Partenaire du ministère des Armées et des anciens Combattants, le groupement d’employeurs blésois Métiers Partagés conduit une expérience innovante. Quatorze jeunes originaires de Mayotte sont mis à disposition du Groupe le Triangle à Morée.
Faiz Boura a quitté Mayotte pour devenir soudeur au sein de l’entreprise Le Triangle à Morée. Crédit photo Jean-Luc Vezon.
Par Jean-Luc Vezon.
On doit ce projet à Philippe Bénito, directeur de Métiers Partagés à Blois, (groupement d’employeurs et agence de travail temporaire, 100 salariés), capitaine de réserve qui a mobilisé le dispositif du Service Militaire Adapté pour recruter, former et mettre à disposition ces jeunes demandeurs d’emploi ultramarins.
« Le département de Mayotte connait un taux de chômage de 30 %, les jeunes (68 % ont moins de 30 ans) ont peu d’avenir et le SMA est une solution adaptée pour les aider à construire un projet professionnel », explique Philippe Bénito.
Les jeunes ont d’abord été recrutés sur l’île de Mayotte où ils ont été formés pendant douze mois au métier d’électricien et de soudeur. Arrivés en métropole en juin pour les premiers (au nombre de 8) puis septembre (pour les 6 soudeurs), ils ont suivi une formation complémentaire spécifique de trois mois afin de répondre aux besoins du Groupe le Triangle à Morée.
« En juin et décembre, électriciens et soudeurs ont respectivement signé un CDD de 15 et 12 mois avec Métiers Partagés Services et interviennent sur chantier pour installer des panneaux PV ou en atelier sur le site du Triangle pour les soudeurs. Tous auront la possibilité d’obtenir un CDI au terme de leur mission », poursuit Philippe Bénito en précisant que les soudeurs ont passé et obtenu une qualification professionnelle (CQP).
Intégration réussie
Tous volontaires, les jeunes mahorais se sont bien adaptés à leur nouvelle vie professionnelle. Bien préparés par le cadre militaire qui leur a apporté les compétences comportementales nécessaires, ils donnent entière satisfaction à leur employeur.
« Aujourd’hui je suis heureux de mon choix. Le service militaire adapté m’a remobilisé et bien préparé à l’entreprise et au vivre-ensemble. C’était carré », raconte Faiz Boura, jeune Mahorais de 20 ans originaire de « Petite Terre », l’une des îles de Mayotte, nouvellement embauché comme soudeur MIG dans cette entreprise leader du photovoltaïque.
Le jeune homme, passionné de cynophilie, concède que son avenir n’était pas tracé dans une île ravagée par la violence : « Malgré mon CAP dans la sécurité, il n’y a pas d’avenir sur place. Les rares emplois sont attribués par connaissance et c’est la guerre d’une commune à l’autre », concède-t-il. Planche de salut, le projet lui a aussi permis de passer son permis.
Logé avec ses sept collègues à Morée dans un logement tout équipé, Faiz organise sa nouvelle vie et profite des avantages de la métropole comme l’accès à des supermarchés bien achalandés ou l’espace. « Ici on travaille tranquille, les gendarmes ne sont pas caillassés », plaisante-t-il. Rémunéré 1995 euros brut (hors prime), il envisage désormais l’avenir avec confiance et songe à gagner son autonomie.
En début d’année, Métiers Partagés va conduire un autre projet en partenariat avec une entreprise de mécanique de précision de Ménars pour 10 jeunes Guyanais. « Nous allons reproduire cette formule gagnant-gagnant pour tous. Nous avons aussi des contacts avec d’autres sociétés pour des opérateurs de production ou encore avec des hôteliers restaurateurs et des sites touristiques pour des ressources en cuisine, services en salles et chambres », conclut Philippe Bénito.
S’il insiste sur la complexité de ces opérations multi-partenariales, le directeur pointe surtout la richesse humaine des projets qui s’inscrivent aussi dans une dynamique de responsabilité sociétale des entreprises.
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