Aux dernières nouvelles personne n’a, depuis une dizaine d’années d’existence sur ce territoire, jamais noté de problème avec le Centre d’accueil des migrants (CADA) de Salbris. Pourtant, après un accès de fièvre printanière envers la structure associative, le maire de la commune solognote, Alexandre Avril, en remet une couche à l’approche des fêtes de fin d’année. Sur les réseaux sociaux, il demande au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau sa fermeture.
Par Fabrice Simoes.
Tranquillement en train de préparer la liste des cadeaux, l’empathie, les petits n’enfants qui babillent, les arrière-grands-parents qui parlent encore de l’orange ou du boulet de charbon déposés dans leurs godillots, la magie de Noël, toussa, il peut arriver de ne plus se rappeler que Maurras était un bel empaffé et que sa pensée n’est pas perdue pour tout le monde. Tranquillement en train de regarder « Comment le père Noël a rencontré la mère Noël » sur une chaîne de la TNT, on oublie aussi que le verbe puer se conjugue encore au présent…
Alexandre Avril, le maire de Salbris, a fait des réseaux sociaux le relais de sa pensée. Il sait que, dans son cercle privilégié, il peut compter sur des relations plus affinitaires et de circonstances que fidèles. Cela lui suffit. Ainsi le JDD, journal d’information devenu journal d’opinion selon Wikipédia, tombé dans le giron de la nébuleuse Bolloré, lui ouvre plus ou moins régulièrement ses colonnes. Il vient ainsi de remettre quelques sous dans le nourrain à l’occasion d’une nouvelle expression sous X, du maire salbrisien. De mauvaises langues argueront toujours que son épouse Alix, écrit, bien par ailleurs, de temps à autre, pour cette publication.
Haro sur les assos humanitaires
Après avoir lancé une première fatwa contre le CADA salbrisien en mai dernier, le premier magistrat de la commune solognote vient d’en remettre une couche. Cette fois, tous les poncifs utilisés par la ligne Droite très à droite de la droite décomplexée ont été compactés dans le même écrit. L’élu local explique que « au moment où l’on apprenait que la CEDH accorde aux migrants expulsés la garantie de pouvoir revenir en Europe, je visitais le Centre d’accueil des migrants (CADA) de ma petite ville de Salbris. J’y découvrais des chiffres édifiants :
- depuis 2016, 78 places pour les demandeurs d’asile, contre l’avis de la mairie, dans des appartements de notre ancienne gendarmerie de centre-ville,
- une dizaine de salariés de Coallia (l’association qui reçoit pour cela 150 millions d’€ par an de l’État et est soupçonnée de malversations, cf. l’enquête de @Valeurs) ».
Selon lui, dans ce centre comme dans d’autres, l’État « 1. autorise les examens d’asile sur le sol national et non dans les ambassades de départ ou des pays tiers. 2. met en place ces structures déléguées à des associations militantes qui vivent du business de l’immigration, encourageant les migrants du monde entier à venir ou les passeurs à les faire venir ».
Sur place, frayeur à peine surjouée de se retrouver confronté non pas à la misère et au désarroi des occupants des lieux, mais à des nez à nez avec des « affiches de Sud Solidaires, le syndicat d’extrême-gauche qui appelle à la régularisation des sans-papiers… », et de s’appesantir sur le coût du « budget de la structure de Salbris : 600 000 euros par an, payés par le contribuable (plus que l’EHPAD municipal ou notre ESAT) » pour des gens en pleine force de l’âge dont « peu viennent de pays en guerre ». Cités dans le texte, les ressortissants Afghans ou issus des Comores seront heureux d’apprendre que leurs pays sont des havres de paix notoires… Quant aux Béninois, leur appartenance à l’ancienne aire d’attractivité coloniale française ne leur donne aucune excuse, ni circonstances atténuantes !
Attention école !
Pour enfoncer le clou d’une immigration qui pollue le climat, le sol, les trottoirs et la sécurité des Salbrisiens, Alexandre Avril assure, photo à l’appui, qu’il aura été le premier à avoir prévenu du danger. « Le CADA est en plein milieu des écoles. Je ne dis pas que les migrants sont forcément dangereux mais on ne sait rien d’eux. Nous n’avons d’information sur leur passé et leurs antécédents que de manière déclarative. Ils sont à proximité directe d’une cour de récréation ». Et d’ajouter « L’État, d’habitude si prompt à le faire, n’applique aucun principe de précaution minimum. Vous seriez rassurés, vous, en tant que parents ? Cela fera bientôt 10 ans que l’État a imposé ce CADA à ma ville, contre notre avis ».
À ce sujet, Olivier Pavy devrait énormément apprécier d’apprendre qu’il était contre l’installation du CADA dans sa ville lorsqu’il en était le maire voilà 10 ans. Peut-être un problème de délai de route dans la prise d’opinion officielle communale. Cela dit, confronter le principe de précaution et la présomption d’innocence peut être un beau sujet de réflexion. D’autant que, pour les bâtiments, l’édile a d’autres projets pour quand ce sera le grand soir. « Je saisis maintenant @BrunoRetailleau pour demander sa fermeture car j’ai d’autres projets pour ces bâtiments. En attendant la fin de cette folle politique, quand l’alternance sera venue ».
Des lecteurs assidus des réseaux du maire de Salbris ont tenté une approche 2.0 de la diatribe Avrilesque. Selon ChatGPT et ses algorithmes qui voient vraiment le mal partout : « Ce post illustre une rhétorique typique de l’extrême droite, centrée sur la critique des politiques migratoires et l’exploitation des sentiments de peur et de frustration de la population locale ». Les algorithmes voient décidément le mal partout.
Alors que l’on nous souffle dans l’oreillette que les gens concernés ne croiraient pas au Père Noël, et encore moins au petit Jésus, on voit bien qu’il est possible d’avoir un esprit de Noël à géométrie variable !
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