Nouvelle création de la compagnie orléanaise du Théâtre de l’Imprévu, « Bowie comme Bowie » explore jusqu’à la folie les multiples facettes de l’icône rock tout en interrogeant les effets d’une telle obsession. À découvrir au théâtre de La Flèche tous les vendredis à Paris… en attendant une tournée dans notre région ?
Par Olivier Joriot.
Chaque vendredi jusqu’au 13 décembre prochain, le théâtre parisien La Flèche accueille la pièce « Bowie comme Bowie », nouvelle création de la compagnie orléanaise du Théâtre de l’Imprévu. Et ce n’est pas un hasard si la compagnie consacre un spectacle entier à David Bowie, car sa musique a déjà accompagné plusieurs spectacles par le passé, que ce soit dans « Des Rails… » en 2009, « Opération Roméo » en 2011 ou plus récemment dans « La Ménagerie de Verre ».
À l’instar d’Isabelle Adjani en 1983 sur le titre « Beau oui comme Bowie », Hermione Lebeau (incarnée par Laura Segré-Cénat) voue une passion dévorante et destructrice à David Bowie. Un coup de fil imaginaire lui demande de monter une conférence non moins imaginaire sur son chanteur préféré. Hermione est incollable et en connait un rayon sur David Robert Jones. Nous devenons alors son public imaginaire.
Voyage dans la folie Bowie
Le spectacle ne tombe jamais dans l’hagiographie. Le propos est pédagogique, jamais exhaustif et nous découvrons des aspects ou anecdotes méconnus sur l’icône. La mise en scène de Claire Vidoni joue efficacement sur l’alternance de monologues et de dédoublement de personnalité alors qu’une structure ronde sert de scène à Hermione pour se muer en David Robert Jones. La folie d’Hermione est une fenêtre ouverte sur la genèse de Bowie et les liens forts et inspirants qu’il entretenait avec son demi-frère Terry Burns, handicapé psychique et interné. Pendant un peu plus d’une heure, Hermione nous embarque, non sans humour, dans les univers de Major Tom et Ziggy Stardust avec lesquels elle ne fait qu’un.
Elle exalte la capacité de Bowie à se renouveler, se réinventer sans cesse, à bousculer les mœurs avant l’heure sur des thématiques toujours terriblement d’actualité. Tantôt barrée, excessive, envoûtée, empathique, moqueuse ou ridicule, Hermione expose, dissèque, dépasse les limites. Laura Segré-Cénat surfe à merveille sur toutes ces émotions en utilisant le mime, sa voix, des extraits sonores d’interviews, des tenues extravagantes. Nous entrons dans la tête de Bowie en même temps que dans celle très tourmentée et schizophrénique d’Hermione.
Le 10 janvier 2026, on célébrera les 10 ans de la disparition du chanteur. Un musée Bowie sera même ouvert à Londres en 2025. Ce spectacle du Théâtre de l’Imprévu devrait faire escale en région Centre-Val de Loire. Nul doute qu’il saura entretenir le mythe, chatouiller nos âmes « bowiennes », en même temps qu’il nous interrogera sur nos failles, sur la folie et l’influence dévastatrice que peut avoir un artiste sur notre personnalité.
« Bowie comme Bowie »
Tous les vendredis à 19h jusqu’au 13 décembre
Théâtre La Flèche
77 rue de Charonne-Paris 11e
Plus d’infos autrement sur Magcentre :
« Dorphé aux Enfers, Orléans 69 », anatomie d’une rumeur orléanaise