, où elle nous conduira, comment, et au profit de qui…
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