C’est le mois du sans alcool ! Le défi du « pas une goutte » pour tenter de réduire sa consommation un temps, voire plus… Mais alors que boire en soirée ou lors de repas sans transiger sur le festif ? Près d’Orléans, un couple a lancé, il y a un an, un élixir de gingembre 100% bio et sans alcool aussi désaltérant que gourmand.
Estelle et Thomas Fischer ont lancé leur boisson artisanale 100% bio à base de gingembre pour offrir du sans alcool festif. Photo Estelle Boutheloup
Par Estelle Boutheloup.
« Que proposer à des personnes qui ne boivent plus ? En dehors des classiques sodas et jus de fruits, il n’y a pas grand-chose d’intéressant pour les adultes… » C’est le constat que font régulièrement Thomas et Estelle Fischer lors de soirées. Chez eux, à Saint-Lyé-la-Forêt, au nord d’Orléans, ils testent des recettes par habitude – Thomas a déjà créé une bière locale, Les Mardelles, entre 2017 et 2021 – et consomment aussi du gingembre, cette plante d’Asie dont ils vont découvrir différentes utilisations culinaires au fil de voyages et déplacements professionnels. Il faut dire que Thomas est alsacien et que pas très loin, il sait que les Allemands en consomment beaucoup. « Ils prennent des shots le matin à jeun », renchérit Estelle, analyste financière pour une société suisse. « Ici, en France, le gingembre est peu consommé. »
8 ingrédients seulement
Qu’à cela ne tienne ! À coups de dosage, de mélange, de tests auprès des amis, Thomas trouve il y a un an, une recette équilibrée et savoureuse, Zingiber 45 (Zingiber, nom latin du gingembre). « Une tuerie », selon l’ingénieur qui travaille dans une grande société américaine, aux manettes du procédé de fabrication. « Une boisson puissante, qui a du caractère, qui fait du bien et que l’on veut partager. » Un élixir local, 100% bio et sans alcool donc, à base de 45% de gingembre – « pour le moment du Pérou mais l’idée est de pouvoir reconverger vers des produits nationaux ». Et pour arrondir le côté piquant et poivrée de l’épice, du citron vert bio qui apporte de la tonicité et aide à la conservation, du miel d’été de Romorantin (Loir-et-Cher), un peu de sucre de canne et un mélange d’herbes et d’épices tenu secret. « Au départ nous voulions faire du 100% frais, mais finalement nous avons opté pour un procédé de pasteurisation, chaque étape faisant appel à un process au degré de température près ».
Conditionné en flacon de 200 ml ou 500 ml, le Zingiber 45 se consomme aussi bien en cocktail qu’en cuisine. Sa bouteille en verre est consigné, résiste au lavage et aux hautes températures. Photo FD
Une production artisanale
Lavage, brossage, épluchage du rhizome (tige horizontale qui pousse sous la terre où la plante stocke son énergie), pressage à froid, mélange, chauffage… tout est fait de A à Z par Estelle et Thomas chez eux dans un atelier dédié jusqu’à la mise en bouteille dans un flacon sobre, joli et consigné. « Une bouteille avec un étiquetage qui tient au lavage et à la haute température. Toutes les bouteilles sont également numérotées pour assurer la traçabilité et nous avons mis en place un système de consigne de 1€ là où le produit a été acheté », explique Estelle, soulignant un retour seulement de 8-10%… « Ce n’est pas encore ancré dans les mentalités… ». Si pour l’heure, la production de Zingiber 45 reste encore confidentielle – entre 1 500 et 2 000 bouteilles vendues en épicerie fine, chez des traiteurs et des cavistes – la distribution devrait s’étendre prochainement sur Paris, la Côte d’Azur, l’Alsace et l’Auvergne. « Lorsque l’on fait goûter la boisson, 9 fois sur 10 les gens adhèrent et achètent », poursuit Thomas.
D’autant que les bienfaits du gingembre sont aujourd’hui multiples (anti-inflammatoire, aide à la digestion, soulage les douleurs articulaires et arthrosiques, effet relaxant…) et qu’il a toute sa place en cuisine : « Sur du poisson, dans les marinades de viande, sur des carottes et autres crudités, dans le yaourt ou la salade de fruits, le muesli, chaud en tisane avec un sachet de camomille ou de verveine, en shot ou en cure 2 cl à 3 cl chaque matin, mais aussi dilué dans de l’eau pétillante, dans un crémant ou un champagne, en cocktail », énumère Estelle. Comme quoi mettre du festif dans du sans alcool c’est possible ! En attendant une seconde version plus puissante dans un an.
Rubrique parrainée par CODIFRANCE. Photo d’ouverture Estelle Boutheloup
OK DOC’
Anti nausées ? Certainement. Anti-inflammatoire ? À prouver. Aphrodisiaque ? Pas si sûr…
« Au-delà de son utilisation en tant qu’épice ou condiment, le gingembre a des propriétés médicinales. Il possède une action anti-émétique (contre les nausées et vomissements) reconnue et utilisée dans le mal des transports et les nausées de la grossesse. Les études n’ont pas montré d’effets néfastes sur la sécurité de la mère, du fœtus et du nouveau-né pour des doses inférieures à 2g/jour. Ses effets anti-inflammatoires, souvent cités, sont insuffisamment démontrés. Le gingembre possède des caractéristiques antioxydantes qui suggèrent une action bénéfique sur les maladies cardio-vasculaires et les cancers mais elle reste à vérifier. Malgré sa réputation les études du comportement sexuel n’ont pas mis en évidence d’effets aphrodisiaques.
Le gingembre peut interagir avec certains médicaments, notamment les anticoagulants (comme la warfarine), les médicaments contre le diabète et l’hypertension. Par ailleurs on ne retrouve pas de toxicité aigüe ou chronique lorsque la prise de gingembre se fait aux doses ne dépassant pas 2 g par jour en prises fractionnées pendant 5 jours. » Docteur Jean-Paul Briand.