Le collectif antifasciste d’Orléans a accueilli cette semaine au Chafouin, bar associatif du 108 rue de Bourgogne, Ricardo Parreira, journaliste indépendant et spécialiste des symboles de l’extrême droite et de la police. Celui-ci, face à une salle comble, a expliqué comment, à partir de symboles, l’extrême droite se reconnait et recrute.
Par Jeanne Beaudoin.
Conscients de la puissance des symboles, les groupuscules d’extrême droite les utilisent massivement pour revendiquer leur idéologie, se reconnaitre, mais aussi recruter. Ces signes sont représentés dans l’espace public, dans la rue et sur internet. Les plus connus sont le salut nazi, mais il en existe des dizaines, comme le signe de la main qui signifie “white power“. Ricardo Parreira a créé un site internet, Indextreme, afin de les répertorier et médiatiser ces stratégies dans l’objectif de les dénoncer. Il est très important pour lui de les pointer car « le premier motif de l’extrême droite et du vote RN, c’est le racisme, la haine de l’autre », souligne Ricardo Parreira lors de cette discussion.
L’extrême droite investit des endroits stratégiques pour se retrouver. Parmi ces lieux, on peut citer des équipes de foot, des combats de MMA, mais aussi des courants musicaux comme le RAC, Rock Anti Communiste ou NSBM, National Socialist Black Metal. Des concerts, des matchs et des combats sont organisés, permettant à ces groupes de se financer et de recruter massivement. Ces évènements ont ainsi récemment été organisés partout en France, même dans des mairies. « Il y a une grande complaisance avec l’extrême droite en France, on fait semblant de ne pas savoir, on laisse faire », affirme Ricardo Parreira. Cette complaisance renforce le pouvoir des groupes d’extrême droite, à tel point qu’en mai dernier à Paris, « 1 200 nazillons ont manifesté dans les rues de Paris avec des croix celtiques sans problème ».
Une police complice ?
Au-delà du fait d’être complice, l’extrême droite est également surreprésentée dans la Police et dans l’Armée. Ricardo Parreira assure que de nombreux policiers portent des tatouages et accessoires fascistes sans que cela pose problème. Des compagnies entières en sont pourvues. Le problème est systémique. Il a écrit un article particulièrement intéressant et détaillé à ce propos. Un policier a d’ailleurs été vu en mars avec le tatouage d’un soleil noir, symbole ouvertement nazi créé par les SS en 1939 en Allemagne. Bien que la mairie ait assuré s’occuper de l’affaire, d’autres affirment qu’elle a été étouffée. À Orléans, si des groupuscules d’extrême droite existent comme Action Française ou la Cocarde étudiante, ils restent très peu actifs. Cependant, le RN l’est.
Un risque à prendre pour Ricardo Parreira
Ricardo Parreira a ainsi organisé une discussion interactive au Chafouin pour alerter sur les dangers de la montée en puissance de l’extrême droite. D’autant que celle-ci utilise aussi des symboles pour se dédiaboliser. Ces groupes ont également repris l’image de Jeanne D’Arc, la croix de Lorraine, la croix celtique, le drapeau breton, le sacré-cœur ou encore le drapeau français. Ces symboliques sont d’autant plus dangereuses qu’elles peuvent être utilisées par tous. Par ailleurs, pour amener la confusion, ces groupes utilisent des symboliques revendiquées par la gauche. On peut ici citer le célèbre « ACAB », All Cops Are Bastards, qui est transformé en All Cops Are Brothers, ou plus généralement des marques de mode, comme Dr Martens, The North Face et bien d’autres. Reprendre ces codes leur permet de diffuser des messages de haines, racistes, homophobes, qui puissent atteindre un plus large public.
Ricardo Parreira a ainsi réalisé des Infographies, comme celle présentée ci-dessous, afin que ces symboliques puissent être dénoncées. Celui-ci témoigne d’ailleurs être régulièrement la cible d’attaques de cyberharcèlement par l’extrême droite sur les réseaux sociaux.
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