Il faut sauver la peau du pélobate brun ! « En danger critique d’extinction » sur la liste rouge des amphibiens de la région Centre-Val de Loire, ce crapaud remet sa vie entre les mains des automobilistes usagers de la RD19 entre Lailly-en-Val et Ligny-le-Ribault (Loiret). Aussi, pour préserver la biodiversité sur son territoire, le Département du Loiret lance l’installation de « crapauducs ».
Pour préserver le pélobate brun, un muret de 1 km de chaque côté de la chaussée de la RD19 va être construit. Photo CD45
Par Estelle Boutheloup.
À chaque début de printemps et à chaque début d’hiver, c’est quitte ou double pour le pélobate brun : 6 minutes pour traverser de nuit la D19, route à circulation dense ! « Autant dire qu’il a très peu de chance de s’en sortir », souligne Nicolas Chevalier du Service Canaux et Environnement du Département du Loiret. « Avant les travaux, une cinquantaine d’amphibiens, toutes espèces confondues, a été retrouvée morte écrasée en nuit. On compte quelques dizaines de crapauds qui atteignent l’âge adulte par an ». Aussi, pour préserver ce petit crapaud, pas plus grand qu’une paume de main, le Département du Loiret a engagé le 28 octobre des travaux sur la route reliant Lailly-en-Val et Ligny-le-Ribault.
Ces travaux font suite à une étude menée en 2023 par la collectivité avec le Conservatoire d’espaces naturels du Centre Val de Loire, propriétaire des Mares de Villenouan depuis 2018. Ce site de 80 ha est constitué de 24 mares qui abritent une biodiversité exceptionnelle : « 14 espèces d’amphibiens sur les 16 présentes dans le Loiret », poursuit le chargé de projet, « dont le très rare pélobate brun découvert en 2011 et présent seulement en France en Alsace, en Lorraine et dans le Loiret à Lailly-en-Val ». C’est pourquoi un plan d’action a été mis en place, plan coordonné par la DREAL et Beauval Nature. Très discret, ce petit crapaud est difficilement identifiable, à tel point que seul un hydrophone capte son chant deux à trois nuits dans l’année durant la période de reproduction. « L’hiver, il s’enterre dans le sable et passe inaperçu », explique Nicolas Chevalier. « Au printemps, entre mars et mai, il doit traverser la RD19 pour regagner la mare où il est né et pondre. Et à l’entrée de l’hiver il refait le trajet en sens inverse pour rejoindre son site d’hivernage ».
Trois passages souterrains permettront au pélobate brun de traverser la route sans être écrasé. Photo CD45
1 km de muret, 3 passages souterrains, 522 000 €
Pour préserver la biodiversité sur son territoire, le Département du Loiret a donc lancé une opération « crapauducs » le long de la RD19 ! Prévus jusqu’au 20 décembre, les travaux consistent à mettre en place un muret de 40 cm de haut sur 1 km de long de part et d’autre de la route. « Murets que vont suivre les crapauds jusqu’à ce qu’ils empruntent en sécurité trois passages qui vont être aménagés sous la chaussée. Des caméras seront également installées pour la surveillance et le comptage du pélobate brun ».
Coût des travaux et du suivi : 522 000 €. Financement multi-partenaires supporté par le Département à hauteur de 170 000 €, le reste par la DREAL Centre-Val de Loire, le Fonds vert (342 000 €) et Beauval Nature (10 000 €) pour le suivi du plan régional d’action et les préconisations. Pendant la durée du chantier, ce tronçon de la RD19 restera fermé mais une déviation a été mise en place pour impacter le moins possible les usagers. Des panneaux pédagogiques et routiers seront par ailleurs installés à l’entrée et à la sortie de la zone. Car « en protégeant ce petit crapaud, c’est tout un écosystème qui est protégé », rappelle Nicolas Chevalier.
Photo de Une Le Pélobate brun CD45
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