Ce dimanche 1ᵉʳ décembre en l’église Saint-Donatien d’Orléans, l’ensemble vocal Anonymus donnait un brillant concert de musique baroque autour du compositeur tchèque Jan Dismas Zelenka (1679-1745). L’occasion de faire le point sur cet ensemble qui nourrit la vie musicale orléanaise depuis bientôt quarante ans, avec Anne-Cécile Chapuis*, directrice et cheffe de chœur.
Cl Marie-Line Bonneau
Propos recueillis par Gérard Poitou.
Le concert de dimanche autour du compositeur Zelenka s’inscrit dans la continuité de l’intérêt que porte l’ensemble Anonymus pour la musique baroque. D’où vient cet intérêt particulier ?
Anne-Cécile Chapuis : Le format « chœur de chambre » que nous avons choisi dès l’origine d’Anonymus convient bien à ce style de musique, avec un petit effectif qui permet d’aller plus loin dans les nuances, ornements et phrasés de la « dentelle » baroque. Mais c’est aussi une sensibilité personnelle et subjective qui guide ce choix non exhaustif ! Nos 150 concerts nous ont permis d’explorer toute sorte de musique, de la Renaissance au contemporain !
Au fil des concerts, Anonymus fait découvrir au public la richesse du répertoire baroque, comment choisissez-vous votre programmation ?
Le répertoire choral est immense et composer un programme se confronte à l’embarras du choix. C’est à mon rôle de cheffe de chœur qu’échoit cette tâche et j’adore le faire ! Je prends en compte les suggestions des choristes, j’écoute ou lis beaucoup de musique, souvent je commence par ouvrir mes placards où sont stockées un très grand nombre de partitions… Mais avant tout les recherches sont guidées par un thème que nous avons pré-choisi et qui cadre le cheminement. Après c’est comme un jeu de piste. Il faut tenir compte de l’intérêt musical de l’œuvre, son niveau de difficulté, son attractivité pour le public ; une œuvre en entraine une autre, un compositeur peut révéler ses contemporains, le thème se précise ou s’ouvre, c’est selon… Nager ainsi dans le répertoire en projetant l’aboutissement que sera le concert quelques mois plus tard est un pur bonheur.
En ce qui concerne la musique baroque, nous avons travaillé à plusieurs reprises avec les ensembles professionnels de la région qui nous ont fait des propositions. Par exemple, avec l’ensemble Doulce mémoire, Denis Raisin Dadre nous avait fait découvrir les laudes d’Animuccia, les Folies Françoises nous ont emmenés vers la musique vénitienne et l’an dernier, c’est dans un partenariat avec les ateliers de La Rêveuse que Florence Bolton et Benjamin Perrot nous ont fait voyager à travers le baroque allemand.
Julie Fontenas, soliste dans la Missa Voltiva de Zelencka le 1° décembre à Saint Donatien Cl Marie-Line Bonneau
L’ensemble Anonymus compte une vingtaine de choristes, comment travaillez-vous cette musique souvent peu connue ?
Nous aimons découvrir la musique et la faire découvrir à notre fidèle public. Le concert est la partie émergée d’un iceberg. Le travail en amont est conséquent pour tout ensemble mais encore plus pour les amateurs que nous sommes. Nos répétitions sont hebdomadaires et l’élaboration se fait note à note ! L’œuvre prend sens petit à petit sur plusieurs mois. Par exemple pour la Missa de Zelenka que nous avons donnée en concert dimanche dernier, les apprentissages ont démarré en avril. Jérémy Quelin est venu faire travailler les choristes à partir d’octobre. L’apport d’un chef invité est un « plus » et une ouverture certaine pour rebooster notre ensemble.
Bientôt quarante ans d’existence pour Anonymus, quels sont vos projets pour cette occasion ?
Et bien, nous allons les fêter comme il se doit, ces quarante ans ! L’originalité d’Anonymus c’est aussi cette longévité, avec plusieurs choristes (et leur cheffe !) présents depuis le début de l’aventure. C’est une belle histoire de musique et d’amitié avec des liens forts, du partage, de l’humour, mais « prima la musica ! »
Nous aimons casser les codes pour nos anniversaires. Après l’opérette pour nos 30 ans, nous irons du côté de la musique anglo-saxonne du XXe siècle et ferons une fête musicale dans un château en septembre 2025. À suivre !
*Anne-Cécile Chapuis est rédactrice pour Magcentre
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