La Région vient d’inaugurer symboliquement le début des travaux du futur lycée Adrienne Bolland, à Châteauneuf-sur-Loire. Conçu pour être « le lycée du futur », ce projet ambitieux se distingue par ses aspirations écologiques, mais suscite également des interrogations sur l’impact de sa construction au sein d’une zone humide naturelle.
Par Mael Petit.
Après Joséphine Baker, ce sera donc Adrienne Bolland. La célèbre aviatrice et résistante française donne ainsi son nom au dernier lycée de la région Centre-Val de Loire situé à Châteauneuf-sur-Loire, le deuxième établissement inauguré du mandat régional en cours après celui localisé à Hanches en Eure-et-Loir. Un lycée « vert » au carrefour de la Sologne, de la Loire et du massif de la forêt d’Orléans. Sobrement présenté comme « le lycée de demain » ou « du futur » –c’est au choix – ce nouveau lycée doit accueillir ses premiers élèves à la rentrée 2027. Loin d’être anodin au regard du contexte budgétaire tendu impactant l’ensemble des collectivités, où de nombreux projets de construction sont reportés ou annulés. La région Centre-Val de Loire, elle, a maintenu son cap « en priorisant l’éducation », dixit le président de la région François Bonneau, avec un budget de 80 millions d’euros consacré à la construction entièrement porté par la Région. Le lycée Adrienne Bolland sortira donc bien de terre (presque) dans les temps, ce qui devrait réjouir les Castelneuviens, dont la maire de la ville Florence Galzin.
Car sur le plan de l’attractivité, la ville se frotte les mains. Deux options se présentaient à la Région : construire un établissement supplémentaire dans la métropole orléanaise, ou bien implanter ce projet en zone rurale, à la frontière de Châteauneuf. « Le choix de la ruralité traduit une volonté de désengorger les lycées urbains tout en répondant à un réel besoin en termes d’aménagement du territoire », justifie François Bonneau tout en soulignant la volonté de ne pas non plus vider le Giennois de ses jeunes. Outre la centaine d’emplois supplémentaire, les 1 200 jeunes qui fréquenteront l’établissement sont une aubaine pour le dynamisme local, sans compter le gain d’attractivité de Châteauneuf avec une telle infrastructure sur sa commune.
Zone humide fragile
Le futur établissement repose sur un concept ambitieux : conjuguer performance environnementale et bien-être des élèves. Le projet vise à préserver au maximum les caractéristiques du site, qui inclut un cours d’eau, des zones boisées à préserver et une riche biodiversité. S’intégrer dans le cadre et ainsi faire corps avec la nature en quelque sorte, au regard de la présentation du projet, confié aux architectes du cabinet Moon Safari. La structure sera principalement réalisée en bois et en matériaux biosourcés, afin de s’intégrer « harmonieusement » dans ce paysage verdoyant. Des toitures végétalisées couvrant 2.000 m² et 3.000 m² de panneaux photovoltaïques sont prévus pour garantir une performance énergétique optimale. Alors qu’un cours d’eau traversant le site sera « mis en valeur », symbolisant la colonne vertébrale de l’établissement scolaire. « Il ne faut pas voir cela comme une contrainte, mais prendre ces éléments de nature comme des atouts », souligne l’architecte Olivier Vanel. Et ce même si le mot « contraintes » revient continuellement dans les discours de présentation du projet. Mais pas question, notamment pour le président de la région Centre-Val de Loire, de laisser penser que cet ambitieux projet serait en décalage avec la réalité, voire déraisonnable. « À l’heure où la biodiversité est régulièrement menacée et que l’homme est dans une logique de prédation sur la nature, ce projet est une opportunité de démontrer que nous pouvons répondre à la fois aux défis environnementaux et pédagogiques », argue François Bonneau.
Cependant, la transformation de cette zone humide, précieuse pour drainer les eaux et abritant des espèces variées fragiles, reste un point sensible. Face au futur lycée, un autre projet, celui d’une nouvelle ZAC sur la zone humide de Marigny, provoque une levée de boucliers du côté des associations écologiques locales. Contestations dont n’a pas souffert la Région. L’étude de faisabilité validant le projet et les efforts pour minimiser l’impact environnemental avec le transfert de plusieurs espèces protégées ont permis de lever les derniers obstacles au démarrage du chantier. Mais la bétonisation, bien que maîtrisée ici, restera évidemment une transformation irréversible de cet espace naturel fragile.
Si le projet du lycée de Châteauneuf répond à des enjeux éducatifs, sociaux et territoriaux majeurs, il n’en reste pas moins un défi environnemental de taille. La région et la maitrise d’œuvre se sont engagés à minimiser l’impact du chantier et à valoriser les spécificités naturelles du site. Et espèrent que le lycée Adrienne Bolland devienne un exemple en matière d’intégration architecturale dans des espaces naturels.
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