Yaël Braun-Pivet s’offre une promenade de santé dans le Loiret

Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, s’est déplacée dans le Loiret afin de marquer la politique d’ouverture du Palais Bourbon. Au milieu d’une journée marathon à l’initiative de députés macronistes, elle est venue parler, notamment, de ménopause. Réelle volonté d’action en faveur de la santé des femmes ou exercice de communication ?

Yaël Braun-Pivet à la Maison de Santé Pluridisciplinaire de Saint-Marceau, accompagnée de Sophie Brocas, préfète du Loiret et de Stéphanie Rist, députée de la 1ère circonscription du Loiret. © Jeanne Beaudoin.


Par Jeanne Beaudoin.


Yaël Braun-Pivet peut s’en vanter, elle connait désormais parfaitement la géographie du département loirétain. Venue vendredi dernier dans les circonscriptions des députés macronistes du Loiret, la présidente de l’Assemblée – et députée des Yvelines – a profité de cette journée en province pour se reconnecter avec le terrain et y aborder en express plusieurs thématiques. Au programme, serrage de pinces sur le marché de Pithiviers, rencontres avec des agriculteurs et artisans locaux, visite d’une exploitation d’amandiers et découverte d’un tiers-lieu. Puis direction Orléans pour parler santé des femmes et ménopause à la Maison de Santé Pluridisciplinaire de Saint-Marceau. Un temps d’échange organisé sous l’impulsion de Stéphanie Rist dans le cadre de la mission parlementaire sur la ménopause confiée à la députée du Loiret à l’automne dernier. 

Briser les tabous de la ménopause

Lors de la table ronde à la Maison de Santé pluridisciplinaire de Saint-Marceau, Yaël Braun-Pivet était accompagnée de Sophie Brocas, la préfète du Loiret et de plusieurs élus : outre Stéphanie Rist, étaient conviés entre autres la députée de la 3ᵉ circonscription du Loiret, Constance de Pélichy, et Florent Montillot, premier adjoint d’Orléans. Des acteurs institutionnels marqués à droite, un entre-soi plutôt confortable pour parler d’un sujet aussi sensible que celui de la ménopause. 

Plusieurs professionnels de santé étaient présents autour de la table : médecins généralistes, gynécologues, sages-femmes ou encore diététiciennes. Trois objectifs ont été posés. Le premier, améliorer l’information autour de la ménopause afin de lever le tabou car, d’après Stéphanie Rist, une femme sur deux n’ose pas en parler à son mari. Le deuxième objectif concerne la prise en charge de la santé des personnes ménopausées. Alors que le dernier axe vise l’amélioration des effets de la ménopause sur la vie au travail, ce passage de la vie représentant un coût économique conséquent. Et dès le début de la discussion, Yaël Braun-Pivet donne le ton : « S’il y a un tabou autour de la ménopause, il ne doit pas y en avoir autour de cette table ». Elle affirme accorder une réelle importance aux droits des femmes et consacrer une partie de chacun de ses déplacements à cette thématique.

Table ronde organisée autour de la Santé des Femmes et de la ménopause. © Jeanne Beaudoin.


Pour la présidente du Palais Bourbon, et quel que soit le domaine de compétences, lorsque les décideurs sont tous d’un seul sexe, les problématiques ne sont globalement pas prises en compte, d’où l’importance d’une mixité dans tous les organismes. « Mais on ne peut pas le leur reprocher », tempère-t-elle malgré tout, sous-entendant que ce n’est pas la faute des hommes si la santé des femmes est reléguée au second plan, mais plutôt la conséquence du non-respect de la parité. La préfète Sophie Brocas s’est quant à elle questionnée s’il y avait réellement des impensés autour de la santé des femmes. Comme trop souvent, les prises de position contre le sexisme demeurent encore timides et nuancées…

« Il doit y avoir une consultation dédiée à la ménopause »

Les professionnels de santé étaient eux bel et bien réunis pour parler des problématiques qui touchent leurs corps de métiers, en particulier quand celles-ci ont des conséquences directes sur les patients. Bouffée de chaleur, sécheresse vaginale, fuites urinaires sont quelques-uns des symptômes de la ménopause. Cette période est à l’origine d’un véritable déséquilibre hormonal, avec un réel impact sur le vécu des femmes. Pourtant, cette période reste tabou alors qu’elle concerne actuellement 16 millions de femmes en France.

Plusieurs solutions ont été proposées. La première – et la plus susceptible d’être mise en place – est de rendre obligatoire une consultation dédiée à toutes les personnes qui entreraient dans la ménopause. Le Dr Parvine Bardon, gynécologue et obstétricienne retraitée explique : « Il y a une consultation dédiée pour la première contraception, il doit y en avoir une aussi pour la ménopause parce que c’est l’âge des problèmes de santé. Je pense que ce sera mis en place, ils nous ont bien entendu là-dessus, c’est vraiment très important. C’est là qu’on va pouvoir repérer les personnes à risques ».

D’autres enjeux ont été soulevés, notamment l’éternelle problématique du désert médical qui touche le Centre-Val de Loire. Notre région bat depuis plusieurs années un triste record, celle de la densité médicale la plus faible de la France métropolitaine. Avoir plus de médecins, c’est offrir à la population un suivi médical plus efficace. Il faudrait également favoriser l’accès au sport, abolir la notion de devoir conjugal et diffuser plus largement des informations sur ce phénomène biologique afin de mettre définitivement un terme au tabou. Un programme chargé.   

Les professionnels de santé espèrent, sans se faire trop d’illusions

Le docteur Parvine Bardon conclut, à posteriori de cette table ronde, que « c’était quand même une opération de communication ». Bien que satisfaite de la mission parlementaire dédiée à la ménopause que porte Stéphanie Rist, car elle « connaît bien la problématique de la désertification des médecins qu’il y a dans notre département ».

Le Dr Claire Kingué, gynécologue obstétricienne à la maison de santé pluridisciplinaire de Saint-Marceau, assure être surprise de la qualité d’écoute des politiques, mais ne s’attend pas à de grands changements. « Les politiques nous ont donné l’impression qu’il y avait une réelle écoute, après, est-ce qu’elles vont donner suite à nos réclamations ? On ne se fait pas beaucoup d’illusions non plus. On aimerait qu’elles nous surprennent mais je ne suis pas sûre qu’elles aient autant de moyens à mettre à notre disposition ».

Les élus présents étaient majoritairement des femmes directement concernées par la ménopause, peut-être ces dernières porteront-elles à l’Assemblée les revendications de toutes les femmes. « Je pense qu’il y a une impression générale que tous les politiques sont déconnectés de la base », regrette le Dr Kingué. 

Le cœur du problème : un système de santé de plus en plus défaillant

Selon le Dr Parvine Bardon, la stratégie actuelle pour palier au manque de gynécologues consiste à déléguer aux sages-femmes, moins formées sur le sujet, le suivi de la plupart des femmes. Une solution qu’elle décrit comme « cosmétique » car elle ne résout pas le cœur du problème. « On prend les choses à l’envers », poursuit-elle, notamment parce qu’il y a beaucoup de communication qui est faite autour du cancer du sein avec, par exemple, Octobre rose. Pourtant, « c’est très difficile d’avoir un rendez-vous de mammographie. On prône le dépistage mais on ne fait pas en sorte que les patientes puissent facilement y accéder »Il faudrait ainsi, d’après elle, former plus de radiologues et mieux rémunérer les mammographies

Si obtenir un rendez-vous de mammographie n’est pas aisé, la prise en charge en cas de cellules cancéreuses est encore plus compliquée. Il n’y a pas assez de traitement, ni assez de personnes formées. Cela peut prendre du temps dans des cas qui demandent de la réactivité. « Il y a deux poids deux mesures dans un système qui se veut égalitaire mais qui l’est de moins en moins. Maintenant, il faut être pistonné pour avoir des rendez-vous médicaux. On ne peut pas faire plus avec moins », poursuit le Dr Parvine Bardon.

Selon elle, la solution serait de créer, dans chaque quartier, une maison de santé pluridisciplinaire qui fonctionne aussi bien que celle de Saint-Marceau. Elle trouve dommage que la majorité des professionnels de santé travaillent isolés dans leurs cabinets, alors qu’ils pourraient travailler en coordination dans une maison dédiée. Pas un hasard d’ailleurs si cet échange avec les parlementaires ait été organisé à la maison de santé pluridisciplinaire de Saint-Marceau, maison de santé qui fonctionne très bien. 

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Regard sur la ménopause

Commentaires

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  1. Donc pour résumer cette rencontre les élu(e)s sont venus, ont vu (ce qu’ils avaient choisi de voir) et sont repartis.
    Mais la présidente de l’Assemblée (renommée à ce poste de façon bien curieuse) et qui cherche à se placer pour la prochaine course de petits chevaux présidentielle ( entre autre en se distinguant de Byerou et sa “submergence”) a bien manoeuvré pour ne pas se retrouver face à du personnel soignant susceptible de la confronter à son suivisme macroniste. (destruction tous azimuts des structures publiques y compris de santé)

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