Région : François Bonneau craint un « tsunami financier »

Ce jeudi 7 novembre, le conseil régional examinera l’esquisse de son futur budget 2025. Un exercice périlleux alors que le gouvernement en quête d’économies veut imposer au Centre-Val de Loire une diète de plus de 60 millions d’euros. La région va donc naviguer entre hausse de la fiscalité et grand coup de frein sur les investissements.

Le président de la Région François Bonneau anticipe une année 2025 très délicate sur le plan financier. Photo Magcentre


Par Jean-Jacques Talpin.


L’hiver sera froid. Du moins pour les rapports entre les collectivités territoriales et l’État qui va exiger un grand coup de rabot aux dépenses des régions, départements, communes et intercommunalités accusées de laisser dériver leurs dépenses et donc de laisser filer l’endettement. Le budget de l’État qui sera adopté dans les prochaines semaines (sans doute par la procédure du 49.3) va donc imposer à ces collectivités une véritable cure d’austérité. Pour la région l’exercice est périlleux : elle doit trouver entre 60 et 70 millions d’euros de « non dépenses ». « Avec toutes les autres collectivités, explique le président du conseil régional, nous allons nous battre contre ces diktats. Nous n’allons rien lâcher. Mais pas question non plus de laisser faire contre ces réductions de crédits injustes et injustifiées ». Un ratio financier est d’ailleurs parlant : on demande aux régions de ne pas dépasser 9 ans de capacité de désendettement. Aujourd’hui le Centre-Val de Loire affichait un excellent ratio de 5 ans. Pour absorber les 60 millions gelés par l’État, cette capacité passerait à 15 ans.

La Région fera des efforts…

D’autres ratios risquent de rentrer dans le rouge comme l’autofinancement qui passera de 220 millions cette année à 160 M€ l’an prochain. Insupportable avec des emprunts et donc une dette en roue libre alors qu’elle dépasse déjà le milliard d’euros. « Pas question d’une fuite en avant ni de surendettement, rassure François Bonneau. Ce serait irresponsable ! » Tout en dénonçant la fin de l’autonomie financière des collectivités, François Bonneau craint un « tsunami financier ». « Les collectivités représentent 70% de l’investissement, insiste-t-il. Si l’on investit moins, alors il y a un vrai risque de récession économique ».

Alors que faire ? Les services de la région ont travaillé sur de multiples pistes pour dégager des marges de manœuvre sur les aides aux entreprises, les lycées, le dispositif Cap’Asso entre autres. Plusieurs propositions devraient donc être inscrites dans le budget 2025 : remise en cause de la gratuité totale des voyages TER pour les jeunes (hors le week-end, ce qui sera maintenu), hausse de la fiscalité sur les cartes grises avec un coût porté à son maximum (60 euros par cheval fiscal).

… mais pas à n’importe quel prix !

Les régions revendiquent également la création d’un nouvel impôt : le versement transport (qui existe déjà dans les intercommunalités) pour financer ses investissements dans la mobilité. « Nous allons faire des efforts, poursuit François Bonneau. Mais pas à n’importe quel prix, le quoi qu’il en coûte à la charge des collectivités je ne l’accepte pas ! Pas question d’être des boucs émissaires ! ».

D’autres pistes d’économies ont été examinées. Le Ceser de son côté a avancé 10 propositions notamment pour que la Région priorise mieux ses actions en se recentrant sur ses compétences obligatoires (formation, transports) quitte à en abandonner certaines, facultatives, notamment dans le domaine de la santé. « Pas question, a répondu le président régional, alors que nous devons assumer la bonne marche des services publics locaux, supporter les territoires et populations fragiles, soutenir les entreprises et l’emploi ».

Se préparer à d’autres années difficiles

Refus donc de rogner sur le financement des maisons de santé ou sur le salariat de médecins dans certains territoires. Le budget régional 2025 sera donc voté avant la fin de l’année, contrairement au Ceser qui souhaitait que le vote soit repoussé en février après l’adoption du budget de l’État. « De toute façon, le budget de l’État ne pourra pas être pire que ce qui a déjà été annoncé. Il faut donc se préparer à une année difficile… Et cela ne sera pas la dernière… », ironise François Bonneau.


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Commentaires

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  1. Le Conseil régional a des marges de manoeuvre, réduites certes, mais il peut limiter ses dépenses en frais de communication, subventions allouées à des communautés de communes, soutien à des associations culturelles et sportives. Il doit garder le cap pour la politique des transports et le volet concernant les lycées.

  2. La priorité, à mon sens, doit aller vers ce qui réduit les inégalités sociales.
    Mais il est regrettable que les décisions soient prises dans le huis clos du Conseil. Les citoyens paraissent exclus du débat.

  3. Le conseil régional peut aussi mettre les maisons départementales de la région dans les chambres consulaires ce qui ferait des économies conséquentes..
    Il en est de même des agences nouvellement créées en doublon avec l’Etat..

  4. Je ne vois pas pourquoi vous parlez de huis clos puisqu au contraire c’est un débat public sur les orientations budgétaires …
    Le budget ne sera adopté que fin décembre

  5. Le débat apparaît surtout limité au cercle des initiés. La gravité de la situation justifierait d’une adresse à la population et d’une action visant à mettre la pression sur le gouvernement.

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