La Finlande vue par huit circassiennes : ça déménage !

Le collectif Mad, Galapiat Cirque s’est installé pour trois jours à la Scène nationale d’Orléans pour jouer Mad in Finland. En riant de leur pays à travers elles-mêmes, huit femmes circassiennes, aussi agiles que clowns, décrivent des pratiques qui les amusent et les étonnent. Leur énergie emporte tout sur leur passage. C’est fou et ça fait du bien.

Sept circassiennes du collectif Mad Galapiat Cirque. Photo Sébastien Armengol.

Par Bernard Cassat.

D’abord, comme il se doit, le lever des couleurs. Sur le parvis du théâtre, devant la caravane-sauna, et en chantant l’hymne national. Ensuite, le public entre dans la salle et le spectacle se continue.

Car il s’agit bien de dire la Finlande. Elles sont huit femmes, huit Finlandaises qui se moquent d’elles-mêmes, donc à travers elles, de leur pays, de ses habitudes, de ses coutumes. Mais elles le font avec tellement d’humour ! Dans le choix des sujets traités comme dans leurs gestes, leurs attitudes, leurs clowneries.

Photo Sébastien Armengol.

Ça commence par les cheveux, les longs cheveux blonds traditionnels des femmes du nord. L’une d’elle attache sa tresse à un fil et se fait soulever, marchant dans les airs, juste suspendue à ses cheveux. Ça devient surréaliste, avec ses consœurs qui chantent en même temps des comptines du nord, coiffées de bois de cerfs.

Et puis la neige, qu’elles recréent sur scène. Et le sport, qui semble une passion finlandaise. Et l’alcool, qui réchauffe les corps dans ces contrées glacées. Les deux sont réunis dans une maison sans mur. Une femme boit, l’autre fait du sport, du yoga, puis fait danser des ballons sur ses pieds, dans ses jambes, jongle avec les pieds et les mains avec une incroyable agilité. Pendant que sa copine se couche sous son lit pour cuver.

Une danse rituelle. Photo Sébastien Armengol.

Et puis il y a le ski, évidemment. Elles inventent le ski collectif pour aller à la chasse, c’est dangereux mais extrêmement drôle. Plus tard viendra l’heure du concours de trapèze. Avec les coachs dictatoriaux et les trapézistes douées, et aussi les supportrices réparties dans la salle et qui hurlent comme dans un stade. Elles ne pouvaient pas oublier les téléphones portables. Après en avoir décapité un sur billot, elles jouent au hockey sur glace avec des Nokia en guise de palets.

Tout cela entrecoupé de chants, d’une musique jouée sur scène. Il y a même un bal finlandais, comme l’annonce la présentatrice. Des tangos chantés dans cette langue rauque. Et ensuite, la chanteuse se lance dans un Ne me quitte pas en finlandais, pendant qu’une fildefériste, en chaussures à talon, commence son numéro de haute volée.

De vrais numéros de clowns. Photo Sébastien Armengol.

C’est fou et terriblement réjouissant. Elles ont une énergie communicative, et depuis une douzaine d’années que le spectacle tourne, il s’est peaufiné jusque dans ses moindres détails. Tout est impeccable, touche juste là où il faut, au moment prévu. Même la parodie des bûcheronnes est parfaite : pas une ne loupe sa bûche. Elles ont sur scène une inventivité constante et leurs prouesses de cirque, trapèze, tissus aériens ou fil de fer, sont de haut niveau. Même l’orchestre qu’elles forment à plusieurs moments est intéressant.

Et surtout les tableaux qu’elles construisent sont terriblement efficaces. Comme ce hell fest très nordique, avec trois chanteuses-danseuses déchainées qui hurlent en faisant tourner leur lourde chevelure. C’est bref, mais tellement évocateur !

La différence de langue n’était pas importante, il y avait proximité. C’est fou mais ça fonctionne si bien que le public, petits comme grands, a marché. Et a adoré.

Plus d’infos autrement sur Magcentre :

Scène nationale d’Orléans : Radio Maniok… reçu 5 sur 5