Huguette Sainson : de la publicité au timbre-poste

L’artiste orléanaise Huguette Sainson (1929-2011) est surtout connue pour ses timbres. Mais on lui doit aussi la première agence de publicité et de relations publiques qu’elle ouvre en 1959 à Orléans avec son mari. Une vie consacrée au graphisme que son fils Stéphane raconte en détail dans un livre richement illustré.

Huguette Sainson à sa table de travail
Huguette Sainson à sa table de travail dans les années 80. DR


Par Sophie Deschamps.


Huguette Sainson, Orléans au temps de la Publicité et des Relations Publiques. C’est le titre du premier ouvrage que Stéphane Sainson consacre à la vie exceptionnelle de sa mère. Car même si l’artiste s’est fait connaître en 1967 pour son timbre des Floralies et pour des vignettes représentant De Gaulle, André Malraux, Jean Zay ou Maurice Genevoix, elle a fait auparavant une belle carrière dans la réclame comme on disait à l’époque en tant que graphiste.

Début de carrière dans la publicité

Passionnée de dessin dès le plus tendre âge, elle fait ses études à l’IAV, l’école des Beaux-Arts d’Orléans (aujourd’hui l’ESAD) dirigée alors par le grand artiste Louis-Joseph Soulas. En 1949, à 20 ans, elle est embauchée à la régie publicitaire de l’usine d’électroménager Thermor à Orléans (les locaux abritent aujourd’hui le commissariat central d’Orléans). Durant dix ans, elle apprend les ficelles du métier de publiciste. Car il faut faire oublier les vilains slogans de la propagande nazie et redonner confiance au public et notamment aux ménagères en ce début des Trentes glorieuses, comme l’explique Stéphane Sainson : « C’est génial de la part de Thermor de faire entrer une femme chez eux pour une entreprise présente aux Arts Ménagers. On lui confie alors la promotion visuelle du petit fer à repasser Colibri ».

Stéphane Sainson à côté d'une publicité de sa mère Huguette Sainson
Stéphane Sainson à côté d’une publicité de sa mère Huguette Sainson. DR

Le couple Sainson crée sa propre agence

Mais au bout de dix ans de bons et loyaux services, Huguette Sainson a envie de voler de ses propres ailes. Avec son mari Robert Charles, elle est la première femme à créer en 1959 son agence de publicité et de relations publiques. Novateurs, ils s’inspirent surtout des méthodes marketing des États-Unis. Et ils travaillent sans compter : « Ma mère s’occupait des illustrations et mon père des textes, en plus de son travail de professeur. C’étaient des passionnés, ils faisaient tout »Le couple garde les pieds sur terre et accepte toutes les commandes. « Alors, ce sont des buvards, des protège-cahiers, des choses comme ça ». Toutefois, Huguette Sainson a déjà une solide réputation grâce à Thermor. « Elle est acceptée au sein du très sélectif syndicat des graphistes où les affichistes règnent en maîtres », souligne Stéphane.

Dès lors, les Sainson décrochent des commandes pour de grandes campagnes de publicité. Notamment pour le chocolat Poulain dont les usines sont installées à Blois. Ou les Nouvelles Galeries. Par ailleurs c’est Huguette Sainson qui va imaginer l’habillage des estafettes publicitaires. « C’est de la publicité en 4D. Les trois dimensions de la fourgonnette et la vitesse. Le message doit pouvoir être vu et lu en quelques secondes. D’ailleurs mon père a gagné plus de deux cents concours avec ses slogans ». Huguette, elle, a plus d’une corde à son arc puisqu’elle a travaillé pour la faïencerie de Gien et même pour la verrerie Duralex (voir photo ci-dessous).

dessin d'Huguette Sainson sur un saladier Duralex
Dessin d’Huguette Sainson sur un saladier Duralex. DR

De la publicité aux timbres

Mais à la fin des années 60 tout bascule. Les grandes agences de publicité comme Havas raflent désormais tous les marchés. Les spots télé et radio prennent alors le pas sur les affiches. Heureusement, grâce à leur solide expérience en relations publiques, le couple est associé aux fameuses Floralies de 1967 à Orléans, avec un succès phénoménal pour l’époque. « Ma mère a conçu l’affiche. Comme elle plaît, on lui demande alors d’en tirer un timbre. Ils avaient d’ailleurs déjà un pied dans la philatélie, car ils réalisaient des cartes premier jour (qui pérennisent le premier jour de l’émission d’un timbre, NDLR). Toutefois, comme elle n’est pas encore répertoriée, elle n’a pas été payée ». Bien sûr de nombreux autres timbres suivront. Stéphane Sainson racontera cette partie de la vie de sa mère dans un second livre. En attendant, vous pouvez glisser ce premier tome sous le sapin de Noël !

Huguette Sainson, Orléans au temps de la Publicité et des Relations Publiques (éditions AUTRE CHOSE AUTREMENT, 32 €)

 

couverture livre Stéphane Sainson


Pour aller plus loin sur Magcentre
: Jeanne Champillou, témoin du XXe siècle à Orléans et sa région

Commentaires

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  1. Merci pour cette belle idée de lecture. Sophie peux-tu m’envoyer les coordonnées de Stéphane SAINSON.
    Peux-tu me confirmer ta venue à l’apéro-livres d’EcrilOire du 13 février 2025.

    Joyeux Noël avec sapin c’est sain et gouvernement c’est pas certain !

    Bises de Noël

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