Une exposition temporaire vient de s’ouvrir au MBA d’Orléans. Parcours, histoire, rebondissements sont les composantes d’une immersion dans l’Italie du XVIIe siècle avec Guido Reni (1585-1642) et son atelier, véritable creuset de la peinture bolonaise. Des tableaux en provenance de plusieurs musées de France ou de l’étranger encadrent David et Goliath, le fameux tableau d’Orléans mis en lumière pour l’occasion.
Guido Reni, David contemplant la tête de Goliath. Crédit musée d’Orléans
Par Anne-Cécile Chapuis.
« Une exposition, c’est toujours une enquête » annonce Olivia Voisin, directrice des musées d’Orléans. Et celle qui orne actuellement les cimaises du MBA en est un bel exemple.
Tout est parti d’un tableau que possédait le musée, « David contemplant la tête de Goliath », relégué dans les réserves, assigné au rang de copie, oublié. Une restauration en 2018 et des expositions à Rome, Francfort et Madrid ont permis de réhabiliter ce tableau et le certifier comme une œuvre majeure de Guido Reni.
Un atelier prolixe et animé sous les arcades de Bologne
L’exposition met en scène l’atelier du peintre, une originalité du XVIIe siècle dont Guido Reni fut un des maitres. À la tête d’une véritable « entreprise », le bien nommé « pittore divino » gère jusqu’à 200 personnes qui préparent, produisent, copient sous l’œil attentif du maître. De nombreux tableaux sont réalisés pour répondre à la demande importante de l’époque en matière de sujets religieux.
Guido Reni et ses collaborateurs, L’enlèvement d’Europe. Musée de Tours. photo ACC
L’exposition d’Orléans offre un cadre accueillant et propice à la circulation. Les arcades de Bologne suggèrent les ruelles de cette ville où vécut Guido Reni, modelant l’espace pour un parcours dans les différents aspects de l’atelier. On peut y admirer les eaux-fortes, dessins, huiles sur toile ou sur cuivre.
Des pièces uniques prêtées par les plus grands musées
Une mise en juxtaposition de plusieurs tableaux sur un même sujet permet, d’une part, d’entrer dans le style de l’époque où collaboration, déclinaisons et reproductions étaient de mise, et d’autre part de mesurer les écarts entre les différentes versions avant de déceler la « patte » de Guido Reni. Un véritable « jeu des 7 erreurs » !
Deux interprétations du personnage de Marie-Madeleine, par l’atelier Guido Reni (à G) et le peintre lui-même. photo AC Chapuis
Dans la dernière salle, trône « le » David d’Orléans, avec l’interprétation unique qu’en a fait Reni qui fera école dans toute l’Europe. Ainsi sont présentés les tableaux des musées de Rome, Dresde, Sienne, Caen, pour n’en citer que quelques-uns.
Corentin Dury, un commissaire passionné et passionnant. Photo AC Chapuis
Cette histoire d’un atelier au XVIIe siècle, avec les témoignages du biographe Malvasia en 1678, entraine une découverte passionnante d’un peintre, d’une époque, et d’un style qui fera école longtemps dans l’iconographie de personnages religieux qui prennent « une place unique au point qu’elles sont toujours utilisées aujourd’hui » comme l’indique Corentin Dury, commissaire de l’exposition. Ce dernier animera une série de cours d’histoire de l’art sur le sujet, en cinq séances à partir du 9 janvier. Un cycle qui devrait passionner les auditeurs en parallèle de l’exposition qui dure jusqu’au 30 mars 2025.
Pour en savoir plus :
Musée des Beaux-Arts d’Orléans : Velàzquez et après ?
Pratique :
Musée des Beaux-Arts, place sainte Croix – Orléans
Jusqu’au 30 mars 2025
Du mardi au vendredi 10h à 18h (dimanche 13h à 18h)
Tarif plein 8€, réduit 4€
www.orleans-metropole.fr