« Le tour de France de la démocratie directe » vient de débuter à Orléans avec une conférence de l’essayiste Charles Gave qui veut « rendre la parole au peuple ». Une mission qui reprend à son compte des thèses complotistes, une fidélité à Trump et Milei, et une haine de la démocratie représentative.
Identitaire, europhobe, conspirationniste, ultralibéral… un autre visage de l’extrême droite est venu prêcher sa parole délirante à Orléans.
Par Jean-Jacques Talpin.
Qu’on ne s’y trompe pas, l’extrême droite ce n’est pas simplement des hordes de jeunes gens en blouson de cuir, à la chevelure rase ou encore adeptes d’un certain positionnement viriliste ou folklorique. Cette droite extrême peut aussi apparaître respectable, plus populaire… bref avec des Français « normaux ou moyens ». Mais dès qu’on leur donne la parole, le vernis craque pour débiter les pires sottises ou provocations. L’occasion en a été donnée récemment à Orléans où Charles Gave, un essayiste qui est aussi financier et conseiller en placements, est venu donner une conférence sur la « démocratie directe ». Orléans était d’ailleurs la première étape du tour de France de la démocratie directe qui va battre campagne et récolter des cahiers de doléances avant un final « qui marquera peut-être l’histoire de la France » l’an prochain à Versailles.
« Les élites trompent le peuple ! »
Bruno Chauvierre, ancien universitaire, ancien député RPR et ancien responsable du mouvement d’Éric Zemmour à Orléans porte aujourd’hui ce flambeau. Désormais membre du mouvement « Démocratie Directe France », il plaide pour « rendre la parole au peuple, pour défendre les minorités catholiques en danger » et pour plaider en faveur de l’unité de la droite « qui partira unie à Orléans le moment venu ». Charles Gave lui, se définit comme « un citoyen qui se fait du souci pour la France ». Il s’était déjà fait des cheveux blancs en s’exilant à Londres en 1981 quand Mitterrand avait emmené dans ses valises des ministres communistes… Riche de son histoire, il développe à présent une idéologie simpliste : les élites trompent le peuple, le manipulent. « Il y a une endogamie des élus qui se reproduisent entre eux, ils ont capturé tous les outils de la démocratie, le pouvoir, l’éducation, la presse », explique-t-il. Face à cela il rappelle que « le souverain c’est le peuple, le peuple doit reprendre le pouvoir par le biais du référendum d’initiative populaire » avec l’exemple de la Suisse, modèle idéal de démocratie directe pour le conférencier.
Abandonner l’euro
La démocratie représentative est donc à rejeter en bloc : « Elle favorise les extrêmes et les plus fous qui accaparent le pouvoir. Les crétins qui nous gouvernent imposent leurs solutions au sommet et pas à la base ». Meilleur exemple : ce « grand complot » de la crise du covid « où on a voulu nous transformer en crétins obéissants ». Heureusement des hommes providentiels comme Trump ou Milei en Argentine prennent un autre chemin. Haro donc sur la démocratie et sur tous ceux qui la confisquent : l’Église (“choisissez les curés contre les évêques“) les politiciens ou « les petits hommes gris dont il faut se débarrasser ». Avec un petit couplet au passage sur « l’empire du mensonge » et la presse subventionnée : « Il n’y a aucune raison de subventionner des journalistes pour écrire des conneries… ». Même le RN trop accommodant avec le système ne trouve pas grâce aux yeux du conférencier. Et sans oublier naturellement l’Europe et l’euro qu’il faut abandonner.
« Je ne suis pas fasciste ! »
Malgré toutes ces envolées délirantes, Charles Gave rassure : « Je ne veux plus de démocratie, je ne suis pas fasciste ». Évidemment le discours plaît au public, assez nombreux, où les anciens gilets jaunes, des Zemmouristes sans doute, des réactionnaires de tout poil et pourquoi pas quelques mélenchonistes égarés trouvent une tribune accueillante. Et pour bien faire passer ce message de la démocratie rendue au peuple, quoi de mieux qu’une bonne pétition massivement signée par la salle pour demander la démission d’Emmanuel Macron…
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