Malgré la ponction imposée par le gouvernement, l’agglomération va poursuivre ses grands investissements, largement supérieurs à ses recettes. La dette va donc sensiblement augmenter mais pas les impôts !
Par Jean-Jacques Talpin.
Entre le gouvernement Barnier et celui de François Bayrou, une même litanie : les collectivités territoriales dépensent trop et doivent être mises à contribution pour résorber en partie le déficit vertigineux des dépenses publiques. La « douloureuse » sera pourtant un peu moins violente avec François Bayrou. N’empêche, si l’on ajoute l’effort demandé par Paris à une contribution à la caisse de retraite des fonctionnaires territoriaux et à un « fonds de précaution », la Métropole d’Orléans devra faire un effort proche des huit millions d’euros. « C’est extrêmement décevant, a commenté jeudi soir le président de la Métropole Serge Grouard lors du débat sur les orientations budgétaires 2025, car la diminution de la contribution initiale est faible. J’espérais plus. Les métropoles vont être toutes impactées, cela aura des conséquences qui vont se démultiplier ».
La dette s’envole !
Certes l’épargne nette va être rognée de 4 M€. Pourtant les investissements qui seront inscrits dans le budget primitif qui sera voté le 3 avril prochain approcheront les 118 millions contre 110 millions en 2024. Un chiffre record bien supérieur à celui d’autres métropoles comme Tours mais qui a aussi sa contrepartie : une hausse de la dette de 40 millions cette année. La tendance à la stabilisation de cette dette (710 millions en 2024 comme en 2025 « preuve de notre excellente gestion », s’auto congratule M. Grouard) va donc être rayée d’un trait de plume. La Métropole d’Orléans vit donc au-dessus de ses moyens avec de gros projets (35M€ pour les infrastructures, 25 M€ pour l’université, 3 M€ pour les Mails, 4,6 M€ pour la rénovation de l’éclairage public, etc.) qui sont déjà lancés et donc impossibles à être remis en cause. Pas question donc d’abandonner le projet « pharaonique » des Mails comme le demande la communiste Sylvie Dubois. « On avait prévu 25 millions, finalement ramenés à 15 puis 3 millions, répond Serge Grouard. C’est raisonnable ! ».
La dette au service de l’attractivité
Mais beaucoup en conviennent et Serge Grouard le premier, 118 millions c’est trop. La Métropole aimerait revenir à 100 millions par an même si en début de mandat le grand argentier Michel Martin avait fixé un plafond de 70 millions annuels à ne pas dépasser. À défaut d’augmentation des impôts, la dette va donc augmenter entraînant une détérioration de certains ratios financiers comme la capacité de désendettement qui passera de 7,7 ans à 8,5 ans.
Certes pour le socialiste Christophe Lavialle « il ne faut pas céder au catastrophisme car la dette à son utilité » en finançant des investissements qui accroissent l’attractivité de l’agglomération. Florent Montillot (UDI) est sur la même longueur d’ondes : « À Tours ils ne sont même pas d’accord sur le tracé de la seconde ligne de tram que nous avons réalisée il y a longtemps. Sans le projet universitaire Madeleine il n’y aurait pas de fac de médecine. Ces choix sont coûteux mais avec des impacts favorables sur l’attractivité de notre métropole ».
Gel des emplois
Mais fidèle à la vérité des chiffres, le maire d’Olivet Matthieu Schlesinger rappelle que cette année le remboursement du capital de la dette progressera de 10 millions et les frais financiers de 7 millions. « Il y a des questions structurantes à se poser pour le prochain mandat car ce n’est pas tenable ! » prévient-il. Après un séminaire des maires tenu le 11 janvier les services sont donc partis à la chasse au gaspi en revoyant chaque ligne budgétaire et en réalisant quelques coupes notamment sur la subvention à Topos, l’agence d’urbanisme, et sur les frais de personnel. Le prochain budget devrait inscrire la suppression de 21 emplois équivalents temps plein (ETP) ce qui annonce pour certains élus de gauche « la casse des services » d’autant plus que la socialiste Carole Canette entrevoit une suppression finale d’une soixantaine d’ETP.
2026 annus horribilis ?
« Mais ce ne seront pas des suppressions mais un gel, répond Serge Grouard. Nous sommes passés de 1 290 ETP en 2022 à 1 370 en 2025, et la masse salariale passera de 62,6 millions l’an passé à 63,8 cette année ». Ces orientations budgétaires devraient être actées dans le prochain budget qui ne sera pas voté à l’unanimité. Cela dit, tous les élus ont le regard fixé sur l’année pré-électorale 2026 qui pourrait être du même calibre que 2025. « Comment faire en 2026, s’interroge Serge Grouard, car à l’impossible nul n’est tenu ! »
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