La maison des Femmes d’Orléans renouvelle son appel aux dons

D’après la Fondation des Femmes, 94 % des plaintes pour viol sont classées sans suite. Par ailleurs, dans un féminicide conjugal sur trois, des violences avaient déjà été signalées, et dans 91 % des cas de viol ou de tentative de viol, la victime connaît son agresseur. Face à cette réalité alarmante des violences faites aux femmes, la Maison des Femmes d’Orléans lance un appel aux dons.

Infographie réalisée par la Maison des Femmes d'Orléans.
Infographie réalisée par la Maison des Femmes d’Orléans.


Par Jeanne Beaudoin.


La Maison des Femmes d’Orléans (MDFO) fait partie du collectif ReStart. Né à Saint-Denis, son objectif est de proposer une prise en charge pluridisciplinaire dans un lieu unique. « On propose une prise en charge médico-psycho-sociale et tous les soins de supports et de reconstruction au même endroit », explique Marine Durand-Maringe, sage-femme et présidente de l’association de la MDFO. L’idéal serait ainsi d’avoir une structure par département. Il y a actuellement 25 maisons des femmes sur le territoire. Celles d’Orléans et de Tours sont ouvertes depuis 2021, tandis qu’une unité similaire vient d’ouvrir récemment à Blois

Un financement associatif nécessaire

La MDFO est une unité fonctionnelle de l’hôpital située dans le CHU d’Orléans, mais constituée d’une semi-indépendance grâce à son statut d’association. « On est financé en partie par l’association et en partie par la structure, ça nous permet de ne pas dépendre des financements de l’hôpital si on veut mettre en place plus de choses », explique Marine Durand-Maringe. Tous les soins proposés sont pris en charge par la Sécurité sociale, il n’y a jamais de dépassement à avancer. La MDFO est particulièrement dynamique sur le plan associatif : « Tout le monde n’a pas notre structure associative, d’autres fonctionnent avec l’enveloppe de l’Agence Régionale de Santé (ARS). Nous avons fait ce choix pour plus d’indépendance et proposer plus de choses. Après effectivement ça demande plus de travail », souligne Marine Durand-Maringe. 

Le premier financement de la MDFO, celui de l’ARS, a permis de mettre en place la première unité violence et de recruter les premiers postes. « Tous les autres postes, toutes les autres augmentations de personnels nécessaires et le soin de support sont financés par l’association. C’est pour cela qu’on a ouvert un appel au don », continue Marine Durand-Maringe. Une augmentation de personnels nécessaire sachant que la MDFO a enregistré des chiffres records d’accompagnement cette année. Elle a ainsi réalisé 1 055 consultations entre janvier et octobre 2024, soit une augmentation de 25% par rapport à la même période de l’année dernière.

Equipe de la MDFO. Crédit : MDFO.
Equipe de la MDFO. Crédit : MDFO.

Création de deux nouvelles unités

La MDFO est en plein essor. La première unité a commencé en novembre 2021, « l’unité violence où on accueille les femmes victimes de violences conjugales, économiques, sexuelles, physiques, tous types de violences passées ou encore en cours », poursuit Marine Durand-Maringe. Deux nouvelles unités ont ouvert cette année.

L’unité Mutilations Sexuelles Féminines, ouverte depuis juillet 2024, a pour objectif de répondre aux femmes qui souhaitent savoir si elles sont excisées et connaitre les conséquences sur leur santé. Cette unité répond à une demande car « lors des consultations de suivi de grossesses, on a pu rencontrer des femmes qui avaient subi des mutilations génitales. Quand on en discutait, elles pouvaient être en demande d’en parler. C’est pourquoi on a créé cette unité », explique Marine Durand-Maringe. Au sein de cette unité, des consultations avec des sages-femmes sont proposées et, s’il y a besoin, elles sont orientées vers les assistantes sociales et psychologues du service. « On essaye également de faire des partenariats, le Planning Familial a par exemple monté un groupe de parole avec des femmes qui ont subi des mutilations génitales qui fonctionne bien, on leur oriente des patientes »

Une troisième unité a vu le jour en septembre 2024, l’unité Santé Sexuelle et Prévention. En collaboration avec le Centre d’interruption volontaire de grossesse du CHU d’Orléans, l’unité prend en charge toutes les demandes de soins en lien avec la contraception ou les infections sexuellement transmissibles en plus de faciliter l’accès à l’avortement. « Ce sont deux autres collègues sages-femmes qui font des consultations gynécologiques, prévention des IST et des infections génitales pour les femmes qui sont déjà suivies à la MDF. Les femmes de l’unité violence ne prennent pas forcément soin de leur santé, parce que ce n’est pas leur priorité ou parce qu’elles n’ont pas eu accès aux informations. L’idée, c’est de leur proposer un rendez-vous pour faire le point, pour faire des dépistages et parler contraception ». poursuit Marine Durand-Maringe.

Equipe de la MDFO. Crédit : MDFO.
Equipe de la MDFO. Crédit : MDFO.

Des dons pour recruter du personnel et proposer de nombreuses activités 

Les dons servent ainsi à pérenniser les activités actuelles, à en proposer de nouvelles, à recruter plus de personnel et à financer de nouveaux projets.

La MDFO propose également des ateliers de revalorisation de l’estime de soi « qui font vraiment partie du parcours de soin ». « En accompagnement collectif, on propose un groupe de parole pour les femmes victimes de violence conjugales, un cours d’activité physique adapté, du karaté relaxation, des cours de sophrologie, un atelier shiatsu et un atelier d’art-thérapie. Pour l’année prochaine on a pour projet d’avoir une socio-esthéticienne ainsi qu’un chien d’assistance. Celui-ci aura pour but d’accompagner les femmes victimes dans leur première consultation car elles peuvent être très anxieuses. Ces chiens sont formés à reconnaitre des signes de stress, il se mettra à côté de la patiente et se laissera caresser. Cela permet de diminuer l’angoisse ». 

En plus des deux nouvelles unités, la MDFO a besoin de recruter plus de personnel. « Actuellement, il y a un délai de quatre mois pour obtenir une prise en charge psychologique. Ces prises en charge comprennent au moins dix séances, donc les psychologues ne peuvent pas voir un nombre infini de patientes. On vient de recruter une psychologue sur un temps supplémentaire, mais c’est à financer par l’association », explique Marine Durand-Maringe. La MDFO prévoit de mettre en place deux consultations de sage-femme par mois en plus et de recruter une aide-soignante pour s’occuper de l’accueil, de l’accompagnement des patientes et apaiser le stress qu’il peut y avoir. 

Enfin, la MDFO organise la venue de différentes structures qui « viennent plusieurs fois par mois pour faire des permanences et voir les femmes de la maison des femmes à la maison des femmes » afin de faciliter leurs parcours. Le CIDFF vient informer les femmes sur le droit de la famille, France Victime oriente les personnes qui sont dans un parcours judiciaire, une convention avec le commissariat de police est organisée pour faciliter le dépôt de plainte sur site. Il y a également France Travail qui vient faire de l’explication sur les droits du travail.

Si vous voulez aider à la pérennisation de la MDFO, n’hésitez pas ! Pour faire un don : 

 

Pour aller plus loin avec Magcentre : 

Maison des femmes au CHU d’Orléans : Parler de toutes les violences 

Commentaires

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  1. Article qui permet de bien comprendre le fonctionnement de la maison des femmes d’Orléans. J’ai assisté à leur journée de présentation en novembre avec beaucoup d’intérêt. J’ai aussi appris qu’il y avait une unité de prise en charge des enfants, issus de ces contextes de violences conjugales. Le chien Labrador employé pour participer à leur accueil, était présent sur scène ce jour-là, face à nous, et, par son comportement, il a eu beaucoup de succès.
    Cette organisation de la maison des femmes mérite un afflux important des dons nécessaires, et j’espère que ces dons arriveront….

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