Les friperies sont en crise

Notre consommation de vêtements a explosé ces dernières années, passant de vingt vêtements en moyenne par personne il y a quarante ans à une moyenne de cinquante vêtements par personne désormais. Cette explosion de la fast fashion est due à la fabrication de vêtements de mauvaise qualité. Les friperies sont le meilleur moyen de palier à cette surconsommation.

L'association Active reçoit 200 tonnes de dons par an. Crédit : Active.
L’association Active reçoit 200 tonnes de dons par an. Crédit : Active.
Par Jeanne Beaudoin. 

La consommation de vêtements explose. Les industries du textile, pour permettre cette surconsommation, fabriquent des vêtements dont la qualité est de plus en plus médiocre. Des matières synthétiques comme le polyester sont ainsi largement utilisés. Or ces matériaux sont impossible à recycler et les vêtements qui utilisent ces matériaux ont des durées de vie trop courte. Les friperies se présentent comme une solution pour modifier nos modes de consommation afin d’acheter et porter des vêtements plus durables. La friperie associative Active, créée en 1999, vise le recyclage du vêtement. Celle-ci reçoit environ deux cents tonnes de vêtement par an, mais deux tiers de ces dons sont de trop mauvaise qualité pour être utilisables.

L’insertion sociale

Ancrée dans deux boutiques à Tours, l’association s’appuie sur l’insertion économique et sociale de personnes éloignées de l’emploi. Une soixantaine de personnes par an est ainsi accompagnée, plus de 2/3 de ces personnes trouvent par la suite un emploi stable. Ces personnes occupent divers postes, allant du tri des dons de vêtements que l’association reçoit, la mise en place des vêtements en boutique, la caisse ou encore l’atelier couture. Les vêtements sont vendus à petit prix afin d’être accessibles pour tous. Cependant, la hausse de dons de mauvaise qualité est une difficulté pour l’association, qui ne trouve pas de solution pour les recycler. 

Equipe d'Active. Crédit : Active.
Equipe d’Active. Crédit : Active.

Des vêtements de trop mauvaise qualité impossible à recycler

Benoît Koenig, président de l’association Active, affirme qu’il faut modifier nos modes de consommation. “Si on a besoin d’un vêtement, il faut se poser les questions : Est-ce que j’en ai réellement besoin ? Est-ce que j’en ai besoin maintenant ? Est-ce que je peux l’acheter d’occasion ? Si j’en ai réellement besoin et que je ne peux pas l’acheter d’occasion, alors je tend vers la qualité, je m’assure qu’il soit bio et fabriqué localement”. Ainsi, le jour où on ne voudra plus de ce vêtement, on pourra le confier à une association et celui-ci aura toujours de la valeur. 

Ainsi, bien que l’association grandit d’année en année, sa principale difficulté est la baisse de qualité des vêtements qu’elle reçoit. Les dons reçus sont soient proposés à la vente dans la boutique, soient transformés via l’atelier couture en chiffon pour les industries. Les dons qui sont de trop mauvaise qualité pour être vendu ou recyclé sont envoyés à un recycleur. Or l’association reçoit de plus en plus de dons de trop mauvaise qualité pour être recyclé. Aujourd’hui, environ 2/3 de ces dons sont inutilisables.

Benoit Koenig explique qu’ils aimeraient pouvoir recycler une plus grande partie : “On a dans l’idée d’acheter une grosse déchiqueteuse qui nous permettrait de faire du rembourrage comme dans des sièges de voiture, peut-être même à terme de l’isolant. Ce serait super, sauf que pour arriver à retravailler ces vêtements là et les recycler, il faut que ce soit des vêtements de qualité. Dès l’instant où il y a du polyester, ce n’est absolument pas recyclable. On ne peut rien en faire.” Les vêtements qui proviennent de la fast fashion, neufs mais à petit prix, sont fabriqués à partir de matériaux synthétique impossible à recycler. “Tout ce qu’on peut faire, c’est les enfouir ou les brûler”. 

Des initiatives comme One Two Frip permettent de replacer les friperies au centre de nos consommations

Remise des prix du concours One Two Frip. Crédit : Jeanne Beaudoin.
Remise des prix du concours One Two Frip. Crédit : Jeanne Beaudoin.

La friperie orléanaise Oazis a organisé la semaine dernière une nouvelle édition du concours One Two Frip. L’objectif est de s’habiller intégralement avec des vêtements achetés en friperie, se prendre en photo et la poster sur les réseaux sociaux. La personne qui obtient le plus de like sur sa photo gagne un bon d’achat dans les friperies des alentours. Ce concours est une façon de montrer qu’il est possible de s’habiller de façon tendance à prix abordable tout en étant respectueux de l’environnement et ainsi de valoriser les friperies. 

Plus d’infos autrement : 

Une élégante remise de prix. 

Commentaires

Toutes les réactions sous forme de commentaires sont soumises à validation de la rédaction de Magcentre avant leur publication sur le site. Conformément à l'article 10 du décret du 29 octobre 2009, les internautes peuvent signaler tout contenu illicite à l'adresse redaction@magcentre.fr qui s'engage à mettre en oeuvre les moyens nécessaires à la suppression des dits contenus.

  1. Intéressant !
    j’irai voir la friperie OASIS… Je ne sais pas où elle est…
    Il est effectivement urgent de changer nos modes de consommation ! les jeunes en sont bien conscients !

    Nathalie

  2. Cette industrie est exemplaire pour montrer les ravages sociétaux et écologiques du capitalisme : au lieu de produire ce dont les gens ont besoin, ici des vêtements de qualité, donc ce qui a une valeur d’usage , d’utilité , des capitalistes recherchant à être toujours plus riches font fabriquer au moindre coût ( sans se préoccuper des conséquences sociétales et écologiques) des produits uniquement pour leur valeur marchande, financière.
    Le “deal” est simple ou nous continuons à subir cette dictature et ses conséquences ou nous leur “fermons les robinets” en faisant qu’ils ne puissent plus faire ce business .

  3. Je trouve ça navrant cette débauche de fringues achetée ! Tout est fait en permanence pour inciter les gens à l’achat de n’importe quoi de fringues même pas portées une honte véritable ! Il faudrait peut-être leur apprendre à se maîtriser aussi devant ces pubs,! Mais ce sont les fabricants les responsables ! En plus honte suprême on envoie tous ces déchets en Afrique pour se débarrasser de nos de déchets car ils ne peuvent rien en faire !!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Centre-Val de Loire
  • Aujourd'hui
    • matin 11°C
    • après midi 12°C
  • lundi
    • matin 11°C
    • après midi 8°C
Copyright © MagCentre 2012-2025