À l’initiative du service de chirurgie digestive et endocrinienne, le CHU d’Orléans a reçu le 18 novembre le professeur Matthew Walsh, référence mondiale de la chirurgie robot et directeur de la clinique de chirurgie digestive de la Cleveland clinique à l’université de Chicago, pour assister à une opération chirurgicale mini invasive au robot du pancréas.
Le professeur américain Matthew Walsh (à gauche) avec le chirurgien orléanais Olivier Saint-Marc. Photo DR
Par Philippe Emy.
À l’origine de cette invitation, le Dr Olivier Saint-Marc, chirurgien digestif et endocrinien, spécialiste de la chirurgie robot au CHU, nous en dit plus sur ce rapprochement avec Matthew Walsh. L’occasion également de nous éclairer plus globalement sur l’évolution de la chirurgie robotisée. Interview.
Comment s’est faite cette invitation ?
J’ai fait la connaissance de Matthew Walsh lors d’une conférence internationale à Paris. Ancien président de la société mondiale de la chirurgie robot, il a une énorme expérience de ce type de chirurgie. Nous avons sympathisé et avons convenu de partager nos expériences et décider qu’il vienne à Orléans et à Chambord dont il rêvait de visiter le château. L’occasion s’est présentée. Il y a quelques jours avait lieu à Rome le congrès mondial de chirurgie robot où nous devions diriger des sessions et faire des exposés notamment sur la chirurgie du pancréas.
En quoi consiste la chirurgie robot ?
Apparue vers 2007, elle modifie complétement la manière d’opérer : le chirurgien installé devant un écran 3D, permettant une meilleure vision, commande des bras articulés qui réalisent l’opération avec grande précision sans ouvrir le ventre du patient. C’est une chirurgie moins agressive, avec des résultats comparables à la chirurgie ouverte. Elle est particulièrement adaptée à la chirurgie du pancréas, chirurgie lourde et délicate.
La chirurgie robot est moins douloureuse, permet une reprise beaucoup plus rapide du transit intestinal, une réduction du taux de saignement post opératoire, du taux de complication de fuite au niveau des différentes sutures, enfin d’une réduction du temps d’hospitalisation. Outre la chirurgie viscérale, le robot est utilisé pour d’autres spécialités chirurgicales au CHU : pédiatrie, ORL, urologie, chirurgie thoracique, de l’obésité…
Quelle est votre expérience de la chirurgie robot ?
Le CHR, devenu CHU, a acheté, il y a 5 ans, un puis deux robots pour un montant de 500 000 euros pièce. Cela est certes cher mais comparé aux prix d’une IRM ou d’un équipement de médecine nucléaire de plusieurs millions !!! Il s’agissait d’une innovation majeure qui a révolutionné la chirurgie. Nous avons pratiqué à Orléans plus 6 000 opérations avec le robot. Nous avons ainsi acquis une certaine expertise et publié plusieurs articles scientifiques. Notre rôle de CHU est aussi de partager notre expérience et d’aider les équipes françaises et européennes à installer et à perfectionner ce type de chirurgie.
Quel avenir pour ce type de chirurgie ?
Les nouveaux robots chirurgicaux seront de plus en plus perfectionnés, beaucoup plus puissants grâce à l’intelligence artificielle, les instruments plus performants comme des ciseaux capables de couper dans tous les sens de l’espace. La vision pourra être encore améliorée. La possibilité d’enregistrer les opérations permettra de revoir certaines procédures de faire différemment, de changer éventuellement la technique.
Les nouvelles générations de chirurgiens habituées aux écrans et aux jeux vidéos apprendront plus vite que nous. Ils apprendront à opérer directement à l’aide du robot.
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