Concours de piano d’Orléans : une finale en apothéose

Après les épreuves éliminatoires, la finale du Concours International s’est déroulée ce samedi 2 novembre au théâtre d’Orléans avec trois finalistes de très haut niveau : Misora Ozaki (Japon) Svetlna Andreeva (Ukraine) et Leo Grevisser (Afrique du Sud). Un grand moment avec des pianistes époustouflants.

Finale du Concours de piano d’Orléans avec l’ensemble Intercontemporain dirigé par Léo Margue. Photo Patrick Nachbaur

Par Anne-Cécile Chapuis

Le public était au rendez-vous pour la dernière épreuve qui devait départager les trois finalistes du prestigieux concours orléanais. Une tâche ardue vu les prestations réalisées par les trois pianistes hors pair qui se sont succédé sur la scène de la salle Touchard, où chacun fait montre de son talent et de sa personnalité.

Un riche programme contemporain

 Les trois pianistes ont interprété le premier mouvement de Vortex Temporum de Gérard Grisey, accompagnés par l’ensemble Intercontemporain (flute, clarinettes violon, alto, violoncelle) dirigé par Léo Margue. Une pièce qui requiert une grande précision rythmique, en osmose avec les cordes et bois en première partie puis dans un grand solo ensuite. Chacun contribue à rendre la partition accessible, dévoilant les subtilités du compositeur jusqu’à l’accord final qui met tout le piano en grande résonance. D’emblée l’on perçoit le talent des interprètes mais aussi le tempérament de chacun dans un jeu personnalisé.

Après un court entracte, les trois pianistes offrent leur programme personnel choisi parmi les périodes imposées par le règlement du concours. Et c’est un véritable florilège qui secoue le théâtre d’Orléans, aux accents les plus osés d’un répertoire d’aujourd’hui qui gagne à être connu.

Avec Paul Dukas (sonate en mi b mineur) Misora Ozaki offre la fluidité de son jeu, avec une main droite qui danse sur les touches pour en offrir un son quasiment continu. Puis elle nous fait découvrir Makrokosmos de George Crumb, empli d’effets de résonances avant de terminer avec Cailloux dans l’eau de Tristan Murall, une pièce pleine de fraicheur qui porte bien son nom.

Svetlana Andreeva a choisi la même pièce de Paul Dukas, qu’elle maitrise parfaitement avec brio et élégance, avant d’offrir une curieuse pièce pleine de contrastes de Luigi Nono sofferte onde serene, où elle dialogue avec une pièce préenregistrée, adroitement enchainée avec Efterklang de Grieg, interprétée avec finesse et où le silence a toute sa place.

Svetlana Andreeva, lauréate du 16e concours d’Orléans. Photo Patrick Nachbaur

Leo Gevisser termine la prestation avec Cerdana de Déodat de Séverac, un moment empli de douceur et de rêve, puis emporte le public avec le très beau Rudepêma de Villa-Lobos, une pièce d’envergure, construite sur des ostinatos et qui fait voyager à travers une palette de styles et d’effets, où le jeune pianiste montre sa fougue et son talent.

Un palmarès prestigieux

Difficile de départager ces trois virtuoses, et pourtant le jury s’y est attelé, décernant le premier prix (Fondation ORCOM) à Svetlana Andreeva, le second prix (Caisse des dépôts) à Léo Gevisser et le troisième prix (Chevillon-Bonnaud) à Misora Ozaki.

Le public, lui, a voté pour Leo Gevisser, avec sa pièce de Villa-Lobos qui a manifestement rallié tous les suffrages.

Le 1er prix décerné à Svetlana Andreeva par (de G à d) Bruno Rouillé (directeur ORCOM) Michel Martin (président ORCOM) Wilhem Latchoumia( président du jury) Photo Patrick Nachbaur

Une soirée de haut niveau et un concours réputé

Les trois musiciens ont offert une soirée de très haut niveau, tant par la découverte d’œuvres contemporaines qui méritent d’être portées à la connaissance, que par leur jeu virtuose impressionnant et, par-dessus tout, par la musicalité qui émane de ces trois jeunes concertistes, chacun dans son style.

Le concours international se tient à Orléans depuis 30 ans.  « Une institution » comme le dénomme sa directrice artistique Isabella Vasilotta qui présentait la 16e édition du concours, soulignant que plusieurs œuvres du répertoire ont été enregistrées par la fondatrice Françoise Thinat. Cette dernière, présente dans la salle, ne manquera pas de remercier les maires successifs qui ont soutenu le festival (Jean-Pierre Sueur pour la création du concours et Serge Grouard pour celle de Brins d’herbe) de souligner l’engagement des organisateurs avant de féliciter les pianistes.

Françoise Thinat, fondatrice du concours, et William Chancerelle, adjoint à la culture Ville d’Orléans. photo AC Chapuis

Des félicitations hautement méritées pour des artistes qu’OCI peut être fier d’avoir accueilli. Le piano a encore écrit de belles pages sur les scènes orléanaises, avec la résonance et les prolongements internationaux qui portent très haut le Concours International de Piano d’Orléans.

Pour en savoir plus et découvrir le palmarès complet :

https://oci-piano.com/

Pour aller plus loin dans Magcentre :

http://Concours de piano d’Orléans – le jury désigne sur le fil six demi-finalistes

http://Une fête de la musique qui décoiffe au Co’met Orléans

 

 

 

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