Des sous, de la tune, des pépettes, du flouze, de la braise, du cash, peu importe comment on le nomme, le pognon n’a jamais coulé comme un long fleuve tranquille sous les ors des villes et communes de l’hexagone. Depuis plusieurs mois, les plus importantes d’entre elles doivent même réduire de manière drastique la voilure. Bourges ne devrait pas échapper aux coupes franches. En 2025, ce ne sera probablement pas Panem et Circenses pour le peuple berrichon…
Par Fabrice Simoes.
Qu’on se le dise, l’année qui débute ne sera pas celle du pain et des jeux pour les Berruyers. À Bourges, en début de mandat de Yann Galut, la dette était à 116 millions d’euros. Dans son programme, il avait annoncé sa volonté de descendre sous la barre des 100 millions en fin d’exercice. Dans le contexte contraint actuel, il ne faut pas se laisser aller si on veut atteindre ses objectifs.
Même si, pour l’heure, le projet de loi de finances (PLF) 2025 est une copie conforme à celui de l’année précédente, motion de censure oblige, tout à chacun s’accorde pour estimer qu’une nouvelle mouture devrait être votée avant le printemps. Une version assez proche de celle proposée par Michel Barnier à l’automne dernier. Des choix économiques sont donc devenus obligatoires depuis que le coup de rabot berruyer est estimé à, peu ou prou, 3 millions d’euros… Dans cette optique, la ville de Bourges, veut anticiper pour faire face à cette nette réduction budgétaire. Selon le Berry républicain le dilemme est de « maintenir dans sa quasi-globalité le niveau des subventions aux associations, de préserver l’emploi et le service public » tout en ne reniant pas la promesse de « ne pas augmenter la part communale des impôts ». Dès lors, la majorité municipale, sans trop de réactions de la part de l’opposition, a décidé de concentrer ses efforts sur les secteurs de l’événementiel et des ressources humaines. Et les choix c’est toujours compliqué !
Culture versus Sport et amusement
En octobre dernier, la direction de la friche artistique Antre Peaux, lançait un appel, pas encore à l’aide mais au soutien du public, pour pérenniser pour un temps ce « lieu de partages possible grâce à l’implication des équipes salariées, des bénévoles, des adhérent·es, des partenaires et de vous toustes. » Dans « une période de grande incertitude » la structure évoquait les baisses possibles des aides au monde de la culture qui auraient pour conséquence des répercussions immédiates sur les emplois ainsi que sur l’activité de la structure. L’effet serait radical avec, dès 2025, une réduction de la programmation et par là même la capacité à accompagner les artistes et les publics. « Les politiques nationales et la fragilité du modèle économique associatif pèsent directement sur la continuité du projet. Cet état de fait n’est pas propre à Antre Peaux, c’est tout le tissu associatif, artistique et culturel national qui est touché », était-il expliqué sur les réseaux sociaux. Depuis, la ville de Bourges a voté une subvention de fonctionnement exceptionnelle de 150 000 €.
Une subvention votée en novembre mais seulement annoncée en janvier, dans le journal local, le jour où des coupes budgétaires étaient aussi en page. Et qui concerne essentiellement des événements sportifs. De quoi déclencher l’ire des représentants dudit mouvement sportif mais aussi des amateurs d’animations populaires et gratuites qui, eux, d’après les premiers arbitrages municipaux, devraient voir leurs horizons nettement s’assombrir. Dans l’attente d’un nouveau budget national, pour le moment pas de subvention pour la course cycliste Paris-Bourges, ni pour le marathon du Cher, par exemple. Pas plus de subvention pour les états généraux du sport féminin non plus. Problème, si les états généraux peuvent être décalés, il en est tout autrement des deux premières manifestations citées. L’une et l’autre sont inscrites dans des calendriers fédéraux, avec tous les impératifs qui sont associés. Et même si elles n’auront lieu que dans quelques mois, des engagements ont déjà été pris. Autre suppression, celle de la subvention pour la « descente infernale ». Cette course de caisse à savon, organisée par l’agence événementielle Signature frisson, se déroulait au cœur de la cité berruyère. Elle bénéficiait, de plus, du soutien des services techniques municipaux. Et l’employé communal, quel qu’il soit, ça coûte… Ainsi, de coupe en coupe, le maire de Bourges, Yann Galut, et sa majorité, veulent ranger dans la boîte à économie le moindre écu sonnant pour qu’il soit moins trébuchant.
Il est indéniable que l’idéal serait de faire du vélo, courir, descendre une rue en pente dans une caisse à savon en sachant pourquoi on le fait. Pour l’heure, il faut faire des choix… et expliquer à des gens éduqués que trois patates d’euros à gratter dans un budget, ça commence à faire, est peut-être plus facile.
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