L’association Orléans Solidaire Écologique nomme et affronte le sujet sensible qu’est la pauvreté. Avec les apports de Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités et Ursula Vogt, responsable du Secours Catholique 37, un débat riche, concret et sans fausse pudeur s’est instauré salle Eiffel à Orléans ce mardi 12 novembre.
Christine Tellier, présidente de OSE, a accueilli les conférenciers. Photo AC Chapuis
Par Anne-Cécile Chapuis.
Les intervenants savent de quoi ils parlent. Louis Maurin a publié de nombreux ouvrages sur le sujet et Ursula Vogt côtoie les personnes concernées au quotidien.
C’est d’abord Louis Maurin qui brosse le sombre tableau de ce fléau en constante augmentation depuis les années 2000, martelant l’importance de « savoir de quoi on parle ». Le seuil de pauvreté est un terme galvaudé, et les chiffres sont eux-mêmes soumis à caution selon la place du curseur. Peu de place y est consacrée dans les universités d’été des partis politiques alors que les réalités sont alarmantes. Mais Louis Maurin met en garde sur des constats défaitistes et se veut à la fois plus pointu sur l’analyse et les situations que le terme recouvre, et surtout précis sur les actions à mener. Avec un « Si j’étais président » teinté de malice, il propose, suggère, incite. Défions-nous du fatalisme, de la critique passive, et même de l’intériorisation qui conduit à figer les réalités dans une acceptation tacite, dit-il, sans jamais oublier que « les inégalités sont le terreau de la pauvreté ».
De G à D : Jocelyne Welker, membre de OSE et organisatrice de la soirée, Ursula Vogt, responsable Secours Catholique 37, Louis Maurin, directeur de l’observatoire des Inégalités. photo AC Chapuis
Faire entendre les « invisibles »
Ursula Vogt est responsable du Secours catholique 37 et par ailleurs élue au Conseil départemental de l’Indre-et-Loire. C’est une femme engagée qui va de l’avant et centre son propos sur le « faire ». Commencer par connaitre le terrain, cerner les causes, écouter les personnes, mais aussi mener des actions concrètes qui dépassent les aides financières, tout ceci permet de créer du lien social, restaurer des places et de la dignité. Défendre les personnes accompagnées, c’est tout d’abord faire entendre et exister ces personnes « invisibles », notamment au moyen de rapports successifs publiés par le Secours catholique.
L’action contre la pauvreté et la disqualification passe par ces nombreux bénévoles (aux profils en évolution) qui œuvrent concrètement auprès des défavorisés. Et Ursula Vogt de souligner que cet engagement, soutenu par le Secours Catholique au moyen de formations et accompagnement, est aussi une plus-value sociétale.
L’escalade de la précarité
Si les migrants et les familles monoparentales sont les premiers touchés par la précarité, les témoignages montrent des changements de paradigme, avec des problématiques et profils qui évoluent (comme les étudiants ou les travailleurs pauvres), avec leur cortège de honte, dépendance aux rouages administratifs parfois maltraitants…
Un auditoire fourni et participant. Photo AC Chapuis
Ces questions ne laissent pas indifférents les participants venus nombreux qui prennent volontiers la parole pour faire écho aux propos. Changer le regard, renverser la honte, refuser les idées reçues, dénoncer l’inacceptable, se révolter, sans oublier ce que les personnes dites pauvres apportent à ceux qui les côtoient, sont autant de pistes de réflexion qui émaillent le débat, et d’engagements à poursuivre, dans un objectif de « révolution fraternelle » comme le souligne Louis Maurin dans son mot de la fin.
Pour en savoir plus :
Louis Maurin : « La pauvreté doit retrouver sa place dans l’agenda public et politique »