La Rêveuse toujours aussi dynamique en 2025

L’ensemble de musique ancienne La Rêveuse domicilié à Orléans affiche une riche programmation pour l’année à venir. Même si des incertitudes planent sur la culture dans le contexte actuel, l’ensemble dirigé par Florence Bolton et Benjamin Perrot poursuit ses explorations et productions d’une musique qui devrait révéler de belles surprises sur l’année à venir.

Florence Bolton et Benjamin Perrot. Photo Jean Dubrana



Par Anne-Cécile Chapuis.


Nous avons pu rencontrer Florence Bolton juste après la parution du nouvel album de La Rêveuse. Consacré à Marin Marais, il a fait l’objet d’une présentation publique à la librairie Les Temps Modernes, qui a dû refuser du monde tant l’affluence était dense. Et pour cause ! La Rêveuse est bien connue du public qui apprécie l’originalité de son créneau, tant dans les musiques qu’elle déniche, que par la transmission qu’elle développe auprès de tous publics, lors de concerts, spectacles, ateliers, conférences ou interventions en milieu scolaire.

Magcentre : Florence Bolton, comment allez-vous ?

Florence Bolton : Benjamin Perrot et moi-même apprécions la trêve des confiseurs avec quelques jours de calme que nous mettons à profit pour préparer les productions à venir. Par exemple, je suis en train de terminer la réalisation du livret de notre prochain CD sur Londres 1760 qui devrait paraitre à l’automne prochain chez Harmonia Mundi.

Florence Bolton, une passionnée d’histoire et de musique. Photo AC Chapuis


Pouvez-vous nous en dire plus sur cet enregistrement ?

Nous avons exploré ces dix dernières années la musique à Londres sur quatre périodes de 20 ans depuis 1700, afin de dresser une cartographie de l’évolution de la musique du Royaume-Uni au XVIIIe siècle, en lien avec l’histoire sociale du pays. Après la fin des années Purcell (1700), l’Héritage de Corelli (1720), et Les musiciens d’Haendel (1740), voici les années 1760 et le règne de Georges III, un roi dont les Anglais ont surtout gardé en mémoire qu’il a fini fou et « perdu » les colonies américaines. C’est un roi injustement passé aux oubliettes, car il a beaucoup œuvré pour son pays et encouragé les arts. Le Londres de cette époque, s’engage, après la mort d’Haendel qui a brillé sur le monde musical anglais pendant quarante ans, dans une nouvelle direction : on se passionne pour la musique allemande « moderne », la musique galante, l’Empfindsamkeit, qui précède le romantisme. Londres mais aussi les provinces restent en même temps attachées à leurs traditions et à un certain patriotisme, dont Haendel, à qui l’on continue de rendre hommage, deviendra un symbole. Nous évoquerons quelques-uns des grands artistes qui ont fait vibrer les Londoniens et souligné la diversité de l’offre culturelle : Johann Christian Bach et Carl Friedrich Abel qui s’associent pour monter une grande série de concert à Londres, Thomas Erskine, Comte de Kelly, un noble Ecossais parti étudier à Mannheim avec Carl Stamitz, Ann Ford et quelques autres femmes qui osent gagner leur vie avec la musique, ce qui n’est pas du goût de tout le monde… Rappelons aussi que Londres a accueilli deux visiteurs de grand talent, Mozart et Haydn !


Quels sont vos autres projets ?

Nous continuons à monter des projets thématiques qui peuvent se décliner en concerts, spectacles, conférences, pour toutes sortes de publics… Après le projet des Oiseaux et Le Carnaval des animaux en péril, qui tournent encore beaucoup, nous travaillons sur le thème du Temps. Tempus fugit, qui fait se rencontrer danse baroque/contemporaine, musique baroque/contemporaine et vidéo, avec la complicité du compositeur Vincent Bouchot, du vidéaste Antonin Bouvret et du danseur Pierre-François Dollé, sera créé aux Nouvelles Traversées de Noirlac, le 5 juillet prochain. Nous serons en résidence au CCNO en janvier, et à l’Unisson Saint-Jean-de-la-Ruelle début mai.

Les ateliers de musique ancienne de La Rêveuse, qui regroupent cette année une bonne dizaine d’élèves venus d’un peu partout pratiquer avec nous la musique baroque à Orléans, sont en pleine forme avec de beaux projets. Nous donnerons un concert le 1ᵉʳ février à 16h à la Médiathèque d’Orléans, au 4ᵉ étage, dans un lieu ouvert qui permet de rencontrer toutes sortes de public et de présenter les instruments anciens, encore peu connus et peu pratiqués à Orléans.

Nous lançons aussi en cette nouvelle année un cycle de conférences en collaboration avec la librairie Les Temps Modernes, « Tout ouïe, histoires de la musique » pour ceux qui veulent découvrir la musique autrement, par d’autres biais comme l’histoire, l’histoire des arts, la biodiversité, la littérature, etc. La première sera le 1ᵉʳ mars.

La Rêveuse aime à expliquer la musique auprès de tout public. Ici au Musée des Beaux-Arts d’Orléans dans le cadre des Cités éducatives en 2023. Photo AC Chapuis


Et côté concerts ?

L’agenda est toujours bien rempli, nous voyageons beaucoup mais nous n’oublions pas Orléans ! Nous sommes programmés par le Orléans Bach Festival le 30 mars prochain à 17h au temple, avec un très beau programme autour de Marin Marais et son maître Sainte-Colombe. Pascal Quignard avait beaucoup marqué les esprits avec Tous les Matins du Monde. On nous parle souvent de Jean-Pierre Marielle, qui est resté un inoubliable Monsieur de Sainte-Colombe, mais nous travaillons depuis quelques mois avec un musicologue sur le sujet, afin d’apporter de nouvelles informations sur ce personnage qui reste nimbé de mystère.


Pouvez-vous nous en dire plus sur vos partenariats ?

Nous entamons en 2025 une résidence croisée de 3 ans sur deux lieux prestigieux, le Centre de Musique Baroque de Versailles (CMBV) et le Centre Culturel de Rencontres de l’abbaye de Noirlac.

Cela nous encourage bien sûr dans nos projets en cours et nous pensons travailler sur les liens (nombreux !) entre musiques savantes et musiques populaires.

Nous travaillons beaucoup avec les programmateurs de musique et de théâtre, mais nous sommes heureux de tourner également dans d’autres circuits, comme ceux des universités, des musées, ou encore des médiathèques. Nous avons récemment joué au festival Terres d’Oiseau de Lorient et irons au printemps au festival de l’Oiseau et de la Nature dans la baie de Somme. Nous apprenons beaucoup par ces rencontres et avons du plaisir à faire connaitre la musique dans de tels cadres car, finalement, on n’imagine pas forcément que la musique est un sujet que l’on peut relier à la nature et à l’écologie, mais elle l’est.

Nous sommes invités par le musée Berlioz au mois de juin, ce dont je me réjouis car rien ne nous fait plus plaisir que de relier des mondes qui, à priori, ne le sont pas.


Quels sont vos vœux pour 2025 ?

Je souhaite que la musique soit signe de rencontres, de découvertes, d’approches de nouveaux publics. Et, bien sûr, qu’elle continue à être soutenue par tous les acteurs des territoires, et notamment à Orléans, où nous sommes impliqués et désireux de contribuer à faire vivre le tissu culturel.

Cet appel est entendu et nous relayons bien volontiers les élans et talents des musiciens qui, riches et nombreux à Orléans, savent mettre leurs compétences au service de leur art et du public qui les attend de pied ferme pour l’année à venir !


Pour aller plus loin dans Magcentre :

Un jardin de délices avec la Rêveuse à la Scène nationale d’Orléans

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