La Directrice du Grand Souk, seule en scène, fait revivre Maria Pacôme au travers d’un texte écrit et joué au théâtre de la Michodière en 2004, à l’âge de 81 ans, où la célèbre actrice livrait ses souvenirs d’une vie consacrée au théâtre et au cinéma. Poignant et séduisant !
Par Bernard Thinat.
On l’entend râler, se plaindre derrière les rideaux, et la voilà qui apparaît devant le public pour annoncer que le spectacle n’aura pas lieu, le producteur demandant un spectacle sur les fables de La Fontaine, ce dont l’actrice n’a manifestement que faire. Elle aurait préféré Henri Michaux, le poète d’un « certain Plume ». Rideaux bientôt ouverts, côté jardin un fauteuil style classique, côté cour une petite table et une chaise rouges. Trois tableaux sont suspendus, un corbeau, un renard et le portrait du fabuliste.

Manouchka Récoché dans l’éloge de ma paresse – Photo Clodelle45
Veste et pantalon noirs sous un manteau astrakan qu’elle aura tôt fait d’enlever, petit sac jaune qu’elle laisse à terre, Manouchka Récoché, ou Maria Pacôme, on ne sait plus tant l’une se fond dans l’autre, déroule une partie de sa vie. Elle est au théâtre, mais nous parle cinéma, confie qu’elle aurait aimé monter les marches à Cannes et les redescendre, parce que le cinéma est reposant contrairement au théâtre où c’est l’enfer.
Elle évoque pêle-mêle ses grands-parents, sa mère, sa résidence secondaire où elle ira demander aux voisins de « ranger » leurs enfants trop agités et qui l’empêchent de se reposer. Elle n’oublie pas ses animaux de compagnie, un chat « audacieux » dit-elle qui ose la regarder droit dans les yeux, ses chiens, son perroquet à qui elle a appris à dire deux courtes phrases. On ne racontera pas tout, la vie de Maria Pacôme fut des plus riches et des plus exaltantes.

Photo B.T.
Manouchka Récoché arpente la scène, tantôt s’assoit, possède l’art d’occuper tout le plateau, très bien dirigée par Frantz Herman, le metteur en scène de la Cie orléanaise « la Petite Elfe » dont Magcentre avait dit beaucoup de bien lors de la récente création « Agnès de Dieu ». Manouchka sait parfaitement capter l’attention du public, durant 1 heure 10, diction parfaite, partageant l’émotion dont on la sent envahie dans la peau de Maria Pacôme, décédée en 2018, dont elle nous dira avoir assisté à la toute dernière représentation parisienne.
On pourra voir Manouchka dans les mots de Maria Pacôme, ou Maria dans le corps de Manouchka, sur scène, pour peu que les communes osent délier leurs bourses consacrées à la culture. Parce que jouer sans être payée pour une artiste professionnelle, ça va un peu, mais à la fin, ça ne va plus du tout !
L’éloge de ma paresse
Autrice : Maria Pacôme
Mise en scène : Frantz Herman
Jeu : Manouchka Récoché
Agenda
7 mars : Espace Montission à Saint Jean le Blanc
21 mars : MAM à Orléans
27 mars : Salle François Rabelais à Ormes
29 mars : Salle des Fêtes de Rebréchien

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