Communes en Loir-et-Cher : un peu, beaucoup, heureusement…

Avant le 106e Congrès des maires prévu à Paris du 19 au 21 novembre, une campagne baptisée « La France en crise(s) Les communes … Heureusement ! » est actuellement portée par l’Association des maires du département 41, présidée par la Loir-et-Chérienne Catherine Lhéritier (DVD), aux côtés de l’AMF, Association des maires de France, présidée par le Cannois David Lisnard (LR). Pourquoi ce fervent besoin de communiquer ? Catharsis ou effet Pygmalion ?

La Loir-et-Chérienne Catherine Lhéritier et le Cannois David Lisnard tous les deux élus et maires, au sein de l’AMF, ici à Cour-Cheverny, en juin 2023. Photo Émilie Rencien


Par Émilie Rencien.


C’est sans doute à l’instar de la famille, l’amitié et l’amour. Vous possédez cette impression que le sentiment est évident pour l’autre et pourtant, en fait, si personne ne s’exprime, cela peut créer bien des hiatus et non-dits. Alors, puisque communiquer n’est jamais vain, les communes écrivent sur les murs leur utilité incontestable, via une campagne de communication automnale nationale, relayée notamment localement par l’Association des maires de Loir-et-Cher. L’occasion de parler au grand jour au grand public. Et par effet de ricochet, de le rappeler en sus à l’Élysée… L’agilité municipale avait été mise sur le devant de la scène et prouvée lors de la pandémie Covid il y a quatre ans. Depuis, les crises se succédant, et les individualismes croissant, les maires ont jugé intéressant, avant leur grande réunion annuelle parisienne de novembre 2024, de remettre leur église au centre de leurs villages, grâce à un visuel dévoilant une scène de vie bleu-blanc-rouge (diffusé digitalement, à la télévision, etc., sur l’ensemble du territoire hexagonal) plus un hashtag #macommuneheureusement.

Visuel de la campagne de com


L’idée est de sensibiliser et valoriser le rôle de cet échelon communal qui offre encore, face à d’autres pôles politisés et des injonctions contradictoires, une stabilité démocratique. Pourquoi faut-il marteler ce qui paraît tomber sous le sens ? N’est-ce pas déjà connu ? Manque de reconnaissance, crise de vocations ? « La commune demeure le premier échelon d’action et de proximité, les citoyens se tournent toujours vers la mairie au moindre souci, c’est l’interlocuteur qui demeure rassurant », harangue Catherine Lhéritier, présidente de l’Association des maires 41, vice-présidente de l’Association des maires de France, vice-présidente du Conseil départemental de Loir-et-Cher, et elle-même maire de Valloire-sur-Cisse, une commune sise entre Blois et Chaumont-sur-Loire. « Sur ma commune, notre budget est essentiellement composé de dépenses relatives aux services pour la population : cantine, état civil, voirie, construction d’un équipement public… Mais parfois, nos concitoyens pensent que tout leur est dû et ignorent ce que leur commune réalise pour eux au quotidien et quels coûts cela implique. Alors, j’en ai parlé à David (Lisnard) et je trouvais intéressant de réaliser une campagne pour expliciter. Cela me tenait à cœur. Malgré des mandats de plus en plus exigeants et difficiles, les édiles assurent les services publics de proximité (fournir de l’eau potable par exemple), améliorent la qualité de vie des habitants, garantissent la démocratie locale, innovent dans l’écologie, ou encore renforcent le lien social. Sans les 35 000 maires, 524 181 adjoints, conseillers municipaux et intercommunaux, et 1,4 million d’agents territoriaux, rien ne se passerait ».

Qui aime bien châtie bien ?

Les piqûres de rappel ne mangent effectivement pas de pain, et on le répète jamais assez et c’est si gaulois de grogner. Mais la plainte ne mesure pas toujours vraiment la richesse de ce que l’on peut perdre… Cette campagne 2024, positive mais pas si innocente néanmoins, n’est pas sans enjeux imbriqués. Avec une préoccupation sous-jacente, déjà soulevée l’an passé, à savoir regonfler le pouvoir d’agir et l’envie d’engagement des maires, d’ici le prochain scrutin de 2026. D’une année sur l’autre, le moral des troupes élues s’affiche en berne. Entre abstention croissante, tracas administratifs et pécuniaires, faible rémunération, véhémence des oppositions et des citoyens, difficulté à concilier fonction municipale et vie personnelle, violence des réseaux sociaux, manque de reconnaissance de la fonction, agressions verbales et physiques… Les premiers magistrats, éreintés, démissionnent parfois en cours d’exercice, ou ne souhaitent pas postuler à leur propre succession ; vieillissent aussi. « Il s’agit de retrouver du bon sens et le goût du collectif. Et de dire également à nos concitoyens, vous aussi, engagez-vous ! », précise de manière subliminale Catherine Lhéritier qui informe par ailleurs que la proposition de loi sur le statut de l’élu local, mise en pause du fait de la dissolution parlementaire décidée par le président de la République Emmanuel Macron suite aux résultats des élections européennes de juin 2024, est toujours d’actualité.

Il n’y a que des preuves !

Par rapport à 2023, pour les élus, de droite tout au moins, la présence du pilote Michel Barnier dans l’avion ministériel semble qui plus est rassurer et adoucir les discours. Il n’empêche que le répertoire national des élus (RNE) de juillet 2023 estimait le nombre de démissions de maires à environ 1 300 sur les trois dernières années, soit un rythme de 450 démissions annuelles, contre 350 précédemment. Un phénomène de partance touchant de surcroît des milliers de conseillers municipaux. Toutefois, d’après le CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po) et sa mesure du niveau de confiance, les maires restent en tête des élus qui inspirent le plus confiance aux Français. « Inutile aujourd’hui de trouver le coupable, chacun va devoir participer à l’effort financier du pays », ajoute Mme Lhéritier, à l’heure du projet de loi de finances 2025, en martelant : « Les communes vont néanmoins continuer à investir pour le bien-être de leurs concitoyens. Les gens doivent ne pas omettre que les maires sont toujours les premiers sur le pont, leur offrent des services essentiels qui n’existeraient pas sans eux. Comme le disait Simone Veil, l’amour se prouve ». Un peu, beaucoup, pas du tout, à la folie ? Et si finalement, heureusement ! CQFD.


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Commentaires

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  1. Lors de ces congrès des Maires de France,ne s’interroge t on pas sur l’opportunité de fusions de communes, surtout pour celles qui se touchent, là où d’un côté trottoir on est chez l’une, et de l’autre on est chez la voisine, avec notamment des impositions et démarches administratives différentes ? Restera-t-on encore avec 36 000 communes alors qu’en Allemagne on en compte 8 000. N’y a t il pas des gains à faire ?

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