Il y a 200 ans, le 9 décembre 1824, le peintre Girodet quittait ce monde. Antoine-Jean Gros, lui aussi élève de David, a été son fidèle ami, jusqu’au bout. Le musée Girodet de Montargis rend hommage à l’enfant du pays et à cette amitié entre artistes en consacrant une exposition à Antoine-Jean Gros. 65 tableaux, dessins et esquisses ont été prêtés pour l’occasion.
Par Izabel Tognarelli.
Imagine-t-on caractère plus ombrageux, personnalité plus intense que celle de Girodet ? Un tel tempérament ne souffrait aucune contradiction. Les frictions avec son entourage et ses mécènes étaient monnaie courante. Il faut y voir la rançon de son exigence et de son intransigeance vis-à-vis de l’expression de son art. Antoine-Jean Gros semble être le seul à avoir été épargné par ces tempêtes. D’où ce choix de célébrer le bicentenaire de la mort de Girodet en célébrant leur amitié.
Pour cette exposition qui se tient jusqu’au 16 mars, musées, institution, galeries et collectionneurs privés ont accepté de prêter 65 œuvres (tableaux, dessins, esquisses et objets) que l’on peut voir après un passage par le parcours permanent. Les œuvres de l’un et l’autre artiste se répondent alors en vis-à-vis.
Deux regards, une époque
Girodet et Gros sont certes les représentants de courants picturaux encore empreints de classicisme, mais où souffle déjà le vent tempétueux du romantisme. Ils sont aussi les témoins d’une époque : le regard ne peut s’empêcher d’être immédiatement capté par le portrait de Napoléon en souverain législateur, dans un modèle plus petit que celui auquel on est habitué. Il s’agit de l’esquisse de l’un des portraits officiels, commande de l’empereur à Girodet, prêtée par le War Heritage Institute de Bruxelles.
Le portrait lui-même, dans sa version officielle, sorti de l’atelier d’Anne-Louis Girodet, compte parmi les œuvres les plus présentes dans les esprits, au même titre que son portrait du député Jean-Baptiste Belley (conservé au musée de l’Histoire de France, à Versailles), et le plus célèbre des portraits de Chateaubriand (conservé au musée d’Histoire de Saint-Malo). Absent du musée depuis le début de l’année, son récent raccrochage – après restauration – dans le parcours permanent est en soi un événement qui justifie une visite.
Des objets en lien avec les deux artistes
L’œil est aussi irrésistiblement attiré par une vitrine qui protège un sabre et son fourreau, autres témoins de ce début de XIXe siècle ; de ces armes telles qu’on les retrouve représentées sur les tableaux des deux peintres. Sur le cartel, on lit qu’il s’agit du sabre de Napoléon, pendant la bataille d’Aboukir, prêt du musée Bertrand de Châteauroux, qui possède un beau fonds napoléonien.
En fin d’exposition, on s’attardera sur les vitrines contenant lettres, mèche de cheveux et pinceaux de Girodet, souvenirs et témoignages d’amitié par-delà la mort ; ainsi que la médaille laissée à son ami, et des palettes de peintre.
Pour cette exposition temporaire, le Louvre a prêté cinq dessins et huit tableaux ; le musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, trois tableaux, de même que le musée des Augustins (Toulouse). Le musée des Beaux-Arts de Marseille a prêté deux autoportraits, l’un par Gros, l’autre par Girodet, offerts l’un à l’autre à la toute fin du XVIIIe siècle, alors qu’ils étaient encore tout jeunes. La liste des musées, institutions, galeries et particuliers ayant contribué à cette exposition temporaire est longue.
Le catalogue de cette exposition est à paraître à la fin du mois de janvier, aux éditions Lienart. Cette même maison d’édition a publié en novembre dernier En détails, les plus beaux tableaux du musée Girodet, un livre indispensable pour les amoureux de l’expression artistique qui s’exprime au musée Girodet.
Informations pratiques :
Musée Girodet, 2 rue du Faubourg de la Chaussée, 45200 Montargis.
Ouvert du mercredi au dimanche, de 10h à 12h et de 14h à 18h (sauf le 25 décembre et le 1er janvier).
En période d’exposition temporaire : plein tarif : 6 € – tarif réduit : 4 €. www.musee-girodet.fr – info@musee-girodet.fr
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