La grippe aviaire A (H5N1) tue les oiseaux. Elle atteint désormais un nombre croissant de mammifères même dans des régions jusqu’alors épargnées, comme l’Antarctique. De plus en plus de personnes en contact avec des bovins ou des volailles sont contaminées. Heureusement, la transmission du virus H5N1 entre humains ne se produit pas. Mais jusqu’à quand ?
Par Jean-Paul Briand.
D’après l’Institut Pasteur, depuis 1997, 2 723 cas d’infections humaines zoonotiques par des virus influenza A aviaires ont été rapportés. Le virus H5N1 est un sous-type du virus de la grippe A, essentiellement connu pour provoquer une grippe aviaire très virulente chez les oiseaux. Il porte ce nom en raison des deux protéines présentes à sa surface : l’hémagglutinine de type 5 (H5) et la neuraminidase de type 1 (N1).
Un risque élevé
Avec plus de 10 millions de volailles, le Centre-Val de Loire, dont les élevages sont principalement localisés dans le Gâtinais, l’Orléanais, le Perche et la Gâtine Tourangelle, n’est pas épargné par l’influenza aviaire H5N1 hautement pathogène (IAHP). Les élevages intensifs et les contacts fréquents entre les oiseaux et l’homme créent des conditions propices à la transmission du virus. Face à l’évolution des cas de IAHP dans la faune sauvage et dans les exploitations, un arrêté daté du 31 octobre 2024 a annoncé que le risque était élevé. Cela oblige, entre autres, la claustration des volailles ou des oiseaux captifs chez les particuliers et dans les élevages, l’interdiction des compétitions de pigeons voyageurs et de lâcher du gibier à plumes en forêt.
Les cas rapportés aux USA sont bénins
Les virus ont tendance à être spécifiques à certaines espèces hôtes. C’est ce qu’on appelle la barrière d’espèce mais qui n’est pas infranchissable. Comme tous les virus, le H5N1 peut muter, ce qui peut modifier sa capacité à se transmettre et à causer des maladies chez d’autres espèces dont l’humaine. L’évolution de cette IAHP est surveillée de très près par les scientifiques surtout depuis l’atteinte de vaches laitières dans plusieurs troupeaux des États-Unis suite à des mutations du virus H5N1. À ce jour 720 élevages de vaches ont été touchés avec près de 60 cas humains cumulés depuis avril 2024. Les cas rapportés aux USA sont bénins (sauf un cas) et se produisent chez des personnes vivant et travaillant au contact des animaux.
Aucune transmission interhumaine n’a encore été documentée
Plus inquiétant, le 9 novembre dernier, les autorités canadiennes ont fait état du tout premier cas humain de grippe aviaire dans leur pays. Il est survenu chez un adolescent sans contact connu avec des animaux. Il a dû être hospitalisé en réanimation alors qu’il était en parfaite santé avant sa contamination. Ce patient est porteur du virus H5N1 présentant trois mutations augmentant ses capacités à le rendre transmissible entre humains. Il est impossible de prévoir le comportement de ce type de virus et aucune transmission interhumaine n’a encore été documentée.
Avec le prochain ministre de la Santé choisi par Donald Trump, Robert F. Kennedy Jr, adepte des théories du complot et adversaire des vaccinations, une épidémie de grippe H5N1 aux États-Unis serait extrêmement grave chez la plupart des humains. Mais bonne nouvelle : dans une lettre ouverte aux parlementaires, des dizaines de scientifiques récipiendaires du prix Nobel appellent le Sénat américain à refuser la nomination du militant antivaccin, Robert Kennedy Jr, comme ministre de la Santé…
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