Budget 2025 de la Région : « Pas de massacre à la tronçonneuse »

Même sans budget de l’État, le conseil régional qui vote ce jeudi 19 décembre son budget a choisi une « politique raisonnable » avec une baisse des dépenses et des investissements, une légère hausse de l’emprunt, de la dette et de la fiscalité sur les cartes grises. Mais pas question de renoncer à de grands projets ou de « sacrifier les services publics ».

Contrairement à d’autres collectivités, la Région Centre-Val de Loire a décidé de voter son budget 2025 ce mois de décembre. Photo Magcentre



Par Jean-Jacques Talpin (avec Jeanne Beaudoin).


C’est peu dire que l’exercice budgétaire de la Région, que les élus examinent ce jeudi à Orléans, a été compliqué à établir. Alors que l’État est toujours en défaut de budget, la région a choisi une « politique responsable » sans attendre que le cadre national soit éclairci. Contrairement au Ceser qui demandait un report du vote fin février, le président du conseil régional a décidé de maintenir, comme à l’accoutumée, la séance budgétaire fin décembre. « On aurait pu refuser l’obstacle et repousser le vote, explique-t-il, mais nos services, nos partenaires, les entreprises avec qui nous travaillons ont besoin d’une feuille de route claire dès le 1er janvier ». Le précédent gouvernement de Michel Barnier avait décidé de ponctionner les collectivités territoriales de plusieurs milliards d’euros. Pour le Centre-Val de Loire, l’effort demandé approchait les 65 millions en 2025. La prochaine loi de finances qu’essaiera de faire voter François Bayrou reprendra-t-elle à sa charge cette « purge injuste demandée aux collectivités ». Nul ne le sait encore.

« Arrêter de financer le non-prioritaire »

Mais les élus régionaux ont décidé de se caler sur cet effort demandé de 65 millions pour caler ce budget de 1,6 milliard, le premier en recul dans son histoire. Pour réussir la prouesse de faire autant avec moins de recettes, la solution aurait pu être de maintenir l’investissement, de laisser filer l’emprunt et la dette. Mais alors l’un des ratios les plus parlants aurait pu virer au rouge violet déclenchant une cascade d’effets pervers comme la notation par des agences ou des taux d’emprunts supérieurs. Ainsi la capacité de désendettement de la région actuellement de 5,2 ans (une des meilleures en France) aurait pu dériver pour frôler les 15 ans. Insupportable pour les élus de la majorité régionale dont le budget devrait permettre d’abaisser ce ratio juste en dessous de 10 ans. L’autre scénario aurait été celui du « massacre à la tronçonneuse » en taillant dans les effectifs, en annulant des projets et en réduisant ainsi les possibilités d’intervention de la région. « C’est un scénario que nous avons refusé », se réjouit François Bonneau à l’inverse de Pierre Allorant, président du Ceser, qui a une nouvelle fois réaffirmé lundi lors de la séance du Conseil économique social et environnemental que « l’heure était aux choix » et qu’il fallait arrêter de « financer le non prioritaire » notamment dans les compétences partagées avec d’autres collectivités. (santé, culture, sports).

67 médecins salariés

« On n’a pas vu de choix majeur dans le budget de 2025, a regretté Pierre Allorant, on le comprend mais il faudra les faire l’année prochaine ». Pas question pour la majorité régionale de « sacrifier les services publics, la solidarité, l’emploi, l’agriculture, l’accès aux soins ». Dans le domaine de la santé, au contraire, le président Bonneau se félicite de la montée en puissance de la politique régionale avec désormais 67 médecins salariés par la région. « Grâce à notre intervention, plus de 23 000 habitants ont pu retrouver un médecin », se félicite-t-il.

Alors pour « gratter » ces 65 millions, les services de la région ont travaillé ligne par ligne pour réduire des dépenses ou des interventions. Les investissements passeront ainsi de 500 à 400 millions l’an prochain. Tout en préservant les grands chantiers (comme la construction du nouveau lycée de Châteauneuf-sur-Loire) certains travaux seront étalés dans le temps.

« Prête à affronter la tempête »

Des économies ont donc été trouvées en puisant dans le fonds de réserve des lycées, dans le soutien associatif ou dans la culture avec une baisse de 3% des subventions. Des recettes nouvelles viennent également équilibrer cet exercice avec notamment une hausse de la fiscalité sur les cartes grises (de 55 à 60 euros par cheval fiscal).

Avec ce budget, la région est donc prête à « affronter la tempête » si le gouvernement Bayrou reprenait la purge Barnier. Et si par bonheur le prochain projet de loi de finances abandonnait les efforts demandés, la Région ne réattribuerait pas ces « économies » à des investissements mais d’abord à des réductions d’emprunts pour stabiliser la dette. Une manière aussi de se préparer à affronter d’autres tempêtes ou à préparer un budget 2026 moins austère.


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