Les châteaux de Touraine en habits de fêtes pour Noël #2

Amboise, Azay-le-Rideau, Chenonceau, Chinon, Langeais, Loches, Villandry… Jusqu’au 5 janvier, c’est Noël dans les grands sites du Val de Loire ! En habit de fêtes et de lumières, sept châteaux vous plongent une fois encore dans sept ambiances différentes mais dans une seule et même magie. Un « Noël au Pays des Châteaux » où artistes, fleuristes et créateurs donnent vie à des scénographies inattendues et féeriques. Effet « wahou ! » garanti pour les grands et les petits. [Partie 2/2]

Par Estelle Boutheloup

Azay-le-Rideau, royaume gourmand du pain d’épice

Pour chaque Noël, la gourmandise s’invite à Azay-le-Rideau. « Une gourmandise qui évoque les fêtes et qui se prête à mille déclinaisons possibles », assure Catherine Danielou, responsable communication du site. Connu depuis l’Antiquité, celui qui va régaler cette année yeux et papilles, c’est le pain d’épice. Encore faudra t-il réussir à discerner le vrai du faux ! Exercice artistique auquel se sont attelées Marie Robert, tourangelle designer diplômée des Beaux-Arts d’Orléans, et les équipes du château. Décoratif, monumental, scénique ou traditionnel, le pain d’épice se décline ainsi sous différentes formes avec, toutefois, une ligne directrice : « faire en sorte que toute la déco s’intègre au château et réponde aux collections, tout en considérant les dimensions des pièces. »

Ainsi, des combles aux cuisines, le château Renaissance de Gilles Berthelot, remanié au XIXe sous l’impulsion des marquis de Biencourt, s’habille en polyester expansé tantôt d’étoiles et de nuages, de joueurs de billard, voire de personnages baroques grande échelle dans la salle de banquet : « pour une salle de plus de 6 m de haut et de 120 m2, il fallait une scénographie qui occupe bien l’espace », poursuit la conceptrice. Comme ces silhouettes en mouvement qui s’affairent pour les fêtes autour de 12 grands sapins de 3,5 m de haut floqués de neige sous une pluie d’étoiles, ou encore ces médaillons à l’effigie des rois de France accrochés aux branche d’un autre sapin dans l’antichambre de la Chambre du Roi, en écho aux portraits des souverains qui ornent la pièce : « je suis partie d’une photo que j’ai travaillée informatiquement puis embossée à chaud, redessinée à la main et finalisée avec un effet de glaçage sucré en léger relief. » Dans la chambre du roi, un autre luxe : celui des effluves de cannelle et de gingembre qui se diffusent du haut des pièces montées entre bougeoirs et couronnes dorées. Odeurs qui parcourent aussi le grand salon cossu, les cuisines et la grande table de la salle à manger rouge et or.

Dans la salle à manger classée du château de Villandry, la table est dressée autour des treize desserts provençaux. Photo Estelle Boutheloup

À Villandry, la nature s’invite au château

« Villandry n’est pas qu’un jardin ! Et Noël est l’occasion de mettre en valeur l’intérieur du château », présente Henri Carvallo, propriétaire de Villandry. Pour autant, pas question de déroger à l’identité des lieux : c’est la nature qui s’invite donc cette année le château dans une douce ambiance hivernale et festive d’inspiration flamande où chouettes, rennes, faons et écureuils s’incrustent joyeusement sur les cheminées, dans les sapins, sur les tables et les coffres autour des porcelaines, fleurs, branchages, voire même les mousses et les fougères des cuisines assoupies. Ailleurs, une forêt inattendue débouche sur un village reconstitué et ses échoppes du début XXe siècle, ici, la salle à manger classée, ose saumonée, retrace un Noël provençal avec une table de fête évoquant les 13 desserts (nougats, calissons, fruits confits…). Ornée d’une fontaine rafraichissante et d’une très grande crèche, elle rappelle les origines provençales du marquis de Castellane, propriétaire du domaine au XVIIIe siècle. Pour autant une autre crèche inattendue crée la surprise dans le salon oriental : sous l’incroyable plafond hispano-mauresque de 3600 pièces de bois, de style mudejar, trône un sapin de plus de 4 m de haut décoré avec plus de 5000 pièces de Noël : parmi elles, les personnages de la crèche et les rois mages sur leur chameau de 50-60 cm de haut.

2024 est sous le signe du jouets au château d’Amboise. Ici, voitures, trains, avions et mécanos retracent l’époque de l’industrialisation du jouet. Photo Estelle Boutheloup

Amboise, le royaume des jouets

« À Amboise, Noël rime chaque année avec les rêves d’enfance pour trouver matière à échanger entre les univers intergénérationnels et faire dialoguer des personnages avec l’histoire des salles du château », explique Samuel Buchwalder, chargé de communication au château d’Amboise. Le jouet s’est donc installé ici le temps des fêtes. Ainsi, ne soyez pas surpris de voir Spiderman cohabiter avec Louis XI, dit le « roi araignée », ou encore l’univers chevaleresque envahir la salle des gardes avec les petits soldats de plomb de la société CBG Mignot, dernière entreprise française qui perpétue la tradition depuis 200 ans. Dans la salle des audiences royales, princes et princesses se disputent e trône, vous se sera le trône à selfie. À moins que vous ne préfériez les dînettes d’enfants ? Celles qui font écho au sucre et aux agrumes qui arrivent à la cour de France à la Renaissance « et on en met partout, ça fait riche ! » De là à imaginer la Reine Claude préparant  une tarte aux prunes en jouant à la dînette… il n’y a qu’un pas ! Celui des kakémonos qui mêlent fiction et réalité sous un trait d’humour. Comme ce Charles VIII s’essayant au jeu de construction d’un château en brique, lui qui succomba en 1498 à un traumatisme après avoir violemment heurté le linteau d’une porte… 

Dans la chambre du roi, place au sommeil avec les peluches et les livres de conte. Ailleurs, sous vitrine, les jouets iconiques des années 1940 à 2000 s’exposent. Et chacun y va de son « Ah mais je l’avais ça ! » pointant tantôt la maison forestière en bois des Jeujura, le célèbre Kiki, Ken et Barbie ou encore le casse-tête Rubiks’Cube… Suivent les jeux de société et de plateau (Scrabble, Tric-trac…) et dans la chambre Orléans l’univers du célèbre poupon Corolle au corps vinyle, à la peau douce et aux cheveux et aux couleurs de peau différentes, dont l’entreprise est née à Langeais en 1979. « Un hommage au plus ancien bébé pour enfant de 52 cm né en 1945 », explique Fabien Ramette, responsable marketing. Enfin, depuis le salon de musique des vrombissements sortiront des bouches des petits garçons et des souvenirs de leurs aînés devant des petits mécanos et autres carrosseries à volant en métal : « ici, c’est le temps de la révolution industrielle dans l’automobile, le train et l’aviation, le début du jouet développé en série », conclut Samuel Buchwalder.

Dans la galerie de 60 m de long de Chenonceau, une table de 30 m de long invite les visiteurs au banquet de Catherine de Médicis dans un Noël de Porcelaine signée Bernardaud. Photo Estelle Boutheloup

Chenonceau : Bernardaud au banquet de Catherine de Médicis

« Cette année est l’édition la plus aboutie, mon Noël le plus réussi, j’ai été extrêmement libre ! » Meilleur ouvrier de France fleuriste en 2000, Jean-François Boucher ne boude pas son plaisir. Responsable de l’atelier floral du château, cette fine fleur a une nouvelle fois poétisé toutes les scénographies de Chenonceau par son talent et sa créativité. D’autant que cette année, le château reçoit un invité de marque : la grande Maison Bernardaud. « Une première exposition de porcelaines dans un site emblématique pour la grande manufacture de 1863 », souligne Caroline Darasse, Directrice des relations publiques. Et quand l’excellence de l’art floral rencontre l’excellence de l’art de la table, c’est toute une magie qui s’installe dans les salles du château. « Toutes les décorations ont été faites à 2 ou 3 personnes et les 60 élèves de la classe de Brevet Pro Fleuriste d’Indre-et-Loire et de la Sarthe », poursuit Jean-François. « On travaille mousses, bois, lichens glanés en forêt, et les fleurs du potager produites ici sur 1,8 ha. Au total pas moins de 200 à 250 variétés comme des amaryllis, jacinthes, tulipes, graminées… » Et avec 

un maître-fleuriste qui a plus d’une idées dans sa manche pour sublimer ses décorations : détourner les pampilles de Bernardaud en petits vases-pipettes pour les fleurs d’hortensias lyophilisées, transformer la grande galerie-pont en une salle de banquet fastueux où s’élance une table de 30 m de long dressée avec le service Aux Oiseaux de Bernadaud : « selon la légende quand Catherine de Médicis voulait se détendre, elle demandait à ses oiseleurs de fermer la galerie et de faire voler ses oiseaux ». Des compositions de grandes berces du Caucase, saules tortueux, baies de rosiers et d’ilex, orchidées, asparagus, pommes cirées, mais aussi 260 lithophanies en porcelaine rétro-éclairées, des serviteurs muets, des oiseaux en poterie, des verres en baccarat… rythment la table par séquence dans une incroyable somptuosité. 

Ailleurs, ce sont les cuisines qui font le bonheur des enfants : ici règne le royaume des oursons tout en mousse végétale attablés sagement dans une ambiance de sapins nordiques, cryptoméria et pommes de pin. Là, des oursons encore, mais tout en berlingots où les lumières jouent sur la transparence du sucre comme de la glace. Plus loin, des compositions artistiques : assorties des plus belles pièces de Bernardaud : vases Ikaria d’inspiration grecque en porcelaine blanche poudrée ornés d’un anneau d’or étincelant, vases japonais Kintsugi qui soulignent à l’or pur les fêlures d’une porcelaine brisée, globes… Enfin, dans la chambre funèbre de Louise de Lorraine, des lithophanies se dressent entre des hautes tiges d’ombellifères éclairant comme de petites veilleuses cette pièce ténébreuse. Veillée funèbre ou vol de lucioles ? Chacun y interprète ce qu’il veut. Mais l’effet est saisissant de beauté.

Ainsi, jusqu’au 5 janvier, les sept plus grands châteaux de Touraine vous offrent une collection d’ambiances de Noël et d’expériences sensorielles uniques à vivre en famille ou entre amis. L’occasion de découvrir ces joyaux de patrimoine sous des mises en scène et en lumière totalement inédites.

Photo de Une / Les lithophanies Bernardaud au Château de Chenonceau

Bon à savoir !

Programmes et horaires sur www.noelaupaysdeschateaux.com

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Une nocturne dans chaque monument

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