Le département du Loiret anticipe une diète forcée à l’approche de 2025

Le Conseil départemental du Loiret s’alarme suite aux économies imposées par le gouvernement. Entre coupes budgétaires, baisse de subventions et hausse des tarifs de cantine, la collectivité se retrouve face à de difficiles arbitrages pour 2025.

Conseil départemental du Loiret
Conseil départemental du Loiret cl GP


Par Mael Petit.


Le Conseil départemental du Loiret fait grise mine. La collectivité s’inquiète de l’asphyxie progressive des départements dont elle n’est pas exclue, comme elle l’avait déjà exprimé la semaine dernière lors du “G6 du Centre-Val de Loire”, alertant sur une situation financière déjà fragile. En cause, la défausse de l’État sur les collectivités territoriales suite au dérapage des finances publiques. En annonçant une participation à l’effort budgétaire, Michel Barnier a perdu quelques points dans le “sympathomètre” du président Gaudet. Auteur pourtant d’une tribune louant le choix de nommer l’ancien commissaire européen à Matignon et la composition du nouveau gouvernement, le président du Conseil départemental voulait donner sa chance aux nouveaux ministres, annonçant même « adhérer au cap » fixé par Barnier, tout en souhaitant l’accompagner dans cet élan national. Quelques semaines plus tard, avec la découverte du projet de loi de finances pour 2025 qui réclame le concours des collectivités à hauteur de 5 milliards d’euros dans l’effort budgétaire, Marc Gaudet se retrouve maintenant fort dépourvu une fois l’automne bien installé. « L’impact sur le Loiret des différentes mesures envisagées pourrait s’élever à plus de 20 millions d’euros dès l’an prochain », chiffre-t-il. Autant dire qu’il faudra se montrer rigoureux pour construire le budget 2025.

Un budget sous pression

Et même endosser le costume d’équilibriste tant du côté des finances que dans le poids des mots. Car si l’opposition ne manque pas de souligner les différentes prises de position du président Gaudet, ce dernier doit aussi composer avec une majorité plus ou moins conciliante vis-à-vis du nouveau Premier ministre, au sein de laquelle certains élus LR qualifient l’effort demandé par Michel Barnier de « compréhensible et nécessaire ». Au regard de la conjoncture dégradée, pas facile de rebondir pleinement sur ces propos alors que les départements se retrouvent désormais dans une impasse. « Nos marges de manœuvre sont quasiment inexistantes car les départements ne possèdent plus de levier fiscal », déplore le président du Loiret. Notamment depuis la suppression de la taxe d’habitation sur laquelle les départements disposaient d’un pouvoir de taux. Sans oublier la crise de l’immobilier, qui court depuis quelques années et a entrainé une chute importante des droits de mutation à titre onéreux (DMTO), l’une des principales recettes des départements. Et ce n’est pas le léger frémissement de reprise observé en 2024 qui changera la donne à court terme.

Alors, à l’heure des choix pour affronter 2025, le Conseil départemental va devoir logiquement réduire la voilure côté investissements après de gros projets récemment, comme la nouvelle cité loirétaine ou la déviation de Jargeau. Des économies seront également réalisées sur certaines dépenses, telles que l’entretien des bâtiments ou de la voirie – dont le budget sera réduit de moitié – mais aussi sur les aides accordées aux communes pour leurs investissements, qui vont diminuer de 20 %, soit 2 millions d’euros. La soupe à la grimace aussi pour le tissu associatif qui ne sera pas épargné par cette cure d’austérité avec une réduction des subventions, annonce le département.

Hausse de la cantine

Pendant ce temps, les dépenses de fonctionnement liées à la protection de l’enfance continuent de s’envoler, en raison de la hausse d’enfants pris en charge et l’augmentation du coût de placement. Face à cette situation, l’équation devient de plus en plus complexe pour le Loiret, qui a décidé « d’ajuster » le prix du repas dans les collèges, passant de 3.45€ à 3.70€ (le coût de revient moyen d’un repas se situe autour de 8 euros) après deux ans de gel des tarifs rappelle Florence Galzin, vice-présidente en charge de l’Enfance, l’Éducation et la Jeunesse. « Une augmentation n’est jamais agréable pour personne mais l’état des finances le justifie », défend-elle tout en rappelant que cette hausse représente la moitié du taux d’inflation sur trois ans. Insuffisant pour l’opposition qui a une nouvelle fois tenté de caser l’idée d’une tarification sociale de la restauration scolaire, prenant exemple sur les départements de la Loire-Atlantique et du Val-de-Marne. « Le département jouerait pleinement son rôle de bouclier social s’il garantissait des repas selon le niveau de revenu », souligne le conseiller départemental Mathieu Gallois (PCF), pointant du doigt « la déconnexion » de l’exécutif avec la réalité quotidienne des familles. Une proposition balayée, comme chaque année, par une majorité freinant des quatre fers sur le sujet, arguant des réticences des secrétaires généraux d’établissements sur la mise en place ainsi que l’impact financier sur la collectivité. Pas plus de considération à l’égard d’une expérimentation au sein de quelques établissements. Reste à faire appel aux bourses et fonds sociaux des collèges pour les familles les plus précaires, dispositifs encore trop peu sollicités selon le département.

Premier aperçu de 2025, ces premières décisions en appelleront forcément d’autres en fonction de la version définitive du PLF qui sera adoptée au niveau parlementaire ces prochaines semaines. D’autres débats nécessaires qui déboucheront sur le vote du budget du département, décalé en mars prochain.


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