Le film palestinien “Omar” était présenté en avant première ce lundi soir au cinéma des Carmes (Orléans). Il faut le dire, “Omar” est d’abord un beau film dont le scénario est parfaitement maitrisé avec des acteurs remarquables.
Bien sûr, c’est un film de guerre, de guerre d’occupation et donc il y a l’occupant et le résistant, celui qui est toujours appelé le “terroriste” par l’occupant… et “Omar” utilise parfaitement cet univers fictionnel pour en faire, non pas un film sur une guerre “juste”, mais juste un film de guerre, ce qui lui donne un caractère d’universalité d’autant plus fort.
On est en Cisjordanie de part et d’autre de cet invraisemblable mur, et l’exaspération des jeunes palestiniens les mène à des actes de résistance plus ou moins organisés. Et comme dans toute guerre d’occupation, ces actes conduisent à des arrestations où la torture sert des aveux dont l’issue est le chantage à la collaboration avec l’occupant. L’engrenage est diaboliquement décrit par ce film, où chaque camp joue son rôle sans fioriture, jusqu’à l’agent de renseignement israélien qui craint de perdre son job s’il n’obtient pas les résultats escomptés avec Omar devenu traitre à sa cause…
Reste cet insupportable désespoir devant cette guerre dévastatrice qui dure depuis plus de soixante ans, et dont l’issue semble s’éloigner chaque jour…
La projection était suivi d’un débat animé par Pierre Stambul, président de Fédération des Juifs de France pour la Paix, lui même fils d’un résistant ayant appartenu au groupe Manoukian (celui de “l’Affiche Rouge” de Léo Ferré), qui fut intégralement exécuté par la Gestapo suite à la trahison d’un de ses dirigeants, arrêté et retourné.
Au delà de la dénonciation de la guerre d’occupation menée par l’état dIsraël, la question de la paix est restée désespérément sans réponse, et preuve s’il en est de la difficulté, même en France, de débattre de ce sujet, deux personnes ont, dès le début du débat, quitté la salle en maugréant sur le caractère “mensonger” du film…
Gérard Poitou
“Omar ” un film de Hany Abu-Assad 1h 37
Prix du Jury “Un Certain Regard” Cannes 2013
Avec Adam Bakri, Waleed Zuaiter, Leem Lubany, Samer Bisharat
http://www.cinemalescarmes.com/