Communes, départements et région du Centre-Val de Loire n’ont pas de position commune sur l’adoption de leur budget 2025. Faute de cadre national, les collectivités tâtonnent pour esquisser leurs finances de l’année prochaine. Alors que la région adoptera son budget jeudi 19 décembre, la ville d’Orléans, comme d’autres communes, a choisi de déporter le débat en février.
Par Jean-Jacques Talpin.
La nomination de François Bayrou à Matignon permettra-t-elle d’adopter rapidement un projet de loi de finances pour 2025 ? Si ce budget est évidemment indispensable pour l’État, il l’est tout autant pour les collectivités. Certes, les collectivités ont jusqu’au 15 avril pour adopter les grandes lignes de leurs finances. Mais comment engager des investissements ou des projets alors que planent au-dessus de leur tête une menace lourde ? Le précédent gouvernement avait en effet décidé de ponctionner les collectivités à hauteur de 6 à 13 milliards d’euros. Un choc terrible pour de nombreuses villes mais aussi pour la région Centre à qui l’on demandait près de 65 millions d’euros d’économies, à moins que cette exigence soit satisfaite par une hausse de la fiscalité ou une envolée de la dette.
Risque de « Tsunami financier »
Avant d’adopter un budget primitif, les collectivités doivent engager un débat sur les orientations budgétaires. La Région a pris les devants avec ce débat il y a quelques semaines et en programmant le vote du budget primitif lors de sa session du 19 décembre. Depuis, la chute de Michel Barnier et la nomination de François Bayrou rebattent les cartes et remettent les pendules à zéro. Et tous de s’interroger quel sera le budget de l’État et quel effort sera demandé aux collectivités ? Un véritable flou auquel les élus locaux ont choisi de répondre par un calendrier non commun. Pour la région Centre qui dénonce, tout comme la ville d’Orléans, le risque de « tsunami financier », le prochain budget doit être voté, comme d’habitude, en décembre. Alors que des élus de l’opposition, mais aussi Pierre Allorant, président du Ceser, demandaient de repositionner le débat budgétaire en février, François Bonneau a décidé de maintenir le calendrier initial. « La Région a besoin d’un budget voté au 1er janvier, a déclaré le président du conseil régional, car derrière il y a des services publics, le fonctionnement de 100 lycées, la formation professionnelle ». Le vote d’un budget peut d’ailleurs s’accompagner, quelques semaines plus tard, d’une décision modificative pour intégrer le nouveau cadre national.
Orléans : pas de hausse des impôts
Le budget qui sera approuvé jeudi prochain intègre donc une grande part d’économies à hauteur de 65 millions d’euros, une hausse de la dette et de la fiscalité notamment sur les cartes grises, l’étalement de certains projets et investissements. Sur ces 65 millions d’économies, 3 % seraient prélevés sur les crédits culturels, ce qui a déjà motivé une mobilisation des structures, associations et compagnies théâtrales de la région.
Orléans, qui a organisé son débat sur les orientations budgétaires le 12 décembre, a choisi une autre méthode en repoussant le vote de son budget au 24 février. Si le budget initial du gouvernement était maintenu, Serge Grouard dénoncerait alors lui aussi un risque de « tsunami financier » et « une attaque sanglante contre les collectivités territoriales ». La ponction sur les finances de la ville s’élèverait en effet à 5,6 millions d’euros, ce qui diviserait par deux l’épargne disponible de la ville. Face à cette menace la ville propose donc une esquisse financière qui repose sur un maintien des investissements à 48 millions d’euros, sur une légère hausse de la dette (100 millions en 2025 contre 90 millions cette année) et une fiscalité stable, poursuivant ainsi le mouvement engagé depuis 1996 par la municipalité Sueur.
« 2026 sera pire ! »
Pour l’opposition de gauche – qui pourrait être associée en janvier dans un travail de co-construction du budget – la réaction n’est pas frontale. Jean-Philippe Grand comme Baptiste Chapuis demandent que les efforts ne portent pas uniquement sur le fonctionnement des services et sur la qualité des services rendus aux Orléanais. Une position partagée par les élus de la majorité mais pour qui la sauvegarde du niveau des investissements autour de trois priorités (transition écologique, cadre de vie, services publics) est le garant du développement économique et donc de l’avenir de la ville. Alors que certains rêvent d’un budget voté à l’unanimité – ce qui serait une première depuis des décennies – Charles-Éric Lemaignen lance l’alerte : « 2025 sera dure, mais 2026 sera encore pire », notamment avec l’ardoise à régler à la CNRACL, la caisse de retraite des agents des collectivités, de plus en plus endettée, elle aussi…
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