Invisibles à l’œil nu, les nanoplastiques, dont la taille se mesure en milliardièmes de mètre (nanomètre), sont omniprésentes dans l’environnement. On les retrouve dans nos aliments, les cosmétiques, les textiles, les matériaux de construction… Leur utilisation soulève des inquiétudes quant à leurs effets potentiels sur la santé et l’environnement.
Illustration – Cliché Pixabay
Par Jean-Paul Briand.
Les nanoplastiques proviennent de la fragmentation des déchets de plastiques sous l’effet des rayons ultra violets solaires, des vagues, de l’abrasion. Ils peuvent également être produits directement dans certains procédés industriels ou cosmétiques (billes exfoliantes des produits de beauté). Ces particules, issues de la dégradation des plastiques, sont mille fois plus petites qu’un cheveu. Leur très petite taille leur confère une grande mobilité et une propagation possible dans tous les milieux : les mers et océans, les sols, l’air et même dans les aliments et l’eau que nous consommons.
La lutte contre les nanoplastiques est un sujet de préoccupation majeure
Les nanoplastiques pénètrent facilement dans les organismes vivants par inhalation, ingestion et contact cutané. Ils peuvent traverser les barrières biologiques, comme la barrière hémato-encéphalique ou le placenta et atteindre divers organes. Vecteurs de perturbateurs endocriniens (PE), les impacts sur la santé s’aggravent. Les nanoplastiques contiennent par eux-mêmes des additifs chimiques, tels que les phtalates, le bisphénol A, les alkylphénols et les retardateurs de flamme bromés, qui sont des PE connus. Encore peu étudiée, l’exposition combinée aux nanoplastiques et aux PE pourrait avoir des effets synergiques : c’est-à-dire que les effets combinés seraient plus importants que la somme des effets de chaque substance prise individuellement. Les conséquences sont potentiellement graves sur la reproduction, le développement, le métabolisme et d’autres fonctions physiologiques. La lutte contre les nanoplastiques et les perturbateurs endocriniens est un sujet de préoccupation majeure du 4ème plan régional santé environnement (PRSE) de la Région Centre-Val de Loire. En partenariat avec l’Université et le CHRU de Tours, une conférence sur leurs menaces pour la fertilité est également prévue à Tours le 6 février 2025, (18h30/20h, salle des fêtes de l’Hôtel de ville).
Le recyclage fonctionne mal
Dans son rapport sur les impacts des plastiques sur la santé humaine présenté en novembre dernier, le député Philippe Bolo annonce que la production mondiale de plastique « a doublé au cours des 20 dernières années et devrait dépasser les 500 millions de tonnes en 2024, ce qui représente environ 60 kg par terrien. Selon les projections de l’OCDE, la production de plastiques devrait atteindre 750 millions de tonnes en 2040 et dépasser un milliard de tonnes avant 2050 ». Les déchets plastiques suivent logiquement cette courbe croissante : ils devraient passer de 360 millions de tonnes en 2020 à 617 millions en 2040. Or, même dans les pays les plus avancés en termes de collecte, de tri et de traitement, le recyclage fonctionne mal. Ainsi en France, en 2018, sur les 3,6 millions de tonnes de déchets plastiques produits, seul 600 000 tonnes ont été réellement recyclées, soit 17 %.
Le traité contre la pollution plastique n’a pas abouti
Afin de lutter contre les risques liés au plastique, la cinquième Assemblée des Nations unies pour l’Environnement (ANUE-5) a adopté en mars 2022 une résolution en vue de négocier un traité mondial de lutte contre la pollution plastique. Malheureusement l’ultime session des négociations pour approuver ce traité international, qui a eu lieu du 25 novembre au 1er décembre 2024 en Corée du Sud, n’a pas abouti. Un groupe de pays producteurs de pétrole dont la Russie, l’Arabie saoudite, le Venezuela, l’Irak et l’Iran ne souhaitent pas la mise en place de réductions contraignantes. La production de plastique et de ses déchets continue d’augmenter. Les négociations devraient normalement reprendre en 2025. Espérons que la raison l’emportera…
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