La cinquième Conférence Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire a eu lieu ce mardi au Conseil régional. Organisée par la CRESS (Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire), la région Centre-Val de Loire et la préfecture à l’occasion du mois de l’ESS, une centaine de personnes se sont réunies pour prouver l’importance du secteur et tisser des liens de solidarités.
Par Jeanne Beaudoin.
Alors que les acteurs de l’ESS redoutent les conséquences du PLF 2025 sur le secteur, Sophie Brocas, préfète de la région Centre-Val de Loire, tenait à rassurer l’auditoire en soulignant l’importance de l’ESS dans notre région : « L’ESS, à cause de sa diversité, est invisible et méconnu. Pourtant, nous tous ici, on y croit car c’est une autre façon de faire progresser le monde, en permettant aux Hommes de trouver leur juste place, créer des richesses et fabriquer de la démocratie sans piétiner les valeurs qui nous font tenir debout ensemble. L’ESS agit contre le capitalisme dévastateur ». Pour ce qui est des chiffres, l’ESS, c’est 6 100 entreprises en région, ce secteur recrute plus que celui, historique, de l’automobile. Cela représente 92 000 emplois, plus de 10% du PIB de la région. Or, le problème, c’est que peu de personnes connaissent l’ESS. Le grand défi serait de « créer une stratégie de communication qui médiatise tout cela », conclue la préfète.
Semons les graines de l’ESS auprès des plus jeunes
Le mois de l’ESS est l’occasion parfaite pour médiatiser ce secteur, cet évènement est organisé au niveau national et permet de mettre en avant les entreprises dont les activités sont fondées sur un principe de solidarité et d’utilité sociale. Marie-Agnès Poussier-Winsback, ministre déléguée chargée de l’ESS, est intervenue, affirmant que « la transmission est au cœur de l’engagement. Je suis convaincue qu’il faut faire connaître ce parcours dès le plus jeune âge ». Laurence Renier, maire de la commune d’Aubigny-sur-Nère (18), a par exemple mis des drapeaux aux couleurs de l’ESS sur toute sa commune afin de sensibiliser le plus de personnes possibles.
Une grande partie de cette conférence a été consacrée à la transmission de l’ESS auprès des plus jeunes, notamment à travers une table ronde intitulée « Semons les graines de l’ESS auprès des plus jeunes ». À la suite de cette discussion, le représentant d’un tiers-lieu de production artisanale de l’Indre confirmait la nécessité de créer des liens entre les différents acteurs de l’ESS. Au sein de leur structure, ils ont accueilli tous les élèves d’un collège afin de leur faire découvrir les métiers manuels. « C’est d’ailleurs dommage de n’avoir accueilli qu’un collège », regrettait-il tout en souhaitant renouveler ces journées de découvertes et de sensibilisation concrète à l’ESS auprès des jeunes. Également, il insiste sur la nécessité pour le secteur de recruter un maximum de stagiaires : « Dès qu’un stagiaire de collège ou de lycée veut venir passer quelques jours, c’est forcément oui. Mais comment faire pour que ces journées se multiplient ? », s’interroge-t-il.
Économie en plein essor
Cette journée de conférence a été marquée par la signature de la convention ESPER (l’Économie Sociale Partenaire de l’École de la République), par la CRESS Centre-Val de Loire, le rectorat, la préfecture de région et la région. Avec pour objectif que cette convention permette de récolter les graines plantées le matin à travers les différentes prises de paroles.
De beaux projets sont nés grâce au secteur de l’ESS. Véronique Gorel était présente pour présenter son entreprise. Elle est cogérante des Cycloposteurs d’Orléans, leur mission est de venir ramasser les biodéchets en vélo sur Orléans Métropole. « On voulait rendre à la terre les déchets organiques localement. On voulait le faire à vélo pour avoir un impact carbone le plus faible possible », explique-t-elle. Cette solution innovante n’a pu émerger que grâce au soutien financier, notamment par la région à ses débuts. Les entreprises de l’ESS répondent ainsi à un besoin du territoire. Il est important de rappeler l’importance d’un secteur comme celui de l’ESS, « cette économie de demain » qui « favorise le vivre ensemble, le fait d’écouter les autres, qui permet la diversité et la lutte contre les discriminations », listait Bertrand Souquet, président de l’ESPER.
Un secteur qui est cependant en danger
Or, « nous sommes face à une urgence politique, le Rassemblement National (RN) veut supprimer l’ESS », affirme Damien Baldin, vice-président Essor France, en charge des questions de jeunesse, de l’éducation, de l’influence et des médias. Le RN oppose effectivement dans son programme Economie Sociale et Solidaire et l’économie réelle, un non-sens puisque l’ESS participe à l’économie réelle, comme le rappelait la préfète en introduction. « Former à l’ESS dès le plus jeune âge pourrait faire baisser le vote RN », continuait Damien Baldin, plein d’espoir.
Plus d’infos autrement : Mobilisation générale de l’Economie Sociale et Solidaire face à l’extrême droite