Le rapport sur la pauvreté en France, édition 2024-2025, sera publié en décembre. Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, accompagné d’Ursula Vogt, déléguée départementale du Secours catholique, viendront présenter quelques points de ce rapport le mardi 12 novembre à 20h30 à la salle Eiffel d’Orléans. Louis Maurin nous a dévoilé en avant-première quelques points de ce rapport.
Quels sont les enjeux principaux qui motivent la publication de ce rapport sur la pauvreté ?
L’Observatoire des Inégalités est né à Tours en 2003, mais c’est un organisme d’envergure national. Cela fait vingt ans qu’on travaille dessus, ce sera le quatrième rapport que l’on publie à ce sujet. Notre objectif est de réinscrire la question de la pauvreté dans l’agenda public et politique. Ce sujet disparait un peu trop parfois et c’est dommage.
Quelle évolution pouvez-vous observer depuis sa création ?
On s’intéresse à toutes les formes d’inégalités. Il y a des évolutions positives, notamment pour ce qui est de l’égalité entre les femmes et les hommes ou pour ce qui est du taux de chômage qui diminue depuis 2015. Cependant, du côté des inégalités, certaines continuent de s’accroitre. La pauvreté augmente, les inégalités de revenu et d’éducation perdurent. Notre objectif n’est pas de faire du marketing sur les inégalités, on essaye plutôt de relater les différentes évolutions. En France, ce qui nous frappe le plus, c’est l’hypocrisie des discours. On nous parle d’égalité des chances, de la République… dans tous les domaines on a de beaux discours, mais les politiques ne sont pas à la hauteur. Sur la question du handicap par exemple, l’État ne remplit pas ses obligations. Il y a des évolutions négatives, mais aussi beaucoup de doubles discours qui entrainent des tensions.
Ce rapport est-il financé essentiellement par des dons ?
Oui, principalement. Mais nous avons aussi des soutiens publics. La région Centre par exemple nous soutien depuis longtemps à hauteur de 5 à 10%, ce financement nous a beaucoup aidés, surtout à nos débuts. Mais on est très attentif à être indépendant et à diversifier nos ressources, à ne pas dépendre de gros financements.
Un état des lieux qui sert de « plaidoyer »
Ce rapport dresse un état des lieux de la pauvreté en France, ces données servent-elles de base pour formuler des revendications ?
Notre objectif est d’informer, de donner des informations au public pour qu’il puisse s’ancrer dans des débats avec des points de vue différents. On peut avoir des opinions différentes, mais il faut que ça se fasse à partir du bon constat. Dans l’avant-propos de ce rapport, on prend position, on dénonce des éléments, mais pas dans le corps du rapport, qui est vraiment un constat. On essaye d’être le plus objectif possible, on ne prétend pas avoir toujours raison, mais on veut objectiver la réalité avec des données et des faits. On fait ce travail pour qu’il soit réutilisé pour du plaidoyer. On travaille avec beaucoup d’associations, notamment le Secours Catholique.
Propos recueillis par Jeanne Beaudoin.
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